En pleine de guerre du Liban, un pilote de chasse israélien se retrouve isolé dans un camp de réfugiés palestiniens. Pour s’en sortir, il n’a d’autre choix que de faire confiance à Fahed, un jeune palestinien qui rêve de revoir sa terre natale. Alors qu’ils traversent ensemble le Liban déchiré par la guerre, leur méfiance initiale va peu à peu se transformer en amitié. Commence alors, un voyage difficile et bouleversant vers une terre qu’ils considèrent tous les deux comme la leur.
Alors qu’il avait déjà provoqué une réflexion sur l’absurdité de la situation en Israël et en Palestine autour de l’histoire d’une femme qui voyait sa plantation de citronniers, sa seule ressource, condamnée au profit du bien-être d’une riche famille Israélienne voisine de l’autre côté de la frontière, le réalisateur Eran Riklis, revient avec un film tout aussi nuancé : « Zaytoun ».
Cette fois-ci le réalisateur nous invite à suivre le parcours d’un pilote de chasse Israélien et d’un jeune garçon obsédé par l’idée de retrouver sa terre natale, alors que la majorité de son existence s’est faite dans un camp de réfugié au Liban. Le scénario qui, au départ était centré sur le pilote, est au final, sous l’impulsion du réalisateur axé sur le jeune garçon, partagé entre l’embrigadement d’une milice qui lutte pour que le peuple palestinien retrouve une terre, et l’obsession d’aller planter l’arbre de son père sur la terre natale. Le réalisateur, parvient toujours à donner à son discours ce qu’il faut de finesse pour ne pas sombrer dans les clichés du genre : « Les Israéliens sont tous mauvais ! », ou encore « Les palestiniens sont des terroristes ». Par une mise en scène douce, sans chichis ni surbrillance. On y voit l’absurde situation de ce peuple, abandonné au profit des autres (La scène d’ouverture dans les rues Libanaises est particulièrement parlante), un peuple déshumanisé au regard des autres où le meurtre est devenu une banalité, où les enfants ne sont même plus protégés de l’aveuglement des soldats de quelques camps que cela soit.
Et c’est bien la force de ce réalisateur que de donner à son discours une nuance nécessaire pour rendre son histoire touchante. Fahder, n’est pas simplement un enfant palestinien en manque de repère, meurtris par la vie, il est la métaphore de l’espérance. Il garde un but, un rêve, souffre de ses contradictions, notamment en ce qui concerne sa terre natale, ou le regard qu’il porte sur ce soldat qu’il a appris à détester mais qui se révèle une clé éventuelle vers son rêve. Même chose dans le regard de Yoni, il n’est pas un simple soldat, c’est avant un homme qui veut rentrer chez lui, et qui voit naître les lueurs d’humanité qu’on lui a appris à enfouir en terrain Palestinien. Il ne voit plus le jeune garçon comme un arabe de plus, mais comme un être vivant fait de subtilité, d’émotion, de blessures et d’espoir.
Si la mise en scène douce et précise du réalisateur touche le public, la réussite tient aussi et peut-être surtout grâce à l’émulsion qui apparait du duo de comédiens Abdallah El Akal (Mira) et Stephen Dorff (World Trade Center). Notamment le jeu naturellement précis et rayonnant du jeune comédien Palestinien que l’on avait déjà pu remarquer dans un court métrage d’Eran Riklis : « A soldier and a boy ». Le jeune homme fait juste ce qu’il faut, y compris lorsqu’il s’agit d’être menaçant. Rarement une telle fraîcheur de jeu n’aura autant fonctionnée sur fond aussi lourd que le conflit Israélo-Palestinien. Il en va de même pour Stephen Dorff, qui, du coup, se retrouve à adapter son jeu en fonction du jeune homme et parvient à aller chercher des expressions qu’il n’avait peut-être pas l’habitude d’utiliser. Plus habitué aux films d’actions sans forcément beaucoup de finesse, le comédien se révèle cette fois-ci touchant et émouvant.
En conclusion, comme il le fit précédemment avec « Les citronniers », Eran Riklis nous donne une véritable leçon d’humilité et d’optimisme avec « Zaytoun ». Il en profite pour nous révéler un acteur incroyablement juste et naturellement efficace dans sa composition en la personne d’Abdallah El Akal.