Aaron a consacré sa vie à élever son fils autiste Uri. Ensemble, ils vivent dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri est à présent un jeune adulte, avec de nouveaux désirs et de nouveaux besoins. Alors qu’ils sont en route vers l’institut spécialisé qui doit accueillir Uri, Aaron décide de s’enfuir avec lui, convaincu que son fils n’est pas prêt pour cette séparation.
Basé sur le scénario de Dana Idisis, lui-même inspiré de la relation que son père avait avec son frère autiste, le nouveau film du réalisateur Israélien Nir Bergman (Broken Wings) aborde le sujet de l’autisme sous un angle assez inédit, celui de l’âge, du changement physique et physiologique qui amène de nouvelles sources de problèmes. Notamment les besoins naturels que l’autisme peut empêcher de trouver une voix rassurante pour celui ou celle qui en est atteint comme pour l’entourage pas forcément préparé à un tel changement. Au-delà d’un simple focus sur ces changements, c’est avant l’occasion de parler de cette relation incroyablement puissante qui unis ce père Aaron et son fils Uri.
Et la subtilité avec laquelle est écrit le scénario force le respect, car, ici, rien n’est posé pour un effet de voyeurisme, les changements qui s’opèrent chez Uri Arrivent discrètement à travers des regards, des positions, mais jamais à travers des jugements ou des caricatures qui pourraient facilement pervertir le propos du scénario. Dana Idisis a pris le temps d’observer son père et son frère, elle a su percevoir dans leurs relations tout cet amour, ce lien qui les tiens et cette dévotion chez l’un qui le rend indispensable chez l’autre. De la même manière, le scénario ne va pas porter un jugement inquisiteur sur la manière dont les autres réagissent à la présence d’Uri, var il ne peut y avoir, les gens réagissent à leur manière bonne ou mauvaise mais le plus souvent par méconnaissance de ce Handicap.
Et c’est d’ailleurs la réalisation de Nir Bergman qui va donner tout son sens à l’ensemble en mettant en lumière la détresse de l’un face aux peurs de l’autre. Par des gestes, des attitudes, des attentions également, le metteur en scène ne cherche pas non plus à en mettre pleine la vue, mais préfère le non-dit, le discret, comme ces caresses qui viennent illustrer l’amour qui lie ce père avec son fils, ou les regards comme dans la scène où Uri, prit de panique, se met à hurler et devient incontrôlable sur le quai. La voix du père, ses gestes et ses mots ne sont jamais agressif, il reste constant et le regard inquisiteur des passants griffe comme des lames, mais le père est là pour protéger son fils et il prend conscience, à ce moment-là de la détresse de ce dernier autant que de la difficulté, bien plus grandissante qu’auparavant qui se fait état sur ce quai de gare. Jamais présenté comme un père modère, Aaron souffre également de son aveuglement et ses relations avec son ex-femme n’en sont que plus compliqués.
Pour conclure, il est important de parler de la distribution qui se laisse complètement posséder par leur personnage (Aaron) et (Uri) qui incarnent respectivement le père et le fils. Le premier impose une prestation tout en souplesse, en tendresse et douceur, lorsque le second, au contraire, se laisse submerger par les émotions de son personnage. Lui qui a vécu au contact d’enfants autistes durant son enfance, a su parfaitement s’imprégner de leur gestuelle, de leur regard et de leur façon de parler pour rendre l’illusion parfaitement crédible.