L'histoire :
Années 60, banlieue parisienne. Parce qu'elle ne fait rien comme les autres, Hannah, seize ans, a choisi de jouer de la contrebasse. Par amour du jazz d'abord, mais aussi parce qu'elle croit rassembler à cet instrument obèse, intransportable, et quasiment inutile en solo...
Critique subjective :
Pour son premier long-métrage Lorraine Lévy a choisit d’adapter le roman La Première fois que j'ai eu 16 ans de Susie Morgenstern ; le titre ayant été légèrement modifié pour les besoins du film. Lorraine Lévy a été scénariste sur différents téléfilms dont "Joséphine, profession ange gardien" (1997) ou Lagardère (2003) pour lequel elle a signé le scénario, l’adaptation et les dialogues.
Elle a expliqué avoir naturellement « ressenti une filiation entre ce livre, le scénario qu’elle avait envie d'écrire et le film qu’elle avait envie de faire ». Afin de raconter l’histoire de Hannah et de mettre en image tous les thèmes qui lui sont chers comme la passion du jazz, les problématiques de l'adolescence ou encore l'acceptation de la différence, la réalisatrice a constitué un casting étoffé qui compte Marilou Berry, Serge Riaboukine, la truculente
Catherine Jacob ou Pierre Arditi.
Marilou Berry a commencé sa relation au cinéma en naissance fille de Josiane Balasko et de Philippe Berry (qui a aussi fait quelques petites apparitions dans des films) et nièce de Richard Berry. Elle figurait déjà dans Ma vie est un enfer en 1991 puis on l’a retrouvé dans Comme une image (2004) juste avant La première fois que j’ai 20 vingt où elle incarnait des adolescente rebelle. Son prochain film devrait être Il était une fois dans l'oued (2005).
Elle est épaulée par deux acteurs très intéressants Serge Riaboukine et Catherine Jacob qui ont déjà partagés des tournages ensemble. Serge Riaboukine est abonné aux seconds rôles et au cours de sa longue carrière on a pu le voir dans des réalisations très différentes comme La discrète (1990), Western (1997),
Pas sur la bouche (1998), Antilles sur Seine (2000)
Les rivières pourpres II - Les anges de l'apocalypse (2004) ou Comme une image (2004). Catherine Jacob a démarré en jouant des séries télévisées comme Marie-Pervenche (1984) puis a enchaîné les apparitions dans Vie est un long fleuve tranquille, La (1988),
Tatie Danielle (1990), Mon père, ce héros. (1991) ou Le bonheur est dans le pré (1995). Le casting compte également
Pierre Arditi (
Le mystère de la chambre jaune(2003),
Pas sur la bouche (2003)) ou Laurent Spielvogel (Astérix et Obélix contre César (1999), la série TV "Palace" (1988)).
La première fois que j’ai eu 20 ans met aussi en avant le talent des deux actrices qui incarnent les sœurs de Hannah autour de laquelle se construit l’univers d’une jeune fille juive vivant dans les années 60 et désireuse de rentrer dans le groupe de Jazz de son lycée. Pour cela, elle doit cependant affronter le machisme de ces camarades masculins et ses propres complexes. Le personnage incarné par Marilou Berry semble comme frapper par un mimétisme avec son instrument à moins qu’elle ne l’ait choisi pour donner une forme à ses complexes et son mal-être qui la pousse à dire qu’elle aimerait être heureuse pour perdre du poids.
Après le rôle de Lolita dans Comme une image (2004, critique cinéma) où elle chantait, Marilou Berry est musicienne pour ce nouveau rôle. L’actrice voulait apprendre à jouer réellement de la contrebasse mais les trois mois dont elle disposait n’y suffisait pas aussi a t-elle décidé de les mettre à profit pour apprendre à faire semblant de savoir en jouer ce qui est très convaincant à l’écran. Marilou Berry a trouvé avec ce rôle l’occasion d’incarner probablement pour la dernière fois une adolescente. Il est assez amusant de voir les traits de ressemblance entre la jeune actrice et sa mère Josiane Balasko ce qui se double dans ce film avec une étrange ressemblance avec coluche.
L’histoire met en perspective à la fois les difficultés de l'adolescence et les problèmes de discriminations tant sexuelles avec le personnage de l’oncle homosexuel incarné par Pierre Arditi que raciales puisque l’on suit une famille juive dont la mère reste très marqué par les camps de la mort et que Hannah doit subir les mauvaises plaisanteries parfois antisémites de ces camarades du jazz-band. Le film aurait pu s’embourber dans des lieux communs sur la famille juive mais finalement la famille Goldman s’avère très sympathique avec des parents incarnés par Catherine Jacob, toujours aussi douée et Serge Riaboukine, un père mécanicien, un tantine atteint de beaufisme qui pige pas grand-chose au Jazz mais tient à faire shabbat.
Il est vrai que le film repose sur plusieurs moteurs comiques dont le personnage de Hannah qui a hérité de sa nature un physique et une réparti qui ne manque pas de faire rire. Serge Riaboukine et Catherine Jacob forment un couple qui semble tout à fait naturel tout en procédant d’un habile équilibre entre un père fantaisiste et une mère pratiquement intrusive pour ses filles. Catherine Jacob s’amusait d’ailleurs beaucoup à imaginer comment cette mère pourrait influencer ses trois filles qui affirment des caractères très variés ce qui les rend très attachantes en dépit de l’insouciance de la grande sœur, de la pruderie de la cadette et du désespoir adolescent mais relatif de Hannah. A cet égard on perçoit l’amour que porte la réalisatrice à ses personnages et aux acteurs qui les incarnent.
Le personnage de l’oncle homosexuel qu’Hannah aime beaucoup pour l’originalité de son orientation sexuelle et le fait qu’il l’assume, incarne parfaitement semble t-il l’originalité et la liberté que recherche la jeune adolescente. Elle perçoit sans doute que son besoin d’une vie excitante et pleine de paillettes doit demander autant d’effort et de force que celui qui dicte d’assumer et de vivre une orientation sexuelle et un choix de vie propre.
Verdict :
Pathé nous propose de découvrir La première fois que j’ai eu 20 ans, la première réalisation de Lorraine Lévy qui rassemble un casting étoffé plutôt habitué aux comédies. Au-delà de la comédie ce film explore certains autres aspects de la vie ou thèmes tels que la méchanceté basée sur une discrimination sexuelle ou raciale, la famille Juive, la difficulté à dépasser des complexes ou encore à assouvir ses aspirations. La dimension comique l’emporte cependant sur fond musical des années 60.