Béatrice célèbre avec les siens la sortie de son livre, dans lequel elle raconte l’accident de son mari qui a bouleversé leur vie. Frédéric a perdu la vue et ne peut s’empêcher de dire tout ce qu’il pense : c’est devenu un homme imprévisible et sans filtre bien que toujours aussi drôle et séduisant. Mais ce livre, véritable hymne-à-la-vie, va déclencher un joyeux pugilat car même si Béatrice a changé les noms, chacun de ses proches cherche à retrouver son personnage. Le groupe d’amis et la famille tanguent… mais certaines tempêtes sont salutaires.
Il y a des films dont on aimerait dire du bien, mais dont le résultat est, au final, beaucoup trop léger pour être convaincant. C'est exactement le cas de « Chamboultout » qui se révèle être une comédie, sincère, peut-être, mais dont le scénario est beaucoup trop prévisible pour être captivant. A commencer par son intrigue principale : une femme qui vient d’écrire un livre racontant sa vie après que son mari soit devenu aveugle suite à un accident. Prévisible, parce que l'on imagine dès les premières minutes que les amis vont vouloir se retrouver dans l'histoire, qu'ils ne vont pas forcément bien vivre, la façon dont ils seront décrits. Et que tout cela fera naître ou renaître des tensions trop longtemps restées enfouies. Alors le réalisateur va vouloir y mettre des ingrédients plus amusants mais qui n'ont absolument aucun intérêt scénaristique, comme le fait que Fred, le mari aveugle soit obsédé par la nourriture, ou qu'il parle sans filtre rendant gênantes bon nombre de situations.
Et puis, il y a la mise en scène d'Éric Lavaine, qui nous avait pourtant réjouis avec « Incognito », même si l’œuvre n’était pas parfaite. Ici, nous pouvons nous réjouir que le réalisateur face moins dans le balourd comme avec « Bienvenue à bord » ou dans l'inégale « Retour chez ma mère », Ici, Eric Lavaine est plus proche de « Barbecue », avec une œuvre chorale mais dont on ne sait pas s'il faut rire ou s'émouvoir. Un film qui rate souvent sa cible par des personnages trop faciles, trop léger. Lavaine manque de finesse et de subtilité pour réellement créer l'empathie. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : le manque d'empathie ! Alors que le film devrait clairement jouer cette carte-là, la mise en scène et le scénario n'arrivent jamais à toucher au but. Le personnage de Fred irrite plus qu'il n'émeut, celui de Beatrice sa femme est transparent et les autres personnages ne sont que des caricatures improbables et insupportables.
Pourtant la distribution est clairement choisie pour son capital sympathie, à commencer par Alexandra Lamy (Retour chez ma Mère) qui peaufine chaque fois son jeu mais reste tout de même enfermée dans un personnage qu'elle reproduit de film en film sans aucune prise de risque. Face à elle, José Garcia (La vérité si je mens) offre un jeu sans aucune nuance, si ce n'est vers la fin. Mais l'absence de réelle performance et peut-être même de sincérité font de son personnage l'exact opposé de ce qu'il aurait du l’être. Le reste de la distribution lorsqu'elle ne reste pas dans sa zone de confort est complètement hors sujet à l'instar d'Anne Marivin (Bienvenue chez les ch’tis) que l'on a connu dans de meilleures prestations.
En conclusion « Chamboultout » d'Éric Lavaine se révèle un film inégal sinon décevant par un manque d'empathie évident, une mise en scène qui manque sa cible et une distribution fort peu convaincante.