L'histoire vraie de Barry Seal, un pilote arnaqueur recruté de manière inattendue par la CIA afin de mener à bien l'une des plus grosses opérations secrètes de l'histoire des Etats-Unis.
Avant toute chose il faut dire que l’histoire de « Barry Seal : American Trafic » est une histoire vraie dont le scandale éclata dans les années 80 quasiment en même temps que l’affaire développée dans le film de Ben Affleck « Argo ». Cette histoire rocambolesque, a pour héros un pilote d’avion, qui va se transformer, grâce à une capacité verbale inouïe, en agent de la CIA, de la DEA, et en même temps en pilote œuvrant pour le trafic de cocaïne du cartel de Medellín. Inutile de dire bien sûr que ce sujet ne pouvait qu’à un moment donné intéresser les scénaristes d’Hollywood en manque d’inspiration, pour pouvoir une nouvelle fois broder toute une histoire autour du trafic de drogue dont les États-Unis sont devenus l’un des symboles de la lutte.
Et ce qui dénote dès le départ de toutes les grosses productions tournant autour de Tom Cruise, c’est que le scénario a décidé de se placer du point de vue du héros, avec une voix off qui vient raconter avec un certain humour, chacune des étapes qui vont amener le personnage, d’abord à intégrer la CIA, puis à être recruté par le cartel de Medellín pour mettre en place un système de distribution de la drogue, et enfin par la DEA, pour espionner ce même cartel, qui pourrait donner des informations importantes sur l’existence de rebelles pouvant jouer un rôle capital dans la situation géopolitique du pays et du continent. Du coup, forcément une fois la surprise de ton passé, on se laisse entraîner dans une histoire surprenante, à se demander si réellement l’affaire exista un jour, tout en se disant que, pour une fois, le personnage interprété par l’acteur à l’ego surdimensionné, n’est pas quelqu’un qui va sauver le monde, mais plutôt quelqu’un de particulièrement opportuniste et doué pour faire entendre sa parole et ainsi retourner les situations.
Forcément, pour donner corps à ce scénario rocambolesque et lui donner une énergie et une profondeur qui puisse le faire sortir d’une énième description du cartel de Medellín, et de ces Américains qui participèrent à asseoir son pouvoir, il fallait un metteur en scène chevronné et particulièrement inspiré à l’image de Doug Liman. Et le réalisateur de « La mémoire dans la peau », apporte ici une mise en scène particulièrement dynamique, qui colle totalement à l’aspect rocambolesque de l’histoire, et parvient, sans trop d’efforts à semer le doute dans l’esprit du spectateur pour évidemment, à la fin lors du générique, associer les images du vrai Barry Seal à celles du film. Associé à un montage énergique, Doug Lyman nous entraîne avec des plans particulièrement bien pensés notamment lorsqu’il s’agit de montrer l’organisation autour du trafic de drogue et des photos prises pour la CIA, dans une mise en scène particulièrement efficace qui ne se donne pas beaucoup de pose pour mieux nous faire comprendre dans quelle course effrénée Barry Seal s’est lancé. Mais sans pour autant manquer d’intelligence, le réalisateur parvient également à laisser poindre un message autour du jeu dangereux auquel s’adonnent, de manière régulière, les gouvernements qu’ils soient américains ou européens en utilisant des anonymes pour tenter d’obtenir des informations et manipuler ainsi les états en faveur de leurs besoins stratégiques.
Et je ne pensais jamais avoir à dire cela, mais Tom Cruise est particulièrement convaincant dans ce personnage ni vraiment gentil, ni réellement méchant, mais simplement un opportuniste qui a besoin à la fois de faire vivre sa famille et qui prend goût à l’opulence d’argent. Ce qui est intéressant dans la composition de ce personnage et la manière dont Tom Cruise nous le fait redécouvrir, c’est qu'il semble totalement dépassé, à la fois par les événements extérieurs et à la fois par les événements intérieurs. Il suffit de voir la scène autour de l’argent qui coule à foison, et la façon dont l’acteur joue de manière assez aisée, il faut bien le reconnaître, un personnage sous stress permanent qui, a chaque fois, se retrouve dans une situation qui en engendre une autre et ne semble jamais vouloir s’arrêter. Mais on le savait, Tom Cruise n’est jamais aussi bon que lorsqu’il sort de son petit confort de films à gros succès le mettant en valeur et en lumière en permanence.
Malheureusement le public ne semble pas avoir partagé ce bonheur que nous pouvons avoir eu en regardant ce film, car ce dernier est l’un des plus gros échecs de l’acteur. Pourtant cela n’en demeure pas moins l’une des plus belles prestations de Tom Cruise, et il n’y a pas long à penser que « Barry Seal : American Traffic » saura trouver son public à travers les autres canaux de distribution.
Un documentaire qui pourrait faire servir de
Making of en revenant sur l’histoire de Barry Seal à travers le travail de l’équipe pour faire naitre cette nouvelle aventure qui pourrait se classer dans la catégorie des films de Gangster. Bon on notera quand même toujours ce gout prononcé pour le mise en valeur de Tom Cruise.
«
Conversation entre Doug Liman et Tom Cruise », nous permet de voir le réalisateur disserter autour du film et surtout de l’histoire avec le côté absolument extraordinaire de la manière dont le personnage a passé les étapes qui l’ont mené durant toute son existence.
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Dans les ailes » est un bonus supplémentaire, mené par la star, inévitablement qui met en lumière l’ensemble du casting et la manière dont le réalisateur a filmé son histoire. Pour ceux qui voulaient un peu de retenu ce n’est pas qu’on le trouvera.
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Tourner Barry Seal : American Traffic » est une nouvelle partie du making of qui revient un peu plus sur le challenge technique et artistique du film.
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Voler plus haut » est un focus sur ce qui faisait la particularité de Barry Seal : Un côté un peu casse-cou mais un sens évident de la navigation aérienne.
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Le Vrai Barry Seal » enfin le reportage sur la vrai Barry Seal, succession de photos et surtout intervention du fils de Barry Seal qui revient sur son père et en parle avec beaucoup de sensibilité.
Enfin
des Scènes Coupées.