Alors que le commandant de polie Richard Kemp enquête sur un meurtre, d’étranges similitudes lui rappellent le Perce-Oreille, un tueur en série qu’il a traqué en vain au début de sa carrière. Son seul témoin est Hélène Batistelli. Mais un évènement mystérieux renvoie Kemp vingt ans en arrière, en mai 1989, à la veille du premier meurtre commis par le Perce-Oreille. Kemp tente à nouveau d’empêcher les meurtres d’avoir lieu, mais un jeune flic lui complique la tâche.
Il y a toujours plein de bonnes intentions dans le cinéma fantastique Européens, sauf que dans la majorité des cas, l’essai est rarement confirmé, notamment par un manque de folie ou une absence de volonté de poussé le fantastique le plus loin possible pour mieux dérouter le spectateur tout en lui laissant une marge de manœuvre pour s’identifier ou non aux personnages. La sacrosainte règle de conduite qui consiste à faire du cinéma Européen un regard proche de la réalité et ancré dans la peinture de notre société et de notre propre existence. Comme si le spectaculaire était une honte pour nos vision radicalement trop intellectuelle.
« L’autre vie de Richard Kemp » est de cette volonté de pénétrer un style toujours autant boudé par les productions européennes : Le Fantastique. Pour son premier long métrage, Germinal Alvarez insuffle une atmosphère fantastique à son histoire en mêlant deux époques dans une même intrigue, mais l’ensemble reste très scolaire, et là où la séparation net devrait être marquée, notamment par deux comédiens interprétant le même personnage à deux âges différents, le réalisateur tente par l’effet du maquillage de rendre plus jeune son comédien principal, mais oublie que le spectateur risque de se noyer dans les ambiances qui, elles aussi, ne sont pas suffisamment marquées pour l’on puisse réellement se repérer. Et c’est tout le défaut du film, que de ne pas prendre soin du spectateur. La trame se suit dans une sorte de léthargie permanente, où l’on n’arrive pas totalement à plonger dans l’intrigue.
Et si le travail des comédiens reste de bonne qualité, on regrette tout de même que Jean-Hugues Anglade, depuis « Braquo », ne joue que des flics torturés et que Mélanie Thierry (Pour une femme) ne soit limitée à un personnage considéré comme énigmatique, mais sans grand relief. Les deux comédiens évoluent avec beaucoup de tristesse et de lenteur dans un film qui ne parvient jamais à trouver un véritable rythme pour ne pas empêcher le spectateur de s’assoupir.
A mi-chemin entre fantastique non assumé et film de fin d’étude soigné, « L’autre vie de Richard Kemp » est une œuvre qui manque de peu sa cible par une intrigue qui se veut complexe mais qui ne trouve jamais le rythme suffisant pour pouvoir captiver l’attention du public, notamment par un manque de volonté ou de moyens de séparer marquablement les deux époques.
Dans l’ensemble l’image est de bonne tenue avec des couleurs bien pesées et des contrastes qui donnent une véritable profondeur à l’ensemble. Le film baignant dans une atmosphère un peu sombre, l’accent a été mis sur une lumière volontairement en contraste. Un partie pris qui peu certes servir le film, mais qui masque un peu certains détails.
Une piste Dolby Digitale 5.1, totalement en accord avec le film et avec ses besoins. La répartition est minutieuse, et les voix ne sont pas trop en retrait par rapport aux effets sonores qui entourent le film. La musique peut se faire envoutante et les dialogues très présent, mais on ne parvient tout de même pas à plonger à corps perdus dans les méandres de l’intrigues par la qualité sonore du film.
Le making of que propose la section bonus nous permet de mieux comprendre les dessous du film, notamment le choix assumé de créer un lieu non reconnaissable par le spectateur, pour mieux imprégner le film d’une sensation d’intemporalité. A voir peut-être avant de visionner le film pour mieux comprendre son cheminement.