Alors qu’elle vient chercher son fils Thomas dans un goûter d’anniversaire, Elsa Valentin remarque une petite fille de six ans qui la bouleverse. Elle le sent, elle en a l’intime conviction : Lola est sa propre fille.
En s’introduisant dans la vie de la fillette, Elsa rencontre sa mère, Claire Vigneaux, qui s’inquiète du comportement étrange de cette femme qui rode autour de sa fille. Elsa est elle folle ? Dangereuse ?
Dans un premier temps, il est nécessaire de dire que si le sujet n’est pas nouveau, il reste toujours facilement hypnotisant. Qu’il soit sur le ton de la comédie (La vie est un long fleuve tranquille) ou sur un ton plus dramatique comme c’est le cas ici dans « L’empreinte de l’ange ». Pour que le film soit donc réussit et finisse par parler au spectateur, il faut que le scénario, dans un premier temps soit à la hauteur. Ce qui est le cas effectivement dans le cas présent, car Safy Nebbou (Enfances, Signé Dumas) et Cyril Gomez-Mathieu se sont débarrassé de tout le superflus pour mettre en avant les blessures des uns et des autres. Parsemant le film de fausses pistes, et maîtrisant totalement les moindres arcanes de leur histoire, ils emmènent le spectateur dans un film noir singulier, qui ne se noie pas dans un produit sur-stylisé. Au contraire, le naturel des éléments autant que celui des sentiments donne toute l’ampleur au film lui-même.
Et c’est d’ailleurs là qu’une partie de la réussite repose : sur la réalisation. Safy Nebbou ne donne pas dans le spectaculaire, il laisse la trame s’installer lentement, insidieusement, pour mieux prendre au piège le spectateur et ainsi l’entraîner dans la noirceur de son histoire. Le réalisateur se pose en témoin, et suffisamment en retrait pour ne pas gâcher le mystère qui entoure ce duel féminin. Elsa est elle folle ? Et quelle est sa folie ? D’où lui vient elle ? Comment réagir dans une telle situation ? Safy Nebbou manipule ses actrices comme autant de marionnettes et leur fait sortir ce qu’il y a de meilleur.
Et voilà la plus belle réussite du film : Les actrices. A commencer par Catherine Frot (Mon petit doigt m’a dit, Odette Toutlemonde) qui comme d’habitude signe là une prestation impeccable, proche de la possession, tant son personnage est joué avec justesse et sensibilité. Son regard, ses mots, ses gestes, tout y est parfaitement mesuré. On sent avec précision l’inquiétude qu’inspire Elsa, on la craint comme on la plaint, on n’arrive jamais à la haïr tant elle nous attire. L’actrice est absolument sublime dans ce rôle et signe là certainement l’une de ses meilleures prestations. Mais il y a aussi Sandrine Bonnaire (Sans toit, ni loi), dont la prestation n’a à pas à rougir face à celle de sa collègue, bien au contraire, l’actrice laisse son personnage prendre le déçu et sait être totalement convaincante lorsqu’il s’agit de nuancer son jeu pour faire naître le doute dans l’esprit des spectateurs. Le duo fonctionne à merveille et donne au film un relief saisissan,t le faisant entrer tout droit dans le panthéon des films noirs.
En conclusion, « L’empreinte de l’ange » est un film incroyablement juste par sa distribution, que le réalisateur a su maîtrisé d’un bout à l’autre. A voir absolument !