L'étoffe des héros collector

L'histoire :
Dans la lourde atmosphère de la Guerre Froide, un coup de tonnerre éclate en 57 : les russes ont lancé leur premier Spoutnik ! Eisenhower décide alors d'envoyer un homme dans l'espace. Yeager, approché par deux recruteurs, réserve sa décision, mais les volontaires ne manquent pas : le programme Mercury est en route. Après une série de tests difficiles, humiliants, épuisants, les candidats craquent les uns après les autres. On en retient malgré tout sept, l'entraînement commence alors...


 

Le réalisateur :
Philip "Phil" Kaufman, réalisateur américain, a été retenu en raison du tournage de The White Dawn (1974) tourné dans l'arctique canadien. La production a estimé qu'être capable de mener à bien un tournage dans ces conditions révélait une dose d'audace, fortement recommandée pour The Right Stuff. Avec six films à son actif et quelques succès d'estime, Phil Kaufman n'était pas forcément pressenti mais force est de constater qu'il a réalisé là une oeuvre majeure de sa carrière. Avec L'insoutenable légèreté de l'être (1988), Henry et June (1990), SoleiI levant (1993) et  Quills, la plume et le sang (2001), il a en partie confirmé son talent, dans des genres différents.  


La critique :
Le scénario de Phil Kaufman est tiré du livre de Tom Wolf, relatant l'histoire de la conquête spatiale, côté américain. La mise en place du programme Mercury est perçue au travers de différents regards, soit de l'intérieur par le biais des astronautes eux-mêmes et de leurs compagnes, soit de l'extérieur, par exemple, avec la presse. En même temps que l'histoire, les personnages évoluent au gré des rencontres, des entraînements, des déceptions ou de la gloire. Ainsi, des pilotes d'essais, militaires de haut niveau, mais parfaitement inconnus, se trouvent propulsés au rang de héros, sur les seuls espoirs d'un peuple qui espérait relever le défi de la conquête spatiale. On peut faire un parallèle entre ces astronautes "en devenir" et les acteurs qui, eux aussi, avaient tout à prouver : ils l'ont fait à cette occasion mais aussi par la suite.
Mais un film "c'est un tout" et la formule est ici parfaitement adaptée. Chacun a apporté sa contribution : la musique de Bill Conti avec ses envolées (c'est le cas de le dire !) symphoniques, les effets spéciaux, pas encore numérisés, le montage (récompensé), la photo, le casting. Bien que relativement long (185min) ce film ne lasse pas, les scènes d'action alternent avec des moments plus "psychologiques", l'humour omniprésent (les tests physiques par exemple) est contrebalancé par le risque ou même le drame. Beaucoup de moments forts mais la scène, en fin de film, lorsque les protagonistes assistent à un show d'une danseuse, est particulièrement chargée en émotions, uniquement transmises par des regards qui parlent d'eux-mêmes. Enfin, un grand poncif habituel a été évité : les incontournables actions triomphales caricaturales, teintées de patriotisme. Ici, il s'agit plutôt d'une nation qui croit, à juste raison, dans ses héros d'un nouveau genre.
Avec une réalisation menée de main de maître, des acteurs totalement habités par leur personnage et une maîtrise technique évidente, on peut dire que Phil Kaufman a largement relevé le défi avec un film que je qualifie, sans la moindre hésitation, de chef d'oeuvre, de film culte.


 

En conclusion :  
Quand on aime un film on évalue avec exigence ses éditions DVD, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un Collector. Dans le cas présent, les seules déceptions concernent l'interactivité, l'une est mineure (dessin des menus), l'autre est plus gênante (défaut partiel de sous-titres). En conséquence, d'exceptionnel, ce double DVD passe au rang d'incontournable, tout est dans la dialectique ...    

Le traitement de l'image ne pose aucun problème particulier et le rendu s'avère agréable à voir. Elle n'atteint pas pour autant l'excellence en raison de quelques défauts de pellicule et d'une compression en légère difficulté sur les scènes rapides.

VO et VF sont reproduites en Dolby Digital 5.1. La VO est très nettement supérieure à la VF, trop sur la retenue. Elle bénéficie d'une meilleure amplitude et délivre un signal sonore à la fois dynamique et précis. Les effets ne manquent pas et la musique prend sa place dans le spectacle, envahissant littéralement votre salon sur les passages les plus "lyriques". Les dialogues sont bien positionnés avec des timbres de voix très réalistes. Enfin le canal LFE s'exprime vigoureusement quand il le faut ... 

Le dessin des menus est décevant, ordinaire, privé d'originalité et d'animations, heureusement une musique de fond les égaie. En revanche, le contenu est copieux, à savoir :
Disque 1 :
- Démarrer le film
- Accès direct à une scène : chapitrage peu lisible avec petites vignettes fixes et numérotation.
- Bonus : une page écran qui indique les récomprenses obtenues, l'essentiel des bonus étant intégré dans le disque 2
- Langues : choix de la version (sans rappel du format audio) et sélection des sous-titres.
Disque 2 :
- Le voyage et la mission - commentaires audio avec une sélection de scènes : les mêmes scènes clé (passage du mur du son, conférence de presse, tests médicaux ...) sont proposées avec les commentaires des acteurs (avec la faute "le acteurs" sur le menu) ou des cinéastes (réalisateur, compositeur BO, producteur ...). En VO non sous-titrée (quelle mauvaise habitude !) sur 25 minutes, les acteurs interviennent équitablement avec des propos adaptés à "l'exercice" mais surtout un ton nostalgique qui témoigne du plaisir et de la fierté qui découle de leurs prestations. L'équipe technique est moins convaincante, le réalisateur trop discret et quelques redondances avec l'intervention précédente. L'ensemble reste plaisant et il est aisé de s'y retrouver car chaque intervenant se présente à chaque prise de parole, heureusement, le sous-titrage ne pouvant nous renseigner !
- Documentaires : DD 2.0 et VOST
La création de l'étoffe des héros (21 min) : making-of complet : superbe et rare. On y apprend que United Artist a refusé le film (mauvaise idée !) mais aussi une multitude d'informations liées au casting, à la photo, aux détails techniques et à tout ce qui concerne la génèse du film. 
20 ans et ça continue (11min30) : un documentaire intéressant qui traite des effets spéciaux, de la musique et de son échec commercial lors de sa sortie. Il y est évoqué l'amalgame que faisait le public avec la candidature concomitante de John Glenn à la présidence.   
Les vrais hommes et le vrai matériel (15min30) : dernier volet des documentaires avec des recadrages sur l'histoire effectués par les vrais héros : à ne pas manquer.
- 13 scènes supplémentaires (11min - VOST) d'un intérêt inégal, comme c'est souvent le cas pour ce type de bonus, mais l'ensemble mérite le visionnage. 
- "John Glenn : héros Américain" (107min - DD 2.0 - VOST) Très orienté sur sa dernière mission, faisant de lui, à 77 ans, l'homme le plus âgé à aller dans l'espace, ce documentaire est très bien fait. Il aborde également les différentes facettes de ce "héros américain" (pilote dans l'armée, astronaute, politicien, mari et père de famille) sous l'angle du passé, du présent mais aussi du futur : à ne manquer sous aucun prétexte ! A noter une fin très drôle ...
- Bande annonce originale (3min24 - DD 2.0 - VO) très efficace en dépit d'images de bien mauvaise qualité.
- Langues : titre surprenant sachant que l'anglais est imposé, reste la sélection des sous-titres.


L'interactivité, en dehors d'un habillage peu inspiré et de l'absence partielle de sous-titrages, se révèle excellente grâce à des bonus nombreux, variés et de bonne qualité. Un bon film, une interactivité à la hauteur, le terme "Edition Collector" n'est en rien usurpé.