Le monde selon Bush (Collector)

Genre
Pays
FRANCE (2005)
Date de sortie
mardi 4 janvier 2005
Durée
93 Min
Réalisateur
Producteurs
Flach Film
Scénaristes
William Karel & Eric Laurent
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
D'après le livre "Le monde secret de Bush" d'Eric Laurent.
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Christophe Bonnet
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
93 min
Nb Dvd
2


A l'origine de ce documentaire :
On trouve Jean-François Lepetit, producteur de longs-métrages, téléfilms et documentaires (y compris aux Etats-Unis pour le compte de Walt Disney) grâce à la société Flach film qu'il a créée en 1983. L'idée lui est venue après la lecture du livre d'Eric Laurent "La guerre des Bush" durant un trajet d'avion. Dès le lendemain, il a contacté l'éditeur pour en acheter les droits. Lui restait ensuite à trouver un réalisateur susceptible de faire un film-documentaire vu par le plus grand nombre. Après avoir pensé à Barbet Schroeder ou Costa Gavras c'est finalement William Karel qui s'est imposé grâce à sa disponibilité immédiate mais aussi son parcours cinématographique. Tout d'abord reporter-photographe pour Gamma (72/76) puis pour Sygma (76/83), William Karel a ensuite réalisé de nombreux documentaires dont huit sont consacrés aux Etats-Unis (sur les côtés les moins glorieux). Son dernier travail en 2003, "CIA Guerres Secrètes" a définitivement convaincu le producteur qu'il était l'homme le plus apte à traiter de ce sujet d'actualité.

La critique :
La première scène du documentaire fait un petit peu peur, on y voit George W. BUSH, en tenue d'honneur d'une Université Américaine qui s'adresse aux étudiants, félicitant les meilleurs et affirmant aux médiocres qu'ils pourraient aussi peut-être devenir président ... On se dit alors que l'on va assister à une succession de séquences "chocs" dont le seul but ne serait que de mettre en exergue les gaffes, blagues et autres phrases maladroites ou malheureuses du cow-boy texan. Alors, bien sûr, cette construction ciblée d'une image d'un homme d'Etat serait intellectuellement malhonnête. Imaginons un instant qu'un réalisateur américain présente nos dirigeants en ne retenant qu'un enfant adultérin, une canicule ou un nuage de Tchernobyl sous-évalué ou encore une apparition dénudée sur un balcon en été. Mais, faisant fi de ces travers, William Karel s'est attaché aux faits, rien qu'aux faits, sur la base de l'excellent travail d'Eric Laurent. La suite du film documentaire le prouve avec force et efficacité. Les intervenants sont aussi nombreux que dignes d'intérêt. De façon non exhaustive, on peut citer Norman Mailer (écrivain), Robert Steele (CIA),  Richard Perle (conseiller du président), David Corn (journaliste sur Fox TV), Hans Blix (chef inspecteur ONU), Colin Powell (secrétaire d'Etat) et bien d'autres ...  Les thèmes abordés sont également variés (l'influence de la religion, l'axe du mal, l'affaire des armes de destruction massives, le "clan" Bush, les rapports complaisants avec l'Arabie Saoudite, la guerre et les affaires ...). Pour chaque sujet, le montage opte pour des propos courts avec une multiplicité d'intervenants et l'apport de quelques images d'actualité. Les informations sont nombreuses (vous saviez que le grand- père Prescott Bush avait pactisé avec le diable en faisant du business avec les Nazis ?) mais le rythme permet de bien les appréhender. Il faut également noter que ces témoignages interviennent très rapidement après les faits mais surtout dans le cadre d'une double actualité, celle de l'après Saddam et celle de la campagne présidentielle, ce qui leur confère un intérêt particulier.
On peut finalement imaginer l'énergie déployée pour ainsi coller à l'histoire alors même qu'elle se déroule. Bien sûr, on peut regretter que l'argumentation soit exclusivement "à charge" mais, "à décharge" du réalisateur, tous les membres du clan Bush ont refusé d'être approchés par l'équipe, à commencer par le plus influent d'entre eux, Paul Wolfowitz. Les propos sont souvent extrêmement sévères à l'égard du président Bush, mais ils sont toujours argumentés de façon à ne pas basculer dans l'arbitraire et le caricatural. L'intervention, devant le congrès, du sénateur Robert Byrd (doyen du Sénat) , est un moment fort, il s'agit là du discours le plus virulent jamais prononcé contre un président en exercice. Simplement on aurait aimé voir comment la classe politique et le peuple américain réagissent face à de tels propos. Même si une opinion publique se modifie au gré des évènements, un "état des lieux instantané" nous aurait aidé à positionner ce gouvernement et ses agissements dans une société américaine aussi variée et complexe. A défaut d'insérer cette rubrique dans le documentaire, la section bonus l'aurait intégrée avec opportunité, d'autant plus qu'elle est quasiment vide !

Quel intérêt pour une édition Collector ? :
Il est d'autant plus prononcé que le sujet traité est complexe. En effet, le thème du documentaire (et sa force !) impose une multiplicité d'intervenants qui nous livrent une grande quantité d'informations. On n'a pas toujours le temps de s'appesantir sur un sujet, sous peine d'allonger considérablement la durée du film et de prendre le risque de créer de l'ennui. Dans les suppléments, les analyses sont aussi diverses que poussées et toujours focalisées sur l'essentiel. Et puis, alors que le fait d'actualité devient petit à petit un fait historique, revenir sur les moments clés sous la lumière d'avis éclairés nous permet une compréhension parfaite des évènements. Ce collector bonifie efficacement le programme principal tout autant qu'il le complète et le prolonge.   

En conclusion :
En dehors de ces dernières réserves, il faut bien dire que Le monde selon Bush est un excellent film documentaire, passionnant et superbement réalisé. La sobriété convient parfaitement au sujet et, contrairement à ce que fait Michael Moore, il n'y a aucune mise en scène des interviews. Pas de gentil américain poli et calme qui, petit à petit, trouve la faille de ses interlocuteurs. Encore moins de mise en scène comme le passage "obscène" à la fin de "Bowling for Columbine" lorsque Moore dépose la photo d'une victime de fusillade devant le domicile de Charlton Heston (président de la NRA) et revient vers la caméra, tout courbé, comme un saint qui porte la misère de la planète sur ses larges épaules. On regrette alors que "Le monde selon Bush" n'ait pas été sélectionné à Cannes car il critique le gouvernement américain et son Président sans la moindre démagogie, contrairement à d'autres ... Donc si vous voulez comprendre comment fonctionne "le clan Bush", comment s'entrechoquent religion, politique, famille et affaires, alors n'hésitez pas un seul instant : un modèle de travail d'investigation. 
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
4/3 couleur
Format Cinéma
1.33:1


Toutes les images relevant des interviews sont conformes à ce que l'on pouvait attendre d'un DVD. En revanche, les autres séquences sont assez inégales en qualité avec parfois des défauts prononcés (présence de grain, mauvaise définition, problèmes de compression ...). Rien qui n'altère toutefois leur lisibilité, on aurait même presque envie de dire qu'elles font plus réalistes.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0


Le Dolby Digital 2.0 s'acquitte de sa tâche avec efficacité. Les voix ont une belle présence et, sachant que la bande son est peu fournie en informations sonores et qu'un seul passage musical intervient en fin de programme, on se contente largement de ce format stéréo.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
132 min
Boitier
Amaray avec fourreau cartonné


DVD 1 : "Le monde selon Bush"
Une image fixe du Président très sûr de lui constitue l'arrière-plan d'un menu général dépourvu de toute fantaisie (animation ou bruitage). Le choix des rubriques est le suivant :

- Film : lecture du programme principal.
- Chapitres : une liste numérotée de séquences avec des titres, aucun support visuel (vignettes) n'a été retenu pour mieux s'y retrouver ... dommage.
- Versions : VF avec l'indication d'un possible sous titrage des intervenants. Curieuses explications car, faute de sous titrage, on opte ou pas pour la superposition d'une VF sur les propos des intervenants étrangers.
- Espace Editions Montparnasse : pêle-mêle, dans cette rubrique fourre-tout, nous retrouvons l'adresse internet de l'éditeur, une page écran de crédits (bien peu détaillée) et enfin trois bandes annonces ("Un spécialiste", "Massoud l'Afghan" et "Un coupable idéal").

DVD 2 : "Compléments"
Une photo de la Maison Blanche sert de fond d'écran à un menu toujours aussi sobre voire un peu triste.
Autour du Monde selon Bush :
* Entretien avec William Karel et le producteur Jean-François Lepetit (9 min) : chaque intervenant se présente et évoque la génèse du projet, les rencontres, la façon de travailler ou bien encore la difficulté, voire l'impossibilité, de rencontrer les membres de l'équipe Bush. On retient également deux petites mises au point, tout d'abord ils réaffirment leur volonté de ne pas porter de jugement sur la société américaine (laissant le soin à chaque spectateur de le faire) et ensuite ils se différencient de Michael Moore qui, lui, revendique une approche politiquement engagée.

* "La dynastie tranquille de l'Amérique", par Eric Laurent (15 min) : l'auteur du livre qui a inspiré la réalisation du documentaire démontre ici sa parfaite connaissance du sujet. Très clairement, avec force de détails, il concentre son intervention sur le "Clan Bush" avec ses relations et son passé douteux, il pointe du doigt l'incroyable capacité de manipulation dont a fait preuve l'équipe du Président avec une presse bien souvent complaisante. Politiquement, il souligne l'importance des états du Sud dans l'arrivée et le maintien de G.W Bush au pouvoir, avec, en filigrane, des mouvements de pensée assez peu glorieux, comme le retour à la discrimination raciale. Le constat final d'Eric Laurent se porte sur les relations USA/Europe qui, selon lui, seront immanquablement entâchées d'une distance qui perdurera. Une intervention qui met en avant les éléments factuels pour délaisser les trop courants procès d'intention.

* Entretien du sénateur Byrd, doyen du Sénat des Etats-Unis (46 min) : on retrouve l'honorable sénateur Byrd qui intervient devant le Sénat américain le 12/02/2003 (20 min) et le 21/05/2003 (16 min). Enfin, un entretien (10 min) avec ce courageux politicien de 85 ans impose le respect devant cet homme qui s'est érigé en libre penseur à un moment important pour l'histoire américaine. Il parle des réactions suscitées par ses interventions et reste persuadé qu'il fallait s'opposer à la guerre, l'histoire lui a donné raison ... la voix de la raison, de la sagesse en quelque sorte.
 
* "Etats-Unis, état des lieux", entretien avec Norman Mailer (13 min) : ce romancier, essayiste, publiciste et cinéaste n'est pas tendre avec le Président Bush, il est plus corrosif dans cette intervention que dans le documentaire, ce qui n'est pas peu dire. Il lui reproche sa mauvaise maîtrise de l'anglais et sa propensation à ne pas répondre dès lors que cela prend plus de dix secondes. Son argumentation permet d'extraire ces griefs de l'anecdote pour les placer sur un plan plus "intellectuel". Sur le plan idéologique, il soulève l'intérêt que présentait une nouvelle guerre pour un pouvoir américain confronté à de sérieux problèmes. Enfin, il replace la guerre contre l'Irak dans un contexte historique et philosophique. Si la forme paraît trop acide, le fond est incroyablement riche. Une biographie de Norman Mailer nous est proposée (3 pages écran) ainsi qu'un extrait d'une de ses oeuvres "Histoires d'Amérique" (2m50). Ce passage, dans le même esprit, dépeint un portrait particulièrement sévère du Président Reagan, auquel beaucoup comparent très souvent le Président G.W. Bush.

Regards sur l'Amérique :
* "Face à l'hyperpuissance", par Hubert Védrine (14 min) : L'intervention de ce haut fonctionnaire, ancien Minsitre des Affaires Etrangères, offre une analyse pointue de la société américaine, de sa politique internationale et de la façon dont elle est perçue en France mais également en Europe. Ce spécialiste en géopolitique expose clairement son analyse, même si, parfois, on sent bien une retenue "diplomatique" qui l'empêche d'aller plus loin. L'essentiel est là, on comprend parfaitement ce qu'il veut dire et sa réflexion aboutie est incontestablement digne d'intérêt. Une biographie est également proposée ainsi que la possibilité d'accéder aux différents chapitres de son intervention.

* "L'Amérique religieuse", par Jean-François Colosimo (13 min) : à la fois éditeur, philosophe et spécialiste des problème religieux, Jean-François Colosimo nous livre une mine d'informations centrées sur la religion, cette épine dorsale de la nation américaine comme il la présente. Il soulève bien sûr la démarche messianique et s'étonne de la grande ignorance des Français concernant l'importance de la religion aux USA. Il élargit judicieusment le sujet en opposant théologiquement G.W Bush à Ben Laden. Une trop succincte biographie est également proposée ainsi que la possibilité d'accéder aux différents chapitres de son intervention.Tout simplement passionnant !
* "Tous Américains ?", par Jean-Marie Colombani (13 min) : le directeur du journal Le Monde s'explique sur l'éditorial du 13 septembre 2001, dans lequel il proclamait "nous sommes tous américains" et qui lui a valu beaucoup de reproches. Il ne croit pas à la caricature d'un Cowboy incarné en Président, mais penche davantage pour un homme très intelligent, proche de son électorat. Sur le plan de la politique internationale, il reconnaît l'attitude "rustre" de ce dirigeant qui explique, selon lui, "l'anti-bushisme". Le Gaulisme n'est pas épargné pour autant car, en Jacques Chirac, il voit la continuité d'un courant de pensée hostile à l'Amérique et ce, pour des raisons historiques. Le chapitrage de la section, la biographie et l'intégralité de l'édito du 13/11/2001complètent cette remarquable intervention.
* Intervention de Dominique de Villepin aux Nations Unies  le 14 Février 2003 (16 min) : ce discours, maintenant célèbre, est important car, dans l'histoire des deux pays, il est le point de départ de deux routes divergentes.
Grandes dates de la présidence Bush (2000-2004) : cinq pages écran qui retracent les principaux évènements survenus depuis l'accession de G.W Bush au pouvoir (12/12/2000) jusqu'à sa réélection (02/11/2004).

 
Crédits : habituelle section sous la forme d'une page écran.

Sans nul doute, l'interactivite de ce double DVD Collector est exceptionnelle. On passera très rapidement sur un habillage quelconque pour retenir l'essentiel, la qualité, la diversité et la facilité d'accès aux nombreuses informations.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
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Filmographies
Clips vidéo
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