Clean

L'histoire :

Emily n'a qu'une obsession : récupérer son fils, que ses beaux-parents élèvent loin d'elle. Pour y parvenir, il faudra qu'elle reconstruise sa vie... qu'elle devienne "clean"...

Critique subjective :

Olivier Assayas est réalisateur, acteur et scénariste qui a débuté comme critique aux Cahiers du cinéma avant de passer à la réalisation. Il s’affirme très tôt comme un des plus grands cinéphiles de cinéma asiatique et réalise le documentaire HHH, portrait de Hou Hsiao-Hsien (1997), le maître de la nouvelle vague taïwanaise. Il se fait remarquer par ses courts-métrages dont Laissé inachevé à Tokyo (1982) puis réalise Desordre (1986), son premier long métrage, portrait de jeunes gens tourmentés dans lequel apparaît déjà sa passion pour le rock. Ensuite suivent Paris s'éveille (1991) avec Judith Godrèche, L’eau froide(1994). Il épouse plus tard Maggie Cheung avec laquelle il tourne Irma Vep (1995), un remake du film Les vampires (1915) de Louis Feuillade avec Virginie Ledoyen et Fin août, début septembre (1998) qui semble clore un cycle. Il enchaîne alors Destinées sentimentales (2000), l’inattendu thriller high-tech Demonlover (2001) et Clean (2003) qui marque des retrouvailles artistiques avec Maggie Cheung, séparée du cinéaste depuis 2001.

Maggie Cheung démarre sa carrière en jouant  dans des kung-fu movies puis figure au casting du premier Wong Kar-wai, As Tears go by (1988). Dès lors, elle enchaîne les films et travaille avec de nombreux réalisateurs Hong Kongais comme Tsui Hark (Green Snake, 1993), Johnny To (The Heroic trio, 1993), Ringo Lam (Double Dragon en 1992 face à Jackie Chan) puis encore Wong Kar-Wai, dans Nos années sauvages (1990) ou Les Cendres du temps (1994).
En 1995 elle entame une seconde carrière en jouant dans Irma Vep. Elle tourne dans la production américaine Chinese box (1997), puis dans Augustin roi du kung-fu (1998) mais revient surtout dans In the Mood for Love (2000) et 2046 (2003, critique ciné) de Wong Kar-Wai ainsi que dans Hero(2002) de Zhang Yimou. Elle retrouve Olivier Assayas dans Clean (2004) pour lequel elle est nominée pour le césar 2004 de la meilleure actrice.

Comme souvent dans les films d’Olivier d’Assayas, le casting est assez intéressant puisqu’on y trouve l’acteur hollywoodien, Nick Nolte (48 heures, Hulk, la ligne rouge), Béatrice Dalle (37°2 le matin, Dix-sept fois Cécile Cassard, H Story) et Jeanne Balibar (Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)) mais également le chanteur et musicien Trip Hop anglais Tricky (Le Cinquième élément,1996 ) qui joue son propre rôle.

Clean semble avoir marqué un tournant dans la carrière du réalisateur et de Maggie Cheung qui a décidé de tourner moins et de mieux choisir ses rôles. Sa filmographie Hong-Kongaise  ne lui semble pas forcément flatteuse et elle entend prendre plus de temps pour son travail. Olivier Assayas lui a offert un rôle qui correspondait parfaitement à son envie de chanter, une de ses attentes profondes. Dans Clean elle incarne une Junkie qui doit parvenir à se reconstruire face à la drogue et au décès de son mari afin de pouvoir récupérer son fils. Elle doit aussi chanter deux chansons dont une qui revient souvent dans le film et sur le générique de fin.  Les acteurs Hong-Kongais sont souvent polyvalents et il n’est pas rare à l’image de Leslie Cheung ou Ekin Cheng qu’ils soient autant des stars de la chanson que du grand écran. Peut-être cette expérience sera-t-elle le début d’une nouvelle carrière pour Maggie Cheung.

Olivier Assayas a voulu montrer Maggie Cheung sous un autre jour, plus proche de ce qu'elle est dans la réalité. Les rôles qu’elle a tenu dans les films de Wong Kar-Wai la montre comme une femme chinoise classique et raide tandis qu’elle est « une femme entre plusieurs mondes, sans nationalité précise » tout comme Emily son personnage qui passe d’un pays à un autre. C’est probablement pour cela qu’elle a eu du mal à quitter ce personnage après le tournage et que cette expérience l’a autant marqué.

L’interprétation de l’actrice et celle de Nick Nolte sont les seules qui sortent vraiment du lot ce qui s’avère assez intéressant puisque les deux comédiens ont du mettre en place une certaine dramaturgie.  L’histoire leur imposait de jouer sans extravagance et avec subtilité le rôle d’une femme qui doit avancer avec une grande prudence pour ne pas tout perdre face à un homme qui sent la vieillesse s’installer et son épouse proche de la mort.

Olivier Assayas a fait le choix de donner à ce mélodrame un rythme qui aurait pu gagner à s’aligner sur celui du film plus récent, Le livre de Jérémy de Asia Argento. Les deux films parlent de deux mères junkie en difficulté qui cherche à maintenir les liens avec leur fils. Clean est parfois un peu lent ou trop long. Les passages musicaux ne contribuent pas à produire les accélérations voulues ce qui conduit à laisser exister les personnages seuls à l’écran. Au fond le film montre une lenteur qui est proche de celle de la réalité et est peut-être utilisé afin de compenser les ellipses de la narration d’une histoire qui s’écoule sur plusieurs mois.

On a le sentiment que les évènements qui surviennent dans la vie d'Emily ne sont que des détails, des incidents mais que l'évènement intégral est le moment où elle sait qu'elle a fait son choix et en pleure. Un cycle de décadence se referme et une nouvelle vie s'offre qu'il va falloir conquérir. Dans cet effort qu'on devine presque surhumain pour devenir Clean mais que l'on ne voit bizarrement pas vraiment à l'écran le grand-père tient une place assez remarquable. Nick Nolte donne à ce personnage une humanité qui contraste avec sa carrure impressionnante.

On ressent fortement l’intérêt musical d’Olivier Assayas pour le rock avec la présence du groupe Metric dans le film et de Tricky dont il nous livre de belles images de concerts live filmés par ses soins pour le film. A l'origine, la musique de Clean devait être composée de différents morceaux écrits par plusieurs groupes et interprétés par Maggie Cheung. Ce projet, qui devait être coordonné par Tricky, n'a pas abouti, et le cinéaste a finalement choisi d'intégrer des morceaux de Brian Eno.

Verdict :

Clean est un film qui montre le parcours difficile d’une femme pour récupérer son fils et donne à  Maggie Cheung un rôle taillé sur mesure. On est aux antipodes du cinéma Hong-Kongais dans lequel l’actrice a démarré sa carrière et le Prix d'interprétation féminine qu’elle a reçu au Festival de Cannes en 2004 semble lui avoir ouvert de nouvelles perspectives de carrière. Un mélodrame un peu exotique avec un casting intéressant sur un thème contemporain.

Le master est très propre et on en note que quelques rares petites taches blanches. La compression est très bonne mais on remarque des striures avec un peu de scintillement sur certaines formes de l’arrière-plan ce qui diminue la netteté des arrière-plans sans que cela ne soit vraiment gênant puisqu’à moins de focaliser sur cette partie de l’image il n’y a pas matière à être perturbé. Le contraste est très bon et les noirs profonds ce qui rend bien les ambiances de salles de concert. Il arrive que l’image soit un peu fadasse mais ça a plutôt l’air de venir d’un choix d’éclairage et d’étalonnage de la production pour tourner de nuit comme sur la scène (10 mn environ) où Emily se pique dans sa voiture. Les couleurs sont aussi assez belles et restent dans les tons bleues et verts de la partie tournée aux Etats-Unis puis se réchauffent avec les images tournées en europe.

Clean est livré avec une piste audio DTS 5.1 (768 Kbps) et une deuxième piste audio Dolby Digital 5.1 (448 Kbps). La piste DTS est très correcte en particulier lors des scènes de concert avec Metric. Les deux pistes sont à peu près équivalentes sauf que la piste DTS semble proposée une enveloppe sonore un peu plus gonflée et étoffée. Les basses semblent un peu plus subtiles sur la piste DTS que sur la piste Dolby Digital. On a une utilisation des surround qui se révèle surtout sur les passages musicaux en concert. En somme deux pistes honorables.

Les bonus ne sont pas très excitants car les concerts live montrent presque les mêmes images qui figurent dans le film avec quelques rajouts donc pas de surprises. Seuls les deux interviews sont vraiment intéressants pour ce qu’ils permettent d’apprendre sur les deux acteurs, leurs manière de travailler et leurs projets.

Bonus :
- Concerts live de Tricky filmé par Olivier Assayas (4 mn 34)
- Concerts live de Metric filmé par Olivier Assayas (6 mn 41)
- Interview de Maggie Cheung (13 mn 48)
- Interview de Nick Nolte (6 mn 56)
- Bandes-annonces du catalogue ARP (7 mn 51) : Clean, Nobody knows, Mariage et conséquences, L’histoire du chameau qui pleure, Les sentiments
- Lien Internet http//www.tf1video.fr et http://www.arpselection.com

Menus
Menus sobre et dans l’esprit du film avec des fonds animés reprenant des images du films et la musique de la chanson interprétée par Maggie Cheung. La touche Title permet de changer la langue à la volée.