L’histoire :
Empoisonné par un mafieux, le tueur à gages Chev Chelios doit constamment augmenter son taux d’adrénaline afin de retarder au maximum l’heure de sa mort.
Critique subjective :
Pas facile de renouveler le cinéma d’action. Engoncé dans ses conventions, le genre apparaît aujourd’hui quelque peu sclérosé, du moins si l’on s’en tient à la majorité des dernières grosses productions US dans le domaine. Les dernières révolutions formelles (merci messieurs Hark et McTiernan) ne datent plus d’hier et les tentatives malheureuses (mentionnons les derniers films de Tony Scott qui n’ont d’autre effet que de piquer les yeux) sont plus nombreuses que les réussites (rien d’étonnant lorsque les nababs d’Hollywood préfèrent confier Die hard 4 à un tâcheron plutôt qu’à Florent Emilio Siri …). Conscients de la difficulté d’apporter du sang neuf au genre, Mark Neveldine et Brian Taylor ont pris le parti de lui injecter une bonne grosse dose d’adrénaline et de titiller le beauf qui sommeille en chaque spectateur (si si). En dépit de l’apparente simplicité du processus employé, le résultat, Hyper tension (Crank), se révèle probant.
Le tueur à gages Chev Chelios (Jason Statham, la petite star montante de l’actioner décérébré) est mort. Du moins c’est tout comme étant donné que son cœur va s’arrêter de battre d’ici une heure environ. Dur dur de se réveiller un matin et d’apprendre que, pendant votre sommeil, un mafieux chinois vous a injecté le cocktail de Beijing, la « chinese shit », faisant de vous un macchabée en sursis. Chelios n’aura dès lors qu’un moyen d’allonger sa maigre espérance de vie : forcer son organisme à sécréter de grosses doses d’adrénaline. N’ayant plus rien à perdre, il essaiera de prolonger son existence par tous les moyens (combattre, conduire très dangereusement, se gaver de Red Bull, etc.), ne serait-ce que pour avoir le temps de se venger avant de rendre son dernier souffle.
Film concept, Crank mise sur l’action non-stop. « Action non-stop », une formule ô combien galvaudée (elle fleurit volontiers dans les vidéoclubs) qui trouve ici sa première illustration véritable. Se déroulant à cent à l’heure, le métrage affiche un tempo endiablé que la bande originale prend souvent plaisir à contraster. Caméra hyper mobile (en voilà une utilisation pertinente de la DV) et montage effréné (nombre de plans faramineux, split-screens à foison) sont de la partie et s’avèrent, pour une fois, entièrement justifiés par le postulat initial de l’œuvre.
S’il affiche un indéniable côté comic book (notamment au niveau des personnages), Hyper tension se réclame avant tout du jeu vidéo (multiples références explicites à l’univers vidéo ludique). Plus encore, le film de Neveldine et Taylor se pose comme une adaptation officieuse de GTA (Grand Theft Auto), un titre dont il reprend l’esprit badass décomplexé et l’humour transgressif bien senti. A la franchise phare de Rockstar, Crank emprunte aussi ses vues aériennes de Los Angeles (des plans « Google earth » qui évoquent le premier opus du jeu) et de nombreuses poursuites motorisées au cours desquelles le personnage principal utilise moult véhicules (taxi volé à son propriétaire, moto « empruntée » à un policier, etc.). On retrouve ainsi l’esprit GTA à travers des scènes jubilatoires : Chelios consommant toutes sortes de « produits » (dont des drogues diverses) afin de stimuler son cœur, course poursuite ravageuse dans un centre commercial (la Blues brothers attitude), héro en érection pendant toute une partie du métrage (vive l’épinéphrine) et levrette en plein Chinatown sous les yeux d’un public asiatique enjoué !
Verdict :
Si l’on regrette que Hyper tension n’aille pas tout à fait au bout de sa démarche (le rythme fléchit légèrement au bout d’une heure et le métrage aurait donc gagné à être un peu plus court), le film n’en demeure pas moins une œuvre ambitieuse, survoltée et généreuse. Une certaine idée du divertissement cinématographique dans sa forme la plus pure. Allez, on laisse son cerveau au vestiaire et on apprécie le voyage.
- Mode adrénaline (84 minutes) : Cette option inédite permet de visionner le film avec une petite fenêtre supplémentaire à l’écran, fenêtre qui permet à plusieurs intervenants (réalisateurs, comédiens, producteurs, etc.) de nous livrer leurs impressions. Tous les points importants de la confection du métrage sont ainsi balayés. Au final, on tient là un commentaire vidéo très complet même si la forme relève quelque peu du gadget.