L’histoire
Félix Mandel (Sergio Castellitto) est un astrophysicien réputé qui vit mal la perte de son père. Excentrique et parfois sujet à des hallucinations terrifiantes, il exaspère sa femme
Lucie (Isabelle Gélinas) qui décide de faire un grand ménage dans son bureau encombré de dossiers et de vieux souvenirs. Contraint de tout jeter, Félix décide de donner le vieux manteau de son père
Lucien (voix de Michel Serrault) à un clochard.
Aussitôt, Félix reçoit un curieux appel téléphonique en PCV : son père Lucien lui téléphone du paradis et se dit furieux que son fils ait pu donner ainsi son manteau. D’abord incrédule, Félix va rapidement se prendre au jeu et en profiter pour parler avec son père comme il ne l’avait jamais fait de son vivant. Malheureusement, tout miracle a un prix...
A propos du film
Arthur Joffé est à la fois le réalisateur et le co-scénariste de ce film étonnant. Il dit lui-même être inspiré par Tim Burton et Roberto Begnini dont il aime la façon de raconter des histoires à la façon d’une fable. Ici, on retrouve effectivement cette inspiration avec une fable sur la relation entre un père et son fils. Le fils est interprété par Sergio Castellitto, qui travaille pour la troisième fois avec le réalisateur, après « Alberto Express » (1990) et « Que la lumière soit » (1998). On a déjà vu le grand talent de cet acteur dans « Le sourire de ma mère (
Critique sur DVDCritiques.com ) ou « Le cri de la soie » (
Critique sur DVDCritiques.com). Arthur Joffé dit d’ailleurs de lui : « Sergio est un immense acteur d'envergure internationale, de la classe d'un Dustin Hoffman. Avec, à mon sens, plus de générosité dans son jeu ».
Le réalisateur voulait ce film comme une suite à « Alberto Express » (qui parlait de la naissance) en prenant pour thème le deuil. Il indique à ce propos : « Le dialogue avec l’invisible, la spiritualité me passionne non pas au plan religieux mais au plan philosophique et psychanalytique ». Et la religion a un rôle dans ce film, avec l’intervention du rabbin joué par Maurice Bernart, qui n’est autre que le producteur « d’Alberto Express ».
Critique subjective
La première chose qui frappe le spectateur est l’excellent jeu de Sergio Castellitto qui s’affirme, film après film, comme l’un des plus talentueux acteurs du moment. Il campe son personnage à la perfection, parvenant à concilier de nombreuses émotions contradictoires avec une candeur et une fraîcheur qui fait plaisir à voir. Donnant la réplique à un Michel Serrault tonitruant mais invisible, Sergio Castellitto crève littéralement l’écran du début à la fin du film. Les seconds rôles ne sont toutefois pas en reste, avec un Tchéky Karyo hilarant en banquier/psychiatre/chanteur argentin et un Dominique Pinon en clochard qui ne perd pas le nord.
Avec un scénario original et bien maîtrisé, le réalisateur Arhtur Joffé parvient à maintenir le difficile équilibre entre comédie, tendresse et tragédie, sans jamais baisser le rythme ni imposer de temps morts. « Ne quittez pas » reste une fable et, en conséquence, il ne faut pas être choqué par certaines invraisemblances qui servent la ‘morale’ de l’histoire. Ne vous attendez pas non plus à un film moralisateur ou raisonnable, mais c’est bien le grain de folie qui donne tant de plaisir au spectateur.
Au final, « Ne quittez pas » est un film prenant et drôle qui ne laissera personne indifférent. Un film à voir absolument et qui vous fera réfléchir avant d’accepter un appel en PCV !