L’histoire :
Trahi par ses proches, remplacé par un sosie et dépossédé de sa barbe, le dictateur Aladeen doit se débrouiller seul à New-York.
Critique subjective :
Artiste fascinant que Sacha Baron Cohen. Personnage énigmatique à la ville, comédien flamboyant à la scène. Acteur caméléon, il a su développer un jeu ultra précis, à travers ses prestations les plus célèbres (Ali G, Borat, Brüno) ou en incarnant des seconds rôles savoureux, que ce soit dans la comédie (il est l’inoubliable Jean Girard de Ricky Bobby) ou ailleurs (sa présence illumine plusieurs scènes de Sweeney Todd et Hugo Cabret). Un comédien à suivre de près (il sera bientôt Thénardier dans Les misérables version Tom Hooper) et dont le talent ne demande qu’à exploser davantage (son interprétation de Freddie Mercury dans le futur biopic consacré au chanteur de Queen risque de faire parler d’elle).
Victime de sa célébrité, Sacha Baron Cohen abandonne (temporairement ?) l’exercice du faux documentaire avec The Dictator, une œuvre 100 % fiction. Histoire d’un dictateur nord-africain risquant sa vie pour empêcher la démocratie d’entrer dans son pays (la contrée fictive de Wadiya), le métrage permet à notre trublion d’incarner l’amiral-général Shabazz Aladeen. Un tyran librement inspiré de Saddam Hussein et surtout de Mouammar Kadhafi (Aladeen affirme d’ailleurs avoir contribué à la campagne de Nicolas Sarkozy à hauteur de cinquante millions de dollars). Un rôle taillé sur mesure qui permettra à Sacha Baron Cohen de livrer un nouveau one-man-show impayable sur fond de choc des cultures.
Pour son troisième coup d’éclat (après Borat et Brüno), le duo Sacha Baron Cohen / Larry Charles fait toujours des étincelles. A l’instar de leurs précédents méfaits, The Dictator verse dans la satire débridée et souligne les pires travers de notre monde. Trash (le personnage principal est à nouveau raciste, antisémite, misogyne et homophobe), le métrage dynamite les barrières de la bienséance avec un goût assumé pour la surenchère. Grinçant, irrévérencieux, bête et méchant, The Dictator n’épargne rien ni personne. De par son aspect visuellement plus travaillé que Borat ou Brüno, le film pourrait donner l’impression d’un certain adoucissement du propos. Une apparence trompeuse, la teneur acide demeurant sous un vernis plus esthétique. Si le côté politiquement incorrect subsiste donc, on pourra cependant regretter un certain manque de fraîcheur (on sent bien que la formule arrive au bout) et des problèmes de rythme (ressemblant parfois à un enchaînement de sketches, le film manque de fluidité). Des écueils que Larry Charles et son acteur fétiche étaient pourtant parvenus à éviter jusqu’à maintenant.
Verdict :
Moins savoureux qu’un Borat ou un Brüno, The Dictator n’en reste pas moins un morceau de choix pour les amateurs de comédies subversives.
Deux pistes sonores qui font bien leur travail. En VO et en VF, le format 5.1 se montre précis et énergique. Les deux pistes assurent également une juste répartition entre les voix, les effets sonores et une bande son jubilatoire. On ne saura que trop conseiller de découvrir le film en version originale pour profiter pleinement de la prestation de Sacha Baron Cohen.
- Scènes inédites et versions longues (12 minutes) : Six scènes écartées du montage ou raccourcies. On oscille entre moments pas indispensables et passages inédits poilants.
- Interview de Larry King (3 minutes) : Aladeen se livre dans une interview à la démesure du personnage.