Partir

Suzanne est une épouse comblée et aimante qui décide de reprendre son activité de kinésithérapeute. Sa vie va soudainement prendre un autre tournant lorsqu’elle va rencontrer Ivan.

« Partir », n’est pas à proprement parlé un film sur l’infidélité, il va bien au-delà de ça. Il entraine le spectateur dans le cœur d’une révélation , d’une sorte de renaissance d’un éphémère. Le personnage de Suzanne, réalise soudain le temps qui a effacé sa soif de sensualité, de plaisir. Son corps de femme renait et aspire à une nouvelle vie, moins cordonnées à celle de son mari, moins jalonnée des aléas des enfants et de la famille. La rencontre avec Ivan, lui donne soif de liberté, d’insouciance et de plaisir de chair. Aucun jugement, aucune limite à l’amour, Suzanne se donne à cœur et à corps à son amant en tentant toutefois de se défaire de son mari.

La réalisatrice, d’ailleurs, maitrise ce sujet, et même si l’on peut regretter quelques longueurs dans  la deuxième partie, elle parvient avec brio, à nous entrainer dans les méandres de cet amour inconditionnel et de cette nouvelle vie que Suzanne cherche à s’offrir. Utilisant sa caméra pour mieux filmer les corps enlassés, la réalisatrice n’en n’oublie jamais de laisser l’obscurantisme de cette passion apparaitre au coin d’un espace, ou d’une lumière. Car effectivement, l’image est le point fort de cette romance. Soignés, parfois même académiques, les plans qui se succèdent mélangent les formes et les profondeurs.

Et la distribution est effectivement excellente. A commencer par Kristin Scott Thomas (Le patient anglais), aussi rayonnante que sombre dans la composition de cette femme qui se laisse partir au plus sombre de son amour. La comédienne, parvient à l’apogée de son art, en créant un personnage autant doux que violent. D’une sensualité intense, elle porte son personnage à bout de cœur et cela se voit. Son face à face avec Yvan Attal (Rapt) est d’une justesse incroyable, car le comédien, comme on en a prit l’habitude, sait imposer son savoir faire et nous emmène bien au-delà du simple mari trompé. Quand à Sergi Lopez (Harry, un ami qui vous veut du bien), on regrettera simplement un manque de nuance de son jeux, qui ne semble plus vouloir réellement prendre de volume par rapport à ses précédentes compositions.

En conclusion, « Partir » est un film fort sur une passion dévorante, magnifiquement interprété par Kristin Scott Thomas aussi lumineuse qu’obscure. Dommage que la distribution soit inégale et que la deuxième partie souffre de quelques longueurs.