VUE SUR MER s’attache à Roland, un écrivain américain, et sa femme Vanessa qui débarquent dans une station balnéaire, en France, dans les années 70. Le couple semble en crise. Tandis qu’ils se rapprochent d’autres touristes, comme Léa et François, jeunes mariés en vacances, et d’habitants, comme Michel et Patrice, Roland et Vanessa affrontent leurs propres difficultés.
Dans la série des films sur les couples en crise, Angelina Jolie, qui signe pour la première fois sous nom marital : Angelina Jolie Pitt, nous entraine donc dans une histoire qu’elle a elle-même écrite et réalisée. Et côté scénario, on peut noter une véritable volonté de vouloir bien faire, celle d’explorer les méandres de l’amour, ces déchirures qui font se battre pour sauver ce qui peut l’être à tout prix. La réalisatrice impose un style, voluptueux, torturé et presque impudique, puisqu’elle semble y avoir déposé tout ses traumas de l’amour, ses angoisses et ses questions sur son propre couple.
Mais voilà Angelina Jolie Pitt, se prend les pieds dans le tapis, en se mettant scène avec son mari Brad Pitt (Seven) elle se met des barrières qui l’empêche réellement de nous emporter dans son histoire. D’autant qu’au lieu de nous parler d’un couple qui se déchire et qui lutte pour sa survie, elle dérive sur un couple d’Américains en crise qui fantasment sur ses voisins, qu’ils épient dans leurs moments intimes et s’ouvrent ainsi à une sexualité par procuration. Très loin d’un chef d’œuvre comme « Qui a peur de Virginia Woolf », dont les points communs sont nombreux : le sujet (un couple se déchire face à un autre plus jeune), les acteurs mari et femme à la ville et à l’écran, le principe d’une pièce de théâtre. Seulement dans le film de Mike Nicholas, le réalisateur utilisait les difficultés du couple dans leur vie privée pour mieux faire ressentir la violence de cette descente aux enfers impudique.
D’ailleurs le scenario d’Ernest Lehman utilisait le jeune couple comme un miroir des frustrations de l’autre, faisant ainsi ressortir toute la violence qui transpire de ces couples en crise passionnelle. Dans « Vue sur mer », la réalisatrice choisit la facilité en créant un trauma extérieur et suscite la lassitude en ne tournant qu’autour de l’acte sexuelle pour éluder réellement celui plus profond des sentiments et de la colère venue des sacrifices qui deviennent des frustrations.
Même constat en ce qui concerne la direction d’acteur, la réalisatrice se centre sur elle et sur Brad Pitt, mais oublie de donner du volume aux autres. Du coup Mélanie Laurent se retrouve limitée à un rôle de potiche transparente et Melvil Poupaud (L’amant) se limite à des apparitions totalement oubliables.
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rès en surface et jamais en profondeur, Angelina Jolie Pitt rate son coup avec « Vue sur mer », qui ne peut éviter la comparaison avec « Qui a peur de Virginia Woolf ? », dont il n’arrive pas à atteindre la profondeur.