Death Duel

L'histoire :

Un chevalier errant, artiste martial réputé surnommé "Le 3ème Maître", est défié à tout instant où qu'il aille. Se faisant passer pour mort pour mener enfin une vie paisible, il tombe amoureux d'une belle prostituée. Mais un rival inconnu n'aura de cesse de le provoquer pour le faire sortir de sa retraite...

Critique artistique :

Après avoir découvert le très intéressant Intimate confessions of a chinese courtisan (1984) qui met en scène Lily Ho et Betty Ting Pei, CTV propose une édition de Death Duel (1977), un deuxième film du réalisateur Chu Yuan que l’éditeur a pris également soin de sortir avec l’avantage de la désormais fameuse qualité de restauration de la société Celestial Pictures également présente sur les titres de la Shaw Brothers édités par Wilde Side Vidéo. Intimate Confessions of a Chinese Courtesan (1972)  a été un film événement à sa sortie car les mœurs de l’époque interdisaient aux femmes d’avoir un amant et les relations homosexuelles étaient condamnées. Pour cette raison, ce film attira un public considérable qui accepta l’homosexualité de ce couple lesbien. Dans la foulée de ce succès, en 1984 Chu Yuan a signé le remake Lust for love of a Chinese Courtesan (1984) avec Candice Yu dans le rôle titre. Cette dernière évoque d’ailleurs cet épisode de sa carrière dans l’interview bonus où elle souligne la dimension érotique que ce remake renforce.

Death Duel était l’occasion de mettre en avant Derek Yee et Candice Yu, deux nouveaux acteurs que la Shaw Brothers présentait comme les nouvelles stars du cinéma de l’époque. Dans la bande annonce originale, Derek Yee occupe cependant la tête d’affiche et on retrouve un casting masculin complémentaire particulièrement fournit. On retrouve donc des acteurs aussi talentueux que Lo Lieh, Ti Lung, David Chiang ou Ku Feng qui ont sans doute permis de construire une intrigue plus étoffée et crédible compte tenu des nombreux combats présents dans ce film. Derek Yee et Candice Yu semblent avoir eu une carrière relativement peu étoffée comparativement à d’autres acteurs Hongkongais. En effet, Candice Yu s’est retirée du monde du cinéma pour privilégier sa vie privée et ne compte qu’une vingtaine de films à son actif tandis que Derek Yee s’est distingué autant en tant qu’acteur que réalisateur, scénariste ou producteur. Les deux acteurs ont également en commun Heaven Sword and Dragon Sabre I & II (1978) et Buddha's Palm (1982).

Des la deuxième minute de Death Duel,  on assiste à une scène de combat qui donne le ton de l’histoire. Le personnage Yan le Treizième tu plusieurs de ses adversaires en 13 coups de sabres exactement comme il leur avait prédit quelques secondes auparavant. Death Duel est placé sous le signe de l’excellence martial et du maniement du sabre entre des combattants rivaux se disputant le titre un meilleur sabreur détenu par Le 3ème Maître, un sabreur exceptionnel. On touche ici à l’esprit du sabreur dont le Wiu Xia Pian a fait une des figures favorites (voir le sabreur manchot, le sabreur solitaire, 1969 par exemple). L’ironie veut que l’on retrouve David Chiang, le sabreur manchot de La rage du tigre (1971) de Chang Cheh, sous les traits d’un sabreur surdoué comme souvent mais devenu fou d’avoir été trop expert dans son art martial. A ces côtés Lo Lieh également doté d’une maîtrise parfaite de son art défend les oppressés dans l’anonymat afin d’éviter les incessants affrontements de rivaux potentiels. Sur ce point on rejoint les difficultés rencontrées par les pistolero de Sergio Leone dans Mon nom est personne (1973).

Les pièges monstrueux et machiavéliques se succèdent dans Death Duel dont l’intrigue constitue avec son casting un atout certain. La succession des combats sera inévitablement appréciée des amateurs mais risque de lasser les autres. Cependant le final ménage une issue qui laisse songeur.

Verdict :

Death Duel est un film qui vaut principalement pour son intrigue et son casting fournit autorisant des enchaînements de combats plutôt gonflés. On préférera Intimate confessions of a Chinese courtisan à Death Duel qui lui est inférieur. L’édition est cependant de très grande qualité technique l’on apprécie la beauté de la photo dont savait nous gratifier le créatif Chu Yuan.

L’image du générique avec des vues de nuit est un peu désaturée par moment mais ça passe vite et on retrouve la bonne qualité des restaurations de Celestial Pictures. On a un beau contraste duquel émergent des lumières éblouissantes mais douces. Les couleurs sont plutôt belles. La lumière irradie et donne lieu à une belle réverbération. Il faut admirer (à la 20ème minute) le passage de la nuit extérieure à l’intérieur du lupanar si rose puis (au bout d’1h 19) un passage durant lequel la lumière diaphane des lampes et du costume de Long est particulièrement belle et enfin (au bout d’1h 45) une lumière diurne incroyable. Donc, toujours la belle qualité de restauration sur els titres de la Collection Shaw Brothers.

Les effets de spatialisation sont faibles voire inexistants et difficilement distinguables en revanche on a droit à des sons graves qui procurent un bon effet de basse (1heure 7 mn durant le duel entre les deux opposants). Les coups portés sont très forts ce qui donne à cette piste une puissance dans les graves assez remarquable quand on pense qu’il s’agit d’une piste dolby digital 2.0 comme quand on entend (41mn 45) le son de la contrebasse qui a beaucoup d’amplitude. A la 49ème mn, les sons musicaux deviennent aussi métalliques et criards que ceux du bruit des épées et on distingue nettement le son particulier que fait le cadavre quand on le porte (57 mn 45). On entend des sons de basses très présentes en provenance des enceintes avant lors du combat qui intervient au bout d’1h 21mn.

Bonus

- Candice Yu : L’Ange de la Shaw (22mn 32): Un interview assez longue durant la quelle l’actrice retrace sa carrière. Candice Yu explique comment s’est passé sa collaboration avec la Shaw Brothers et Death Duel, son premier film avec la société de production Hongkongaise et surtout avec le réalisateur Chu Yuan qu’elle présente comme un personnage très créatif capable d’improviser sur le tournage. Document assez bien fait sur le film et qui donne la parole à Candice Yu, actrice fort sympathique que la Shaw Brothers voulait imposer avec Derek Yee comme le nouveau duo d’acteur de l’époque. Après Death Duel, l’actrice a tourné notamment dans  Heaven Sword and Dragon Sabre (1978), Lust for Love of a Chinese Courtesan (1984) qui suivait le succès de Intimate Confessions of a chinese courtisan (1972),The Legend of the Swordsman (1981 aux côtés d’un Jet Li encore apprenti Star, ou The Spy Dad (2003) avec Tony Leung Ka-Fai dont on sait qu’il a eu une longue traversée du désert de 10 années durant laquelle il a entre autre vendu des jouets dans la rue. Récemment elle a tourné dans Jo Sok (2005) avec David Chiang.
- Bande-annonce originale (4mn, une durée qui laisse songeur) où Derek Yee est présenté comme une nouvelle vedette talentueuse, cité en tête de casting (Candice Yu est citée sous le nom On-on Yu) et avant une flopé de stars du Wu Xia Pian comme Ti Lung, David Chiang, Lo Lieh. Il est amusant de voir que la bande annonce présente Death Duel comme «  Un nouveau type de film d’action ».
- Nouvelle bande-annonce (53 mn)
- Collection Shaw Brothers : Intimate confessions of a chinese courtisan, Vengeance, Shaolin Temple, The Super Inframan, Buddah’s Palm, Les 13 fils du dragon d’Or, Les 12 médaillons d’Or, Le colosse de Hong Kong, Human Lanterns, The Bastard, Le sabreur Solitaire.

Menus
Menu au style simple agrémenté d’images de fond statique et de musique. Un chapitrage est proposé.

Packaging
Digipack dans le style de la collection, propre et élégant.