L’histoire :
Nouvellement entrée à la fac, Angie tente une première expérience de babysitting … qui va virer au cauchemar.
Critique subjective :
Babysitter wanted est l’exemple type du DTV dont on peut craindre le pire. Un titre racoleur, des atours de torture porn (le sous-genre à la mode), des avis positifs tirés d’on ne sait trop où, des réalisateurs inexpérimentés (premier long-métrage pour Jonas Barnes et Michael Manasseri), un casting conçu pour ratisser large : transfuges du petit écran (on vise le public jeune) et vétéran du B (Bill « Devil’s rejects » Moseley pour faire de l’œil aux cinéphiles férus de genre). Tout y est. On redoute un énième produit fauché et emballé sans une once de talent. C’est donc avec une bonne dose de scepticisme que l’on lance le film qui, miracle, va s’avérer être une bande horrifique tout à fait fréquentable.
Premier constat : on apprécie tout de suite une facture d’une qualité assez inhabituelle pour ce genre de produit. La photographie, joliment travaillée, séduit d’emblée avec son grain prononcé et sa belle patine eighties. Soutenue par une bande originale probante, la mise en scène de Barnes et Manasseri fait, elle aussi, preuve d’une indéniable efficacité, notamment dans sa façon de gérer l’espace. On pourra, tout au plus, reprocher aux deux compères de multiplier les plans destinés à faire sursauter le public (fausses alertes un peu trop nombreuses). Reste que l’on tient ici des visuels carrés et percutants qui refusent de céder aux effets de manche en vogue.
Ecrit par Jonas Barnes, le scénario de Babysitter wanted emprunte des voies multiples, à commencer par le slasher à l’ancienne (avec un net penchant pour Halloween et When a stranger calls) et le thriller horrifique en huis clos. Survient ensuite un rebondissement majeur, procédé à double tranchant dans la mesure où il aliénera une partie du public (qui le jugera ridicule) autant qu’il réjouira l’autre (qui savourera l’inversion des valeurs). Et le film de verser ensuite dans le fantastique pur et dur, sans oublier de payer son tribut au torture porn (l’espace d’une séquence). L’assiette est donc bien remplie et le plat pourra paraître quelque peu indigeste aux entournures (ou plutôt « étouffe-chrétien » si l’on reste dans les thématiques du film). Comme beaucoup de jeunes réalisateurs œuvrant pour la première fois dans le cinéma de genre, Barnes et Manasseri ont voulu en mettre un maximum. Démarche geek et erreur classique du débutant qui, fort heureusement, ne torpille pas le métrage. En contrepoids, on notera que les idées véritablement personnelles des deux auteurs (la scène troublante du repas du petit garçon, le fait que la « torture » soit infligée non pas par plaisir mais par pure nécessité) méritent d’être saluées et comptent parmi les points forts du film.
Verdict :
Titre dont on n’attendait rien, Babysitter wanted crée finalement la surprise en s’imposant comme un divertissement horrifique qui mérite largement le coup d’œil.
Des visuels sombres et granuleux traités avec les meilleurs égards. La photographie du métrage, assez particulière, échappe à un massacre en règle grâce à un pressage DVD exigeant et respectueux des choix artistiques des deux réalisateurs. Colorimétrie et piqué (contraste volontairement assez doux) sont ainsi respectés à la lettre. Seule la compression s’en sort légèrement moins bien, s’invitant à l’écran l’espace de quelques rares scènes (ce qui n’entame guère la qualité globale de visionnage).
Trois pistes sonores (VO en 2.0 et 5.1, VF en 2.0 uniquement) de bonne facture. Précis et dynamique, le rendu audio offre un bon confort d’écoute. On préfèrera de loin la piste 5.1 (VOST) qui offre une ampleur décuplée et favorise davantage l’immersion.