Drieu est un policier en fin de parcours, usé, brisé, grillé. Il se retrouve muté dans un petit commissariat de province promis à une démolition dans les six mois. Laxisme et désillusion sont de règle, ce qui arrange la pègre locale rendue insaisissable et toute puissante.
Déjà réalisateur du très bon « Dans la tête du tueur », dans lequel il tentait de comprendre le mécanisme assassin de Francis Heaulme, Claude Michel Rome nous offre pour son premier long métrage, un polar soigné, à l’esthétique impeccable et aux dialogues percutants.
En effet dans son ensemble, « Les insoumis » fourmille de bonnes idées tant narratives qu’esthétiques. D’abord grâce à l’idée d’utiliser un lieu à la fois identifiable par tous et suffisamment atypique pour dépayser totalement le spectateur et rendre le discours du film plus percutant. Utilisant le décor comme personnage à part entière du film, Claude Michel Rome donne une tout autre dimension à son polar. L’ambiance y est pesante et en même temps, par certains plans, attirante.
La mise en scène est suffisamment soignée pour ne pas sombrer dans l’inévitable caricature, même si le pitch annonce d’ores et déjà la couleur, avec un héros usé, fatigué par la vie de flic et brisé par un passé proche et déjà trop lourd à porter, n’hésite pas à jouer sur plusieurs tableaux : celui de l’action et celui du polar français de haute qualité. Le réalisateur sait utiliser à merveille les couleurs et les lumières pour donner à sa narration une texture particulière, afin de donner plus de relief au scénario.
Et c’est peut être la petite faiblesse de ce film : Le scénario fait de grandes promesses, mais n’arrive pas à réellement les tenir. Car le retournement de situation qui semble se profiler au loin n’est pas à la hauteur de l’attente susciter par la trame. Car dès les premières minutes on comprend très vite qui sont les tenants et les aboutissants de l’histoire. Une faute de petite vanité qui plombe un peu le plaisir que l’on pouvait ressentir à l’idée de plonger dans ce polar, sombre et âpre comme promis. Le scénario accumule les fausses pistes mais pas avec suffisamment de finesse pour réellement noyer le spectateur.
Passé cela, le jeu des comédiens, s’il ne relève certainement pas des césars, a au moins le mérite de coller parfaitement à l’ensemble. Richard Berry (L'emmerdeur) n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se prête au jeu de personnage froid, obscur et désabusé, Pascal Elbé (Père et fils) parvient à convaincre en flic agressif, terrorisé à l’idée d’être abandonné par ses collègues. Seule Zabou Breitman (Le premier jour du reste de ta vie) semble mal-à-l’aise dans sa prestation de commissaire de police désabusée et enceinte. Mais il serait inacceptable de ne pas souligner les prestations impeccables des seconds rôles, qui jalonnent l’histoire.
En conclusion « Les insoumis », malgré quelques maladresses scénaristiques, reste un polar efficace que l’on regarde avec plaisir, même si l’on déjoue rapidement les fils de l’intrigue.