Le dernier roi d'Écosse

Pour cette réalisation de l’écossais Kevin MacDonald, c’est en Ouganda que se portera son attention, et plus particulièrement sur l’une des figures les plus tristement célèbres du continent africain en la personne du dictateur Idi Amin Dada, qui régna entre 1971 et 1979. A l’origine, il s’agit d’un roman Giles Fodyn, paru en 1998. A travers cette relation entre un médecin écossais et le dictateur, Kevin MacDonald veut nous faire percevoir les différents aspects de ses personnages.

Si le personnage du docteur est fictif, il n’en demeure pas moins le pivot de cette histoire. Car c’est à travers ses yeux que l’on découvre Idi Amin Dada. Des yeux pour le moins indulgents et naïfs. Lui qui était parti en Ouganda afin d’aider les habitants de ce pays, se retrouve aux côtés d’un tiran. Et c’est justement cette proximité qui va l’aveugler, et lui faire perdre la notion des réalités.

Le fait de ne percevoir Amin Dada que par le biais d’un seul regard en fait quelque peu perdre l’intérêt historique au film, mais permet de bien saisir certaines nuances. En ce sens, le film en devient une vision personnelle et fascinante du dictateur.

Et qui mieux que Forest Whitaker pour incarner Amin Dada ? L’acteur américain est tout simplement exceptionnel dans le rôle de ce dernier roi d’Ecosse, nom qu’il se donna en raison de son amour pour le pays britannique. Jouant de manière magistrale sur les ambiguïtés de ce rôle, il nous offre une prestation nous permettant de saisir les différents traits de caractères de ce dernier roi d’Ecosse, entre paranoïa, cruauté, fausse générosité et désir de tout contrôler.

A ses côtés, le personnage pivot du médecin écossais, qui devient le médecin particulier du dictateur est incarné par un James McAvoy des plus convaincants. Son enthousiasme est quasi communicatif avec le spectateur, qui ne peut qu’avoir des élans de sympathie avec le dictateur qui le charme et le manipule à merveille.

Enfin, pour clore la revue d’effectif d’un casting de grande qualité, on redécouvre avec plaisir Gilian Anderson (Scully dans X-Files) dans un second rôle très attachant.

Si les scènes de massacre ne sont pas représentées dans le film, certaines séquences n’en demeurent pas moins d’une violence et d’une cruauté difficilement soutenable pour un public peu averti. A ce titre, les âmes sensibles seront invitées à passer leur chemin.

Le regret que l’on pourrait émettre concernant ce film serait le manque de retranscription historique. Il n’est pas ici question de fournir un pseudo documentaire sur Amin Dada, mais de le découvrir à travers les yeux de son médecin. Ou comment on peut tomber sous le charme d’un monstre, si l’on ne se montre pas assez vigilant. En ce sens, le film atteint parfaitement sa cible, et demeure une œuvre intéressante, magnifiée par son acteur principal.