Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants

L’histoire

Ça commence avec trois hommes, ils ont la petite quarantaine et s'interrogent sur leur vie. Vincent (Yvan Attal) vit avec Gabrielle (Charlotte Gainsbourg) et Georges (Alain Chabat) avec Nathalie (Emmanuelle Seigner). Ils ont chacun un petit garçon de cinq ans et ont l'impression d'étouffer, de s'embourgeoiser et même de s'être fait piéger par une société qui les a poussé à travailler, se marier et faire des enfants. Ils envient la liberté de Fred (Alain Cohen) le troisième, célibataire qui sort avec de belles filles et n'a pas d'heure.

Evidemment, Fred ne rêve lui que d'une chose, c'est d'être comme Vincent et Georges - rangé, marié, des enfants - et de tenter de donner enfin un sens à sa vie. Mais on apprend que Vincent vit une histoire avec une autre femme. "Une maîtresse". Personne n'est au courant, aucun de ses amis, sauf Gabrielle sa femme. Lui ne sait pas que Gabrielle sait. À partir de là, c'est elle que nous suivons. Nous la regardons s'arranger avec cette situation. Elle aime son mari et l'attend patiemment.

Elle est agent immobilier et lors d'une fin de journée un peu plus calme, nous la retrouvons dans une allée d'un Virgin Mégastore, où elle écoute un disque à côté d'un homme qu'elle ne connaît pas. Son imaginaire se met alors à courir, comme à chaque fois qu'elle fera visiter un appartement à un client, où elle s'imaginera une autre vie, meilleure ou pire… sans l'homme qu'elle aime.

A propos du film

« Ils se marièrent… » est le second film d’Yvan Attal, après « Ma femme est une actrice » où il faisait déjà jouer son épouse Charlotte Gainsbourg. Ici il fait également jouer son fils, Ben. Le producteur du film, Claude Berri joue également dans film, prenant le rôle du père de Vincent. Autre apparition remarquée, celle de Johnny Depp qui joue le rôle du futur amant de Gabrielle, rencontré dans un magasin de disques.
Yvan Attal avoue que ce film est une sorte de réflexion sur sa propre vie amoureuse à l’age de 35 ans. L’idée du film lui est venue pendant le tournage de « Ma femme est une actrice », le réalisateur indique d’ailleurs : « Peu après, lors de l'enregistrement de la musique du film - toujours MA FEMME EST UNE ACTRICE - je voyais Brad Mehldau et son trio et je me suis dis qu'ils pouvaient être ces trois types. Leur musique m'inspirant beaucoup, je suis resté un moment avec cette scène et cette envie de parler des mecs. ». Rapidement, le scénario a été porté par l’angoisse d’Yvan Attal face aux enfants qui grandissent, aux couples qui se déchirent, à l’âge qui avance.
Pour la musique du film, très présente dans les moments ‘oniriques’, Yvan Attal voulait initialement confier la bande originale au groupe anglais Radiohead. Malheureusement, une tournée mondiale a empêché la concrétisation de ce rêve, mais on entend tout de même de nombreuses chansons du groupe dans le film. Le talentueux pianiste de jazz Brad Mehldau joue même une reprise d’un de leurs single : « Paranoïd android ». Enfin, on entendra des chansons du Velvet underground et de Sparklehorse.

Critique subjective

Avec « Ils se marièrent… », Yvan Attal signe un film qui dégage immanquablement un certain malaise. Le cœur de l’histoire réside dans la liaison de Vincent avec sa maîtresse, une liaison égoïste et passionnée qui va détruire son couple alors qu’il avoue lui-même aimer sa femme plus que tout. Cette représentation d’une génération (essentiellement parisienne) prête à réflexion sur cet égocentrisme centré sur son plaisir personnel qui détruit de plus en plus de couples et transforme progressivement une société. Le personnage de Fred, dragueur invétéré qui ne parvient jamais à s’attacher, dit d’ailleurs dans le film qu’il sera sans doute la future ‘référence’ des relations dans le couple. Cette vision est assez effrayante et contribue au malaise véhiculé par ce film. Sensation encore renforcée par une façon de filmée, inspirée par Claude Berry, qui allie images de passions sexuelles (ça reste soft, mais attention aux enfants !) et onirisme longuet (heureusement parfois sauvé par la musique). Tout cela pour parvenir à une conclusion assez frustrante et déprimante au regard de quelques espoirs brièvement entrevus au cours du film.

Le scénario ne brille pas par son originalité et tout repose sur le jeu des acteurs, souvent très brillants. On est toutefois surpris par le choix de l’acteur censé incarner le tombeur, dont le physique est totalement à contre-emploi ! Le film se permet enfin quelques longueurs et plusieurs scènes qui n’apportent rien à l’histoire (comme celle du bus).

Finalement, « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » est un film un peu décevant. On a l’impression que le réalisateur est passé à côté de quelque chose et qu’il n’exploite pas assez les personnages secondaires. A force d’osciller entre comédie et tragédie sans prendre parti on finit par frustrer son public.

Le transfert DVD du film est une grande réussite. Les images ont belles et précises, avec une bonne définition d’ensemble. Les couleurs sont parfaitement restituées, avec des éclairages et une profondeur de champs très bien géré. Le réalisateur joue d’ailleurs beaucoup sur cette profondeur de champ dans de nombreuses scènes du film. L’image de ce DVD ne souffre, par ailleurs, d’aucun problème de compression, permettant ainsi de profiter du film dans d’excellentes conditions sur de très grands écrans.

Le DVD comprend deux pistes sonores françaises : en Dolby Digital 5.1 et en DTS. La différence entre ces deux pistes est assez subtile et se fait surtout au niveau de l’équilibre tonal en faveur de la piste DTS. En Dolby Digital les basses sont légèrement plus puissantes, mais cela reste assez subtil. Les deux pistes offrent une très bonne spatialisation des effets sonores, utilisant parfois les enceintes surround pour nous immerger davantage dans une ambiance. Les voix sont toujours parfaitement intelligibles et essentiellement ramenés sur l’enceinte centrale. On notera le bon équilibre dynamique d’ensemble qui permet de ne pas être obligé de jouer avec la télécommande pour éviter de se fâcher avec les voisins.

Le DVD est proposé dans un beau digipack reprenant des images du film et des photos du tournage (qui n’apparaissent pas dans le film). Les menus sont sobres, mais esthétiquement réussis, reprenant l’ambiance de la chambre d’enfant de Ben. Même l’avertissement contre la copie est parfaitement intégré à l’ensemble !
Le film est accompagné de quelques suppléments qui sont disponibles avec ou sans les commentaires d’Yvan Attal.
La bande annonce du film

Making of (35 minutes) : Ce making of assez dépouillé en commentaires mérite d’être vus avec les explications d’Yvan Attal. On y voit la façon dont le tournage a été effectué, parfois différentes prises sur une même scène. Le réalisateur nous explique les difficultés du tournage, le montage du décor, la façon de contrôler les acteurs… L’ensemble est assez intéressant, même si on regrette que le commentaire manque parfois un peu de dynamisme.

Essais caméra (7 minutes) : Ces essais permettent de tester des cadrages avec les acteurs et de mettre la dernière main aux costumes et aux maquillages. Moment privilégiés pour le réalisateur, ils sont l’occasion pour Yvan Attal de revenir sur le choix de ses acteurs et sur les relations qu’il a entretenues avec eux sur le tournage.