Monsieur Batignole

Paris, juillet 1942. Edmond Batignole, petit commerçant, s'accommode tant bien que mal de l'occupation allemande. Jusqu'au jour où le sort d'un petit garçon juif l'oblige à s'engager et fait de lui, malgré lui, un héros fort ordinaire...



Pour une grande partie du public, le nom de Gérard Jugnot sera toujours associé à l'étiquette d'acteur comique, avec entre autre les rôles de Bernard (Les Bronzés) et Félix (Le Père Noël est une ordure) mais aujourd'hui Jugnot est devenu une valeur sûre dans un autre domaine (tout en restant acteur) : la réalisation. Tout commença pour lui en 1984, avec son premier long métrage : Pinot simple flic. Cette première mise en scène ne se détachait pas encore foncièrement de ses anciens personnages. Il faudra attendre Une époque formidable (1991) pour entrevoir les prémices d'un changement de style, avec la comédie noire. Son septième film, Meilleur espoir féminin (2000) poursuit définitivement dans ce registre, et est suvi deux ans plus tard par Monsieur Batignole.

Dans Monsieur Batignole, Jugnot s'attaque au sujet sensible de la seconde guerre mondiale, sujet maintes fois abordé dans le cinéma. Cette fois-ci, il endosse le costume de charcutier, après avoir été flic, scout ou encore SDF auparavant. Un rôle de français ordinaire qu'il affectionne de plus en plus ; en outre, le spectateur s'identifie plus facilement à ce genre de personnage assez simple. Pour interpréter ce commerçant à moitié corrompu, Jugnot s'est livré à un jeu d'émotion et de tendresse admirable qui nous fait oublier tous ses autres rôles passés. Les autres acteurs ne sont pas en reste, Jean-Paul Rouve (Le robin des bois) est très convaincant dans son rôle de collaborateur, tout comme Jules Sitruk qui joue l'enfant juif recueilli par Batignole.

Au niveau de l'histoire, la relation qui unit ce charcutier à cet enfant juif est le thème principal du film. Il veut se rendre utile après avoir subi de façon passive l'occupation. Pour cela, il essaie de le sauver en le cachant, il remplace en quelque sorte le père qui n'est plus là.

On regrettera toutefois quelques maladresses scénaristiques qui permettent certes, la continuité de l'histoire, mais au détriment de la crédibilité de celle-ci. Egalement présent, les clichés habituels sur la seconde guerre mondiale, comme par exemple le "bon vieux" nazi (ressemblance avec celui de "la grande vadrouille").

Mais cela n'influence guère notre jugement, Monsieur Batignole étant une oeuvre touchante, qui réussit à mêler comédie au drame pour un résultat des plus satisfaisant.Gérard Jugnot signe un, sinon le meilleur de ces films, et le producteur Claude Berri l'a bien remarqué en lui proposant la réalisation du prochain Astérix (Astérix chez les Hispaniques), mais ça, c'est une autre histoire !

L'image est de très belle tenue, parfaitement saturée et définie, avec un contraste excellent (le début du chapitre 10 est un bon exemple de l'impeccable colorimétrie). La photographie est retranscrise avec une grande fidélité par rapport à son passage en salle, de plus, le master est exempt de tout défaut.

Une seule piste est présente sur le dvd : la Dolby Digital 5.1. La majeure partie du film est monopolisée sur les enceintes avant, aucun problème apparent, le son est limpide  et les effets sont précis. A l'arrière, rien de bien fracassant, c'est souvent le calme plat, même si quelques ambiances pointent leur nez de temps en temps.

DVD :



- commentaire audio de Gérard Jugnot. Il explique la difficulté à tourner certains plans du fait qu'ils nécessitent une grande préparation, notamment quand il y a beaucoup de figurants. Il revient dès qu'il le peut sur le déroulement de la scène présentée et aussi, sur la reconstitution historique. C'est très riche et instructif !

- commentaire audio des enfants. Bien évidemment ils n'ont pas l'aisance d'un professionnel comme Jugnot, parfois c'est même un peu confus, mais ils sont naturels et apportent des anecdotes très croustillantes.

- Making of (26mn). Il est ponctué d'interviews de Gérard Jugnot, du scénariste et des comédiens (Jules Sitruk, Michèle Garcia, Jean-Paul Rouve...), d'images du film et des principaux lieux de tournage. C'est une sorte de featurette à "la française" mais bien plus passionnant que celles des américains.

- Le temps d'un tournage (4mn30). 3 mini-reportages diffusés sur TF1 sur le chef décorateur, la costumière et Gérard Jugnot. Ces trois petits sujets ressemblent trop à certains passages du makin of, en plus c'est vraiment court !

- Casting des enfants (9mn). Bonus qui n'est pas souvent présent dans les suppléments, et pourtant, la comparaison entre la répétition et la scène du film est très intéressante. - Bêtisier (5mn). Toujours aussi plaisant à regarder !

- Les français sous l'Occupation (20mn). Documentaire historique décomposé en 11 sections. IIs sont plutôt axés sur le quotidien des personnes vivant sous l'Occupation : comment se nourrir, se déplacer... Un bon enseignement sur l'histoire de cette guerre, qui aide à mieux comprendre le film.

- Bande-annonce, galerie de photos et liens internet.

 

CD-Rom :

- Historique et pédagogique. "C'est arrivé près de chez nous" permet une reconstitution historique des évènements, avec tout d'abord, des repères chronologiques (de janvier 1933 à août 1945) qui reprennent les principaux faits marquants de la guerre. Ponctué ensuite, par une série de documentaires sur Paris sous l'Occupation comprenant des documents d'archive.