Spotlight

L'histoire
Important quotidien américain, le Boston Globe voit arriver Marty Baron dans ses rangs, début 2001. Nouveau rédacteur en chef, il entreprend de relancer le journal, à la peine au niveau des ventes, entre autres en dirigeant l'équipe Spotlight, chargée de la partie investigation, en lui imposant son prochain sujet, la pédophilie au sein de l'église de la ville. D'abord réticente, la petite équipe de journaliste se prend de passion pour son sujet, qui se révèle peu à peu comme le plus important qu'elle a jamais traité.

Critique subjective
Ce cinquième film de Tom McCarthy nous offre un digne représentant d'un genre rare, et peu représenté, le film d'investigation. Et c'est un peu à la manière des Hommes du président, influence incontestable du film, que le métrage de McCarthy enfile les clichés du genre, entre secret, scandale, enquête, manipulation et autre informateurs... pourtant, tout est rigoureusement basé sur la réalité, le film étant basé sur un authentique scandale éventé par l'équipe Spotlight au début des années 2000, impliquant l'église de Boston couvrant les agissements de nombreux prêtres pédophiles.

Minutieux, rigoureux, voir même un brin austère, le scénario du film déroule les évènements en allant à l’essentiel (l'affaire étant déjà assez compliqué) en omettant presque totalement les à-côtés, les états d'âmes des personnages ou autres intrigues secondaires qui sont monnaies courantes dans la plupart des productions hollywoodiennes. Ici on ne trouvera pas plus de menaces que celles dont l'équipes à réellement fait l'objet, pas plus que d'histoire d'amour inventée pour l'occasion ou de problèmes existentiels de journalistes écrasés par le poids de leur enquète, et c'est tant mieux ! Car si une chose fascine dans Spotlight, c'est bien cette rigueur, qui le ferait presque passer pour une stricte version filmée de l'article de base.

Il y a tout de même de vrais bouts de cinéma là-dedans. D'abord par la mise en scène, rigoureuse, elle aussi. Il faut le savoir, Spotlight, c'est au trois quart des scènes de bureau, de conférence, de réception, de discutions l'oreille collée au téléphone ou de salle de rédaction. Les plans sont souvent fixes (mais avec une belle maîtrise du cadre) et les plans moyens constituent la part du lion. Une mise en scène adaptée au sujet qui renforce l'aspect "documentaire" de l'ensemble. Difficile aussi de ne pas parler de l'incroyable casting du film. Michael Keaton trouve ici une superbe confirmation de son retour en force suite à Birdman, Mark Ruffalo ou Rachel McAdams se révèlent excellents tout comme le trop rare Liev Schreiber.

En conclusion
Même si il lui manque un petit quelque chose pour devenir un grand film, Spotlight est une superbe réussite. Véritablement passionnant de bout en bout, doté d'acteurs en pleine forme et d'une réalisation discrète et solide parfaitement adaptée à son sujet, il ne démérite pas de sa réputation élogieuse.

Volontairement un peu terne, la photo du film est respectée. La définition quand à elle se révèle de bonne tenue et le style général de l'image retranscrit bien l'époque à laquelle se déroule le film (voir même avec un petit effet rétro supplémentaire).

Bien que l'on parle ici d'un film qui se déroule en majorité dans les bureaux de rédaction, la partie sonore n'en est pas moins soignée. Le son est clair et on a même quelques bonnes surprise lors de scènes d'ambiance (réceptions ou les quelques extérieurs). Un travail discret mais agréable. Enfin, autant pour ses qualités artistiques que techniques, la VO est absolument à préférer.

Avec un sujet aussi intéressant, on pouvait légitimement s'attendre à des suppléments à la hauteur. Il n'en est malheureusement rien. En réalité, au vu des bonus proposé, autant ne mettre rien du tout, car, au vu de la simple pochette du disque l'acheteur non renseigné est tout simplement trompé. Totalisant 15 minutes à peine au total, ces quelques reportages promo prétendant explorer les coulisses du film ou revenir sur l'histoire vraie derrière celui-çi brassent une incroyable quantité de vent. Seul le module faisant intervenir les véritables acteurs de l'histoire est prometteur, mais sa durée ridicule fini de faire de cette partie supplément une totale déception.