La Guerre du Vietnam

L'histoire :

Ayant compilé des rushes inédits, Isabelle Clarke a confectionné trois documentaires fascinants sur la guerre du Vietnam.

Critique subjective :

Comme son nom l’indique, La guerre du Vietnam images inconnues nous donne à voir des images inédites car elles ont été oubliées, couvertes par le secret militaire ou encore censurées en raison de leur violence (signalons d’ores et déjà que, traduisant l’horrible réalité de la guerre, certaines images s’avèrent particulièrement dures). Ayant effectué un impressionnant travail de montage à partir de nombreux rushes, Isabelle Clarke a « réalisé » trois documentaires sur le conflit vietnamien : Le secret de la guerre (les causes du conflit et l’engrenage ayant mené à une guerre d’usure), Le secret des armes (armement des forces en présence, déroulement des affrontements et tactiques militaires des belligérants) et Le secret des hommes (le quotidien particulièrement difficile des soldats).

Le secret de la guerre :

1954 : suite à la défaite de l’armée française à Dien Bien Phu, le Vietnam est divisé en deux zones. Les communistes, emmenés Hô Chi Minh, s’octroient le Nord du pays tandis que le Sud du territoire est placé sous la tutelle d’un président installé par les Américains. Face aux assauts répétés des vietminh (ou viêtcongs) qui sont au nombre de 17 millions (la nation toute entière est mobilisée), l’armée du Sud Vietnam est rapidement débordée. Envoyant tout d’abord armes et conseillers militaires, puis menant des opérations secrètes, les Etats-Unis mettent le doigt dans l’engrenage et finissent par se résoudre à envoyer l’armée puis le contingent, le besoin de renforts se faisant toujours plus pressant sur le terrain. Progressivement, le Vietnam va devenir le lieu où se cristallisent les velléités entre USA et nations communistes.
Sillonnant le ciel du Nord Vietnam, l’aviation américaine larguera 634 000 tonnes de bombes en trois ans, soit encore plus que ce qui s’abattit sur l’Europe durant le seconde guerre mondiale. Au sol, si seulement 1 % des opérations amènent un contact avec l’ennemi, les soldats de l’oncle Sam se doivent de « faire du chiffre », autrement dit tuer le plus possible (les dirigeants militaires surveillent de près le body count) et avoir un nombre acceptable de pertes humaines par rapport à celles infligées à l’adversaire vietnamien (le killer ratio). En Amérique, l’opinion publique se lève progressivement contre la guerre après avoir eu vent d’actes de torture.

Le secret des armes :

Même si les viêtcongs disposent de canons anti-aériens et autres missiles sol - air qui abattront 900 avions américains, l’armée US compte beaucoup sur le pilonnage des positions ennemies. Si l’on expédie moult bombes « classiques », on envoie également des bombes à fragmentation (chaque bombe de ce type contenant 600 billes qui projettent chacune 300 dards d’acier), du napalm (qui n’est autre que de l’essence gélifiée) mais aussi des défoliants (des herbicides ayant pour vocation de détruire la jungle purement et simplement). Très adaptés au conflit, les hélicoptères américains effectueront rien moins que 36 millions de sorties opérationnelles ; 4320 seront détruits.
A terre raisonnent les tirs des M16 américains et des AK47 kalachnikov vietnamiens. Sans le moindre doute, la jungle constitue la meilleure arme du vietminh. Etouffante pour des GI s qui transportent 30 kg d’équipement (hors armes), la jungle, humide et impénétrable, regorge de périls : serpents (133 espèces, toutes venimeuses), insectes (sangsues, larves, ...), pièges en tous genres (responsables de 10 % des pertes américaines) et sol dissimulant plusieurs centaines de kilomètres de tunnels. Tristement célèbres, les batailles dans la jungle seront un véritable enfer pour les soldats yankees.

Le secret des hommes :

Si la guerre est le quotidien du soldat, le conflit vietnamien a aussi ses à-côtés : permissions, distractions, repas, ... tout nous est ici détaillé, y compris la lutte de l’armée américaine contre la prolifération des maladies vénériennes dans ses rangs ou encore les 15 000 enfants issus de liaisons entre américains et vietnamiennes. En Amérique du Nord, l’opposition à la guerre raisonne de plus en plus fort et les raisons d’une telle indignation populaire ne manquent pas : massacre de Mi Laï, mexicains, portoricains et afro-américains utilisés comme chair à canon, explosion de la consommation de drogues chez les soldats, ...
Si la guerre n’est pas franchement remportée par les Etats-Unis, le Nord Vietnam finit par montrer de sérieux signes d’affaiblissement et des accords de paix sont enfin signés. L’armée américaine se retire alors rapidement et passe le flambeau au Sud Vietnam, une nation ravagée. Deux années plus tard, le Nord du pays envahit le Sud ...

Verdict :

Véritablement passionnants, ces trois documentaires prennent donc la peine de rentrer dans les détails et font parfaitement le tour du sujet en le traitant successivement sous plusieurs angles d'approche. Ayant traumatisé l'Amérique (voire le monde), la guerre du Vietnam fit 57 000 morts US et 2 millions de morts Vietnamiens.

Si la compression se révèle sans coup férir, les images sont bien souvent un peu floues, rayées, tâchées, délavées, tout ceci étant absolument inhérent aux conditions de tournage (les hommes qui filmaient alors risquaient bien souvent leurs vies) et à l’âge avancé des masters (si le souvenir de la guerre du Vietnam est encore bien vivace dans les esprits, le conflit ne date pas d’hier). La qualité vidéo des trois documentaires est donc « adaptée » puisqu’elle correspond totalement à l’aspect « pris sur le vif » qui fait tout l’intérêt de telles images. Une quelconque restauration un peu trop poussée eut été ainsi un véritable sacrilège.

Une qualité sonore tout à fait acceptable. L’unique piste proposée gère habilement la voix-off du commentaire, la musique et les sons émanant des images d’époque. Documentaire historique oblige, La guerre du Vietnam images inconnues ne se prêtait logiquement pas à un standard sonore trop pointu. La qualité d’écoute est donc bonne, sans l’esbroufe, par exemple, d’un dolby digital 5.1 qui, forcément « artificiel », aurait été fort malvenu.

Seulement trois bandes-annonces de documentaires sortis chez le même éditeur, autant dire que l’on aurait aimé avoir plus à se mettre sous la dent, particulièrement des interviews de personnes ayant participé à la guerre du Vietnam.