Empire Falls

L’histoire

La petite ville d’Empire Falls, dans le Maine, au bord du fleuve Knox, vivote depuis la fermeture et la vente des outils de production de la grande usine de textile appartenant à la famille Whiting, qui possède la moitié de la ville, a vendu. L’âge d’or étant passé, toute la population a dû s’adapter à la nouvelle donne économique sous la domination de Francine Whiting (Joanne Woodward) qui dirige la ville d’une main de fer.

Miles Roby (Ed Harris) est l’un des habitants de cette bourgade. Il est gérant de l’Empire Grill, un petit restaurant qui appartient aux Whitings. Bridé par Francine Whiting qui ne souhaite pas qu’il vende d’alcool, il ne parvient pas à dégager suffisamment de bénéfices pour voler de ses propres ailes. Sa situation familiale n’est pas non plus à la fête : il est en instance de divorce d’avec sa femme Janine (Helen Hunt), qui va se remarier avec l’un de ses fidèles clients, Walt Comeau (Dennis Farina), qui dirige un club de sport. Sa fille, Tick (Danielle Panabaker) est en pleine crise d’adolescence et est perturbée par le divorce autant que par ses problèmes au collège. Enfin, son père Max (Paul Newman) ne manque jamais une occasion pour piquer dans la caisse et lui faire honte en étalant ses mauvaises manières.

En plus de tout cela, le lourd passé de Miles ne cesse de le hanter et d’influencer sa vie. Saura-t-il enfin prendre son destin en main pour trouver une certaine liberté ? …

Empire Falls

À l’origine de ce film il y a tout d’abord le roman « Le déclin de l’empire Whiting » (Empire Falls) de Richard Russo, publié en 2001 et qui obtint le prestigieux prix Pulitzer en 2002. L’auteur, ancien professeur de littérature né à New York en 1950, y décrit la vie quotidienne, morne et teintée de désespoir d’une Amérique profonde qui ressemble tellement à toutes ces régions (y compris européennes) où la « mondialisation » à laissé les populations sur le carreau.

Le succès littéraire du livre s’est accompagné par une reconnaissance immédiate dans le milieu du cinéma. Paul Newman y voit un sujet qui mérite une adaptation cinématographique à sa mesure. Pour ne pas dénaturer le livre, il convient toutefois d’accorder à l’auteur suffisamment de ‘durée’ pour laisser se développer la psychologie des personnages. L’acteur/producteur contacte Richard Russo et lui demande de travailler sur un script adaptant son roman au format ‘mini-série’ avec deux épisodes de 1h30 pour la télévision. Côté réalisateur, c’est l’australien Fred Schepisi (Roxanne, La Maison Russie) qui est sollicité, mais Paul Newman lui apporte un casting en or. En s’engageant également comme acteur dans le projet, avec sa femme, Joanne Woodward, il attire des stars d’Hollywood, comme Ed Harris (Apollo 13), Philip Seymour Hoffman (Truman Capote), Helen Hunt (Ce que veulent les femmes)…

Pour plus de réalisme, le film est tourné dans le Maine, à Skowhegan et Waterville, avec la participation des populations locales, si bien décrites par Richard Russo. Son travail sera récompensé par deux Golden Globes (meilleure mini-série et meilleur second rôle pour Paul Newman) et un Emmy Award (meilleur second rôle pour Paul Newman).

Critique subjective

On rentre lentement dans l’univers d’Empire Falls. Fred Schepisi et Richard Russo prennent le temps de mettre en place le décor et de nous laisser apprécier la complexité des personnalités de chacun avant de nous laisser entrevoir le passé qui permettra de comprendre le présent et d’appréhender l’avenir. Si l’histoire en elle-même est assez banale et aurait pu avoir lieu n’importe où, la grande réussite de cette mini-série vient du jeu des acteurs qui est résolument un gros ton au-dessus de ce qu’on a l’habitude de voir dans les productions destinées à la télévision. C’est tout naturellement que Paul Newman et Ed Harris sortent du lot. Le premier campe à merveille un vieillard soupe au lait qui prend un malin plaisir à pourrir la vie de son fils, mais se révèle surtout à la recherche d’une relation père/fils qui lui est refusé à cause de son passé. On sent bien que l’acteur a monté tout ce projet uniquement pour pouvoir incarner un rôle qui lui procure un immense plaisir de jeu ! Le personnage principal de Miles Roby est également superbement incarné par un Ed Harris qui parvient à montrer toute la subtilité psychologique de cet homme à la fois intelligent et avisé en affaire, mais fragile par la difficulté qu’il éprouve dans ses relations avec les femmes à cause du souvenir, trop présent, de sa mère (incarnée par une très inspirée Robin Wright Penn qu’on a vue dans ‘Incassable’ et dans ‘Forest Gump’). Les personnages secondaires ne sont d’ailleurs pas en reste, avec une belle performance de la jeune Danielle Panabaker qui incarne l’adolescente sans excès et avec beaucoup de justesse.

On prend donc un grand plaisir à voir cette adaptation très réussie du roman de Richard Russo et ce DVD vous fera donc passer un bon moment à savourer tout le talent de cette bien belle brochette d’acteurs !

L’image du film est absolument parfaite, surtout quand on considère qu’il s’agit d’une série télévisée. La définition est excellente et laisse entrevoir tous les détails des décors. Les couleurs sont précises et réalistes et l’ensemble concourt grandement à l’immersion qui prend peu à peu le spectateur dans cette vie quotidienne de l’Amérique, loin des clichés.

Ce DVD bénéficie d’une très bonne qualité audio et d’un choix de deux pistes sonores principales : Dolby Digital 5.1 anglais ou Dolby Stéréo Surround français. Si la première piste reste le choix à privilégier pour sa dynamique, qui donne toute son ampleur à la belle musique de Paul Grabowsky et restitue à merveille les voix originales des acteurs, la piste française n’est pas en reste. L’éditeur Warner Home Vidéo et HBO vidéo ont fait un superbe travail sur cette adaptation française avec un choix de voix qui collent très bien aux personnages et une intégration qui pourrait presque donner l’impression que le film est tourné dans notre langue (ce qui est particulièrement visible lors du mariage de Janine, quand son nouveau mari chante… en français !).

Bien que ce film ne soit pas vraiment propice aux grands effets sonores, l’ambiance de la petite ville d’Empire Falls est parfaitement rendue, avec une spatialisation qui mérite pleinement l’utilisation d’un environnement ‘home-cinéma’ et même quelques effets surround, même si ce canal est surtout réservé à la musique.

Les deux DVD du film, édité par Warner Home Vidéo, sont présentés dans un coffret assez classique surmonté d’un fourreau cartonné. À l’insertion, on est tout de suite frappé par une chose surprenante en ces temps de harcèlement des consommateurs : il n’y a aucun écran ou clip vous affirmant que vous êtes un dangereux pirate ! Il est même possible de zapper le logo animé de HBO Films et de passer directement au menu. Bravo à l’éditeur pour cette marque de respect envers les consommateurs ! Pourvu que ça continue !!!

Au chapitre des suppléments, en dehors du classique chapitrage, on trouve deux éléments, surtout réservés aux anglophones :

Commentaire audio du réalisateur Fred Schepisi et du scénariste (et écrivain) Richard Russo.

Ce commentaire n’est malheureusement disponible qu’en anglais et sans aucun sous-titre, ce qui le rendra difficilement accessible à ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare, surtout quand le réalisateur à un accent australien et le scénariste un bel accent américain. Les deux principaux artisans du film parlent de la façon dont le roman a été adapté, des décors, des acteurs… Fred Schepisi revient aussi sur sa carrière au cinéma alors que l’écrivain donne des pistes sur ses sources d’inspiration.

Les coulisses du tournage (11 minutes - VOST)

En fait de coulisses, il s’agit surtout d’un petit film de promotion de la mini-série. On y apprend tout de même où le long-métrage a été tourné et on y voit surtout Paul Newman sans les maquillages du film !