Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel étudiant et rêveur incorrigible, s’apprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence : sa copine se lasse de ses indécisions, son père lui coupe les vivres et un psychologue le déclare « émotionnellement instable ». Si seulement Niko pouvait se réconforter avec une bonne tasse de café ! Mais là encore, le sort s'acharne contre lui...
Pour son premier long métrage Jan Ole Gester (Un ami à moi) a décidé de suivre les mésaventures douces amères d’un jeune homme qui vit certainement la pire journée de sa vie. Comme un hommage à la nouvelle vague, le film se veut plus contemplatif et en même temps plus participatif que n’importe quel autre film de ces dernières années. A commencer par l(utilisation du noir et blanc qui confère au film, une certaine distance, puis à l’utilisation de silences pour mieux appuyer les répliques qui se succèdent avec beaucoup de précision comme si le réalisateur avait procédé à un travail d’orfèvre.
Tout est fait dans ce long métrage pour inciter le spectateur soit à rester en retrait et contempler simplement ce qui arrive à notre héros et en même temps pour l’amener à s’identifier à lui, notamment à travers des personnages que Nikko rencontrent tout au long de sa journée : Le voisin dépressif, l’ancienne camarade de classe névrosée, le vieil homme saoul au passé tourmenté, etc…. Le réalisateur a su apprendre de ses pairs notamment lorsqu’il était assistant sur le film « Goodbye Lenin » qui signa le renouveau à l’international du cinéma allemand.
Sa mise en scène est minutieuse précise, on y voit du Godard et du Truffaut, dans les héroïnes chez le premier et dans la manière de peindre les réflexions d’un jeune adulte chez le deuxième. Nikko est un jeune homme en pleine mutation, qui va devoir apprendre de ses rencontres pour ensuite accepter de se dessiner enfin un destin, pour trouver sa place dans la vie. Et pour cela Jan Ole Gester n’utilise pas les mots, mais au contraires les silences gênés, les situations cocasses comme celle de ne jamais permettre au héros de boire un café, lorsqu’il le souhaite, ou alors de le confronter à des personnages qu’il prend d’abord de haut pour ensuite se rendre compte que sa propre dérive n’est peut-être que le fruit de son manque de recul.
En conclusion « Oh Boy » est un film court qui se lit comme un hommage à la nouvelle vague et fut salué par les jurys de nombreux festivals, à juste titre d’ailleurs, tant il surprend par la maitrise des ambiances et des dialogues de son réalisateur, mais également par la qualité de l’interprétation de son comédien principal. Un film à voir !
La piste Dolby Digital en VO fait un travail remarquable sur les dialogues, au point que l’Allemand n’est jamais paru aussi beau et envoutant que dans ce film. L’éditeur a privilégié le fait de ne laisser que la VO disponible pour mieux profiter de la qualité de l’interprétation, une très bonne qui permet au spectateur d’entendre la mélodie allemande.