Le voyage de Chihiro

Genre
Pays
Japon (2002)
Date de sortie
mercredi 18 décembre 2002
Durée
120 Min
Réalisateur
Avec
Producteurs
Studio Ghibli
Scénaristes
Hayao Myazaki
Compositeur
Joe Hisaishi
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Japonais
Non
Non
Non
Français
Oui
Non
Non
Anglais
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Antoine Imhoff
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
120 min
Nb Dvd
1


Manga, Japanimation. Pour le grand public ce sont des mots synonymes d’un dessin pauvre et gorgé de violence et d’une animation réduite à sa plus simple expression. Las les initiés se lamentaient et opposaient à un « Ken le Survivant » la remarquable (quoique discutable) adaptation de « Akira ». Certes « Mon Voisin Totoro » (du même Myazaki) avait trouvé son public familial mais sa diffusion en France exclusivement sous forme de VHS ne militait pas pour une réhabilitation des productions animées du pays du Soleil Levant.

 

« Princesse Mononoke » vint jeter un premier pavé dans la mare en dévoilant un conte épique nourri de tradition animiste et servi par une musique exceptionnelle (le chant des forges notamment). Bien sur la violence était encore présente mais elle n’était plus le sujet même de l’histoire juste le corollaire de l’affrontement de deux mondes, celui matérialiste des hommes et l’univers spirituel des dieux et des forces de la Nature.

 

Ce thème est à nouveau abordé dans "Le Voyage de Chihiro" mais cette fois à l'avantage des forces spirituelles.

 

 

Chihiro, une petite fille d’une dizaine d’années, fait route avec ses parents vers sa nouvelle demeure. En cherchant un raccourci qu’ils ne trouvèrent jamais (air connu…), la famille s’égare et fait halte dans ce qui semble être un parc à thème apparemment abandonné. Lors de la visite, les parents de Chihiro sont transformés en porcs. Celle-ci, livrée à elle même, trouve un allié en la personne du mystérieux Haku, qui lui apprend qu’elle est entrée dans un univers réservé aux dieux ou elle n’a pas sa place.

 

Le chemin que Chihiro va parcourir est évidemment initiatique, son but est l’éveil des forces vitales présentes au cœur de chaque être humain.  Mais il ne s’agit pas seulement d’un extraordinaire conte magnifié par la poésie de ses images et une exceptionnelle musique…

 

Car Myazaki ne parle pas seulement d’une enfant et de sa famille mais bien d’une société, de mœurs, de traditions et de respect, et la critique est acide. Nous vous proposons quelques clefs afin que chacun fasse également son propre voyage.

 

Le film s’ouvre sur le trajet en voiture de Chihiro et de sa famille vers leur nouvelle maison. Lorsque le père se trompe de chemin, Chihiro voit sur le bord du chemin de nombreuses sortes de petites boîtes que sa mère, questionnée, désigne comme d’anciennes maisons de dieux. Il s’agit en fait d’oratoires, mis en place par les nouveaux habitants d’une maison afin de s‘attirer les bonnes grâces des esprits déjà présents. Il est d’usage de se débarrasser du précédent oratoire « pollué » par les influences des précédents habitants. Cette accumulation à cet endroit du chemin peut être perçue comme le point d’entrée dans un monde différent, l’endroit où d’étranges influences se concentrent.

 

En prenant la voie de terre à pleine vitesse, le père de Chihiro explique à sa famille qu’ils n’ont pas de crainte à avoir puisqu’il a une 4X4 ! Pointe ici l’une des premières critiques sur la société japonaise, où la puissance et notamment celle de l’argent permet tout et met à l’abri du besoin. On comprend mieux que l’idée même de crise économique ait été pratiquement taboue durant des années. C’est pourquoi l’allusion qui y est faite, à propos des parcs d’attraction qui ont dû fermer, est étonnante. C’est presque une première pour un film aussi grand public. Myazaki ne s’adresse pas qu’aux enfants…

Lorsque les parents s’attablent sans gène sous prétexte que le père dispose d’une carte de crédit, le doute n’est plus permis : Myazaki fustige l’arrogance sans borne de cette population de cadres à qui leurs moyens ont fait oublier jusqu’aux règles élémentaires de politesse et de respect. Mais puisque nous sommes déjà dans le monde des dieux et qu’ils agissent comme des porcs, et bien soit, ils seront transformés en porcs. Mais d’une certaine façon il s’agit de leur véritable visage. Il n’est d’ailleurs pas sur à la fin du film qu’ils aient évolué, au contraire de Chihiro : l’espoir est dans la jeune génération.

 

A condition bien sur que l’ancienne ne l’étouffe pas et lui laisse gagner son indépendance : c’est là la signification du personnage de Bébé, dépourvu de nom pour mieux en faire la représentation de toute une génération d’enfants japonais choyés par leurs parents au point d’accéder à tous leurs désirs. De fait Bébé exige qu’on lui prête attention, qu’on le câline, tyrannise sa mère lorsqu’il n’est pas satisfait…mais sait à peine marcher.

 

Chihiro aussi se verra privée de nom mais par le biais d’un artifice magique de la sorcière Yubaba. Myazaki semble rappeler ici qu’un nom se mérite : il ne peut être donné qu’à un individu qui se prend en charge à part entière. Mais il se rattache aussi à la tradition qui veut que lorsqu’on peut nommer un être ou un objet, l’on dispose d’un pouvoir sur lui. Posséder le nom de quelqu’un c’est donc lui voler un peu de son âme, voire le contrôler.

 

Yubaba incarne la méchante sorcière tandis que sa sœur jumelle représente le Bien. Il est intéressant d’observer que jamais au cours du film les deux sœurs ne seront en présence. S’agit-il de deux facettes du même être ? Cela se pourrait tant Yubaba rappelle une autre sorcière célèbre Baba Yaga (l’homonymie est-elle innocente ?) toute droit sortie des contes russes : personnage puissant elle était capable des pires maléfices mais également de venir en aide aux opprimés à condition qu’ils exécutent pour elle une tâche.

 

Voici donc Chihiro embauchée dans la Maison des Bains des Dieux à une tâche subalterne (notamment grâce à l’aide du gros dieu blanc représentant sans doute la racine de Gingembre source de vitalité).

 

Nous assistons à la délivrance d’un Dieu des torrents transformé en Dieu putride par le fait d’une pollution qui a échappé à tout contrôle. Myazaki déplore ici les transformations qui ont affecté le paysage japonais et l’absence de respect de chacun pour un patrimoine qu’il juge essentiel (cf. Mon Voisin Totoro). Jusqu'à il y a peu, il était tout à fait admis de se débarasser des ordures encombrantes (générées entre autres par une frénésie de consommation lorsque l'économie japonaise était au plus haut) dans la nature et en ville dans le lit des rivières, peu à peu transformé en cloaque. Myazaki milite donc pour la protection de l'environnement. Une autre allusion y sera faite avec Haku, esprit d'une rivière depuis comblée par des travaux de terrassement : la nature et le paysage japonais doivent être préservés.

 

Une des forces de Chihiro est le point d'honneur qu'elle met à s’acquitter de son travail sans chercher son propre intérêt puisque sa quête est toute autre : retrouver ses parents. C’est pourquoi elle fascinera tant le Sans-Visage lorsqu’elle refusera de prendre toutes les plaquettes de bain qu’il lui offre.

 

Celui-ci se rattache à une croyance qui veut qu’au moment de mourir l’on voit défiler tous les visages qui ont compté dans son existence ; mais si le dernier n’est pas son propre visage alors cela signifie que l’on a fait fausse route et que l’on s’est perdu soit même. Devenir un Sans-Visage, c’est être une âme perdue, généralement par sa propre cupidité. Dés lors il se nourrit de celle des autres…au sens propre en les avalant ! Le Sans-Visage n’est plus rien sinon un miroir et un avertissement pour autrui. Chihiro lui redonne une existence et en l’amenant chez la sœur jumelle de Yubaba, peut être une occasion de se racheter.

 Ce qui est vraiment important pour Myazaki c’est que tous forment une communauté à la fois de liens et de buts. C’est ce que symbolise l’attache de cheveux qui est offerte à Chihiro (preuve également qu’elle n’a pas rêvé), et qui scintille brièvement à la fin du film…
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.33:1


Rassurons les fans alarmés par la polémique à propos de l'image du dvd japonais : l'image que nous avons pu visionner est exempte du fameux filtre rouge tant décrié. Sa qualité est exceptionnelle sans aucun défaut de compression, y compris dans des scènes délicates telle celle où Chihiro court au travers des buissons en fleurs.
De fait tous les dessins ont été d'abord peints à la main pour ensuite être scannés et digitalisés. La finition, l'animation et les couleurs définitives ont été traitées numériquement. C'est par transfert de ce master numérique qu'a été réalisé ce dvd. L'image résultante a la beauté d'un tableau et la fluidité des meilleures animations de synthèse.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Anglais
5.1
Français
5.1
Français
5.1
Japonais
5.1


Le son n'est pas en reste puisque sont disponibles une piste japonaise et une anglaise en 5.1 et deux pistes françaises Dolby Digital et DTS. On notera l'excellente spatialisation du son, mettant en valeur tout particulièrement la musique de Joe Hisaishi. Un vrai régal. Le début du film mêle piste musicale, dialogues et bruitages (les trépidations de la voiture) dans un mixage d'une rare élégance. Cela s'explique sans aucun doute par la décision de Myazaki d'adopter pour son film un format d'enregistrement Dolby Digital Surround EX 6.1 et DTS_ES. Le résultat est envoûtant, créant un environnement sonore qui participe à la magie du film.

 

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
0 min
Boitier
Amaray


L'interactivité est décevante puisqu’elle se réduit à des bandes-annonces. Celles-ci, au nombre de 22, sont chapitrées mais aucun index ne permet de les distinguer les unes des autres. Quoique un peu répétitives, il est toutefois très intéressant de les regarder (l'une d'entre elles présente une coloration rouge très marquée - le fameux filtre ?) car elles sont toutes différentes et très bien conçues.

L’interactivité de l’édition qui doit sortir l’an prochain devrait inclure un long documentaire de prés d’une heure à la fois making of et interview de Myazaki.

 

L’édition actuelle se décline en standard et collector, la deuxième incluant un morceau de pellicule.

 
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage