Amen

Genre
Pays
France / Allemagne / Roumanie (2002)
Date de sortie
mercredi 16 octobre 2002
Durée
132 Min
Réalisateur
Producteurs
Claude Berri
Scénaristes
Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg
Compositeur
Armand Amar
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Anglais
Non
Non
Non
Français
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Maxstar
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
132 min
Nb Dvd
2


Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kurt Gerstein, un officier SS allemand, épaulé par un jeune jésuite, Ricardo Fontana, tente d’informer le Pape Pie XII et les Alliés du génocide des Juifs organisé par les nazis dans les camps de concentration.

 

Oublions cette affiche. Simple exercice de provocation publicitaire qui aura rempli à merveille son travail, à savoir attirer l’attention sur le film, elle ne mérite probablement pas tous les débats qu’elle a suscité. Amen. est fort heureusement beaucoup plus subtil que cette dernière qui fait le rapprochement, par une dichotomie picturale extrêmement réductrice, entre le nazisme et l’église catholique. Mais au delà du choc provoqué, elle n’est peut-être pas forcément gratuite pour autant. Amen., on va le voir plus loin, c’est tout de même, en effet, l’histoire d’un double rapprochement, plus que l’histoire de l’Histoire elle-même. Les prises de position déconcertantes du Pape Pie XII, et par conséquent de l’Eglise Catholique, envers le Nazisme d’une part (ne sursautez pas, on va nuancer cette idée ^_^); et ensuite, l’attitude réciproque et opposée d’un officier SS pour supporter la cause juive... Le schéma semble ultra-classique, voire carrément conformiste dans sa présentation, mais le film va gérer ces éléments de manière suffisamment intelligente (non pas sans défauts ceci dit) pour ne pas tomber dans la vision ultra-manichéenne des accusations proférées par l’affiche.



 

Cette relation duale se base d’abord donc sur celle, ambiguë, que l’Eglise Catholique a pu entretenir avec le régime Nazi durant cette période. Il ne s’agit à priori pas d’un rapprochement au sens strict du terme, on peut l’espérer. Cependant, qu’est-ce que le silence dans une position comme celle-là si ce n’est pas cautionner passivement un drame dont on accepte d’être le témoin? Qu’est-ce que l’absence de réaction face au désespoir d’un juif membre de la société des nations, qui se suicide en pleine réunion, comme marque d’une ultime protestation, d’un dernier appel au secours? De quoi s’agit-il si ce n’est du témoignage ingrat d’une apathie et d’un détachement à toute épreuve? Cette première séquence, qui ouvre le film, est probablement l’une des trois ou quatre plus marquantes du film. Tout ce qu’elle a à dire est énoncé en très peu de temps, sans commentaire lourdingue ajouté. L’anti-communisme exacerbé dont a fait preuve Pie XII tout au long de son existence n’excuse rien. Laissez parler de "jérémiades des juifs déjà trop souvent entendues", de "citoyens improductifs", c’est déjà trop. Faire, ensuite, la distinction entre les êtres humains pour savoir qui l’on doit protéger et qui l’on doit laisser aux mains des nazis, c’est tout simplement révoltant. A de nombreuses reprises, le film de Costa-Gavras insiste sur ce silence d’une part, et sur les discriminations perpétrées au sein même de l’Eglise d’autre part.

 

L’implacabilité des révélations énoncées par le film est peut-être un peu trop mathématique, facile dans son déroulement. La juxtaposition pléthorique de faits plus fous les uns que les autres pourra quant à elle sembler trop surchargée. Elle l’est, très certainement. Ces défauts, plus ou moins inhérents à ce type de film, ne sont donc pas absents de Amen.. Profitons en pour parler d’un autre défaut, assez dommageable : la langue. Amen. a été tourné intégralement en anglais, langue internationale qui permet certes au film d’avoir une portée probablement un peu plus universelle. Mais c’est au détriment d’utiliser les langues maternelles des uns et des autres, chose qui avait par exemple parfaitement fonctionné quelques mois plus tôt avec No man’s land. Le film à ce niveau est donc assez décevant, surtout au regard de la rigueur historique dont se réclament les auteurs.

Ce qui a particulièrement été réussit, par contre, c’est la deuxième composante du film, à savoir la bataille de Kurt Gerstein, officier SS, pour sauver les juifs, un maximum de juifs possible. Il ne s’agit pas de nuire à son pays, parce qu’il ne tient effectivement pas à voir l’Allemagne perdre cette guerre; il s’agit de ne pas sacrifier arbitrairement des innocents. Mais s’il méprise les gens avec qui il travaille, Gerstein fait tout de même partie de cette machine à éradiquer... Cette machine, que l’on ne voit finalement jamais vraiment (très bonne idée du film), inexorable et méticuleuse, fonctionne à plein régime. Alors que certains se la coulent douce, protégés par leur statut, que d’autres essaient de convaincre le Vatican d’intervenir, les hommes tombent... D’abord plus ou moins désorganisée, la "purification" devient rapidement industrielle... Un homme, seul, ne peut rien face à ces trains qui partent surchargés et reviennent portes ouvertes, au rythme bien huilé. Le montage est à ce sujet particulièrement bien pensé, en intercalant à intervalle régulier ces plans de quelques secondes sur des trains qui passent et repassent sans encombre, encore et toujours, comme s’ils ne pouvaient plus être stoppés.

 

C’est le drame de la vie de Gerstein. A l’instar de Jean Devraivre dans le film de Bertrand Tavernier, Kurt Gerstein choisit de rester au coeur de la machine à tuer pour mieux témoigner, pour avoir l’occasion de sauver quelques vies grâces aux informations que son poste lui permet d’obtenir... Lorsqu’il découvre avec horreur le sort que l’on réserve aux déportés (très très "belle" scène, d’une rare intensité), c’est un sentiment de terreur, de colère qui l’envahit. Mais le plus difficile à accepter ne sera pas cette vision gravée à jamais dans sa mémoire, mais bien sa propre impuissance face à des éléments dont il a pleinement conscience... Son grand mérite, quoiqu’on puisse penser du reste, ça aura été de faire ce qu’il pouvait malgré une position qui lui valait d’être étroitement surveillé.

Ca aura été, aussi, de se rendre compte de sa propre implication dans ce drame historique contrairement à beaucoup, pour ne pas dire la plupart, des hommes et des organismes divers qui ont été liés à ces horreurs de près ou de loin. L’exemple de son collègue responsable des convois de "marchandise", qui hait les SS mais organise malgré lui les déportations, niant par la même occasion sa responsabilité dans la mise en oeuvre de la Shoah, est assez frappant. Refuser d’assumer ses actes et la responsabilité qui en découle, c’est faire preuve d’un égocentrisme certes humain, mais pas pour autant plus acceptable... Celui à qui l’on doit aussi reconnaître un courageux travail autocritique, c’est Riccardo Fontana, le personnage interprété par Mathieu Kassovitz (superbe, tout comme Ulrich Tukur). Se rendre compte en l’espace de peu de temps que tout ce en quoi l’on croyait est un échec, une illusion, n’est probablement pas facile à admettre. C’est pourtant ce qu’il fera, en remettant en cause la grandeur de l’Eglise, et en allant mettre fin à ses jours aux côtés de juifs à qui on ne propose pas de choisir leur destin...

 

A force de ne pas assumer ses actes, ses responsabilités, de se taire face au mal, ou bien de dire "Amen" au lieu de protester, par peur ou par conviction, ce sont les "véritables" coupables qui s’en sortent, à l’image du personnage interprété par Ulrich Mühe, sauvé par l’Eglise elle-même...

 
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1


Une image plutôt correcte. La définition est excellente et les couleurs quant à elles sont certes ternes, mais respectent cependant la photographie originale. La compression est honorable même si d’un plan à l’autre on peut apercevoir quelques fourmillements qui ne sont toutefois pas vraiment gênants. La copie est très propre, sans défaut (pour un film récent ça aurait été embêtant). Bref, rien de forcément très éclatant mais rien à redire pour autant.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
Anglais
5.1
Deux pistes son impeccables. Que ça soit en version anglaise ou bien le doublage français, la bande son est très équilibrée. Pas forcément démonstrative, elle est néanmoins très dynamique, avec de superbes montées musicales, des voix bien au centre, et des ambiances tout à fait convaincantes.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
170 min
Boitier
Amaray


Tous les suppléments sont sous-titrés en français. Mis à part le commentaire audio et les bandes annonces, ils sont tous sur le 2ème disque.

 

Commentaire audio du réalisateur et du co-scénariste Jean-Claude Grumberg, extrêmement décevant. Si les propos des deux hommes sont parfois intéressants, notamment au niveau du rapprochement avec les faits historiques, ce commentaire manque d’une part énormément de rythme, avec de longs blancs où les deux hommes n’ont semble-t-il pas grand chose à dire, et d’autre part aucune info ne filtre sur le film lui-même, la mise en scène, des éléments techniques, etc... Les rares interventions sont donc uniquement d’ordre historique, et comme elle sont suffisament espacées pour laisser au spectateur le temps de s’assoupir, on peut sans crainte en dire qu’il est tout à fait dispensable.

 

Making-of de 50 minutes plutôt intéressant, en tout cas largement plus que le commentaire audio. Mélange de scènes prises sur le vif pendant le tournage, d’interviews de divers intervenants, etc... C’est ce document qui vous en apprendra le plus sur le film.

 

De Kurt Gerstein à Ulrich Tukur (16 min 54)
Documentaire qui se base essentiellement sur une interview (une compilation d’interviews plutôt) de l’acteur Ulrich Tukur, qui vient faire le point sur le personnage de Kurt Gerstein, sur l’endroit où il vivait, la façon dont il a appréhendé sa vie et les choix qu’il à fait dans des conditions de liberté pas forcément évidentes, etc... Très intéressant!

 

Pie XII, le Pape, les juifs et les Nazis (BBC) (60 minutes)
Documentaire sur ce pape hautement controversé depuis maintenant plus d’un demi-siècle... Très complet, ceux qui aiment l’histoire seront aux anges!

 

Témoignage chrétien N°3004 (22 minutes)
Intéressant mais pas vraiment agréable à lire (à cause de la façon dont ils sont présentés (texte défilant), ces extraits d’articles (13 pages) reviennent sur différents points concernant la Shoah et l’implication de l’Eglise dans ce drame collectif.

 

Interview de Matthieu Kassovitz (8 minutes)
Interview en anglais (sous-titré) de notre acteur/réalisateur national. Pas forcément passionnante, elle contient néanmoins quelques éléments intéressants sur le rôle de l’acteur dans Amen et sur son personnage.

 

Effets Spéciaux : Présentation (sans commentaires) de 4 scènes avec et sans effets spéciaux (utilisation du fond bleu à chaque fois) : Le train, les camps, intérieur de voiture, le Vatican.

 

Bande annonce du film en VF 5.1 et en VOST 5.1, toutes les deux au format respecté anamorphique.

 

Filmographies de Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg, Armand Amar, Mathieu Kassovitz, Ulrich Tukur, Ulrich Mühe, Michel Duchaussoy, Ion Caramitru et de Marcel Iures.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage