1975. Le Dr Robert Laing, en quête d’anonymat, emménage près de Londres dans un nouvel appartement d’une tour à peine achevée, mais il va vite découvrir que ses voisins, obsédés par une étrange rivalité, n’ont pas l’intention de le laisser en paix…Bientôt, il se prend à leur jeu. Et alors qu’il se démène pour faire respecter sa position sociale; ses bonnes manières et sa santé mentale commencent à se détériorer en même temps que l’immeuble : les éclairages et l’ascenseur ne fonctionnent plus mais la fête continue! L’alcool est devenu la première monnaie d’échange et le sexe la panacée. Ce n’est que bien plus tard que le Dr Laing, assis sur son balcon en train de faire rôtir le chien de l’architecte du 40ème étage, se sent enfin chez lui.
Producteur et réalisateur atypique avec à son palmarès des films comme « The Duke of Burgundy » qui racontait la relation tumultueuse de deux femmes, ou encore « Kill List » qui racontait, quant à lui, le parcours d’un ex-soldat obligé de devenir tueur pour sauver les siens. On l’aura vite compris, un réalisateur et producteur qui devait de façon presque logique rencontrer l’univers très faussement déstructuré de JG Ballard, dont le roman « Crash ! » fut déjà adapté par David Cronenberg. L’auteur, dans une narration parfois révolutionnaire, dépeint des sociétés rongées par leurs propres maux sans en avoir forcément conscience. Ici « High Rise » est une adaptation de « Igh », une histoire dans laquelle des personnages vivent dans un immeuble en respectant des critères hiérarchiques bien précis, comme le fait, par exemple, que les nantis vivent dans les étages supérieurs et la masse dans les étages inférieurs. Au fur et à mesure que l’histoire avance on comprend vite, qu’à l’image de l’immeuble qui se détériore, cette société autonome s’effondre à mesure que les rancœurs s’amplifient.
Bien sûr, chez Ballard, tout est une question de double lecture, il faut aller voir là un peu plus loin que les mots, comme par exemple le fait que les personnages ne se tournent résolument jamais vers l’extérieur, ou que les uns revendiquent des choses qui nous apparaissent forcément désuètes mais qui se révèlent être une signification bien plus profonde. Alors, forcément, comme Cronenberg le fit avec « Crash ! » il est nécessaire de rester le plus fidèle possible à Ballard, mais il faut également y insuffler sa propre réflexion pour mieux lui donner une dimension satirique à la hauteur de l’écrit.
Et c’est peut-être ce qu’il manque au film de Ben Wheatley : Une narration et une mise en scène plus en nuance, qu’une simple lecture linéaire du roman de JG Ballard. Car si l’esthétique du film est particulièrement bien pensée avec ce Londres des années 70, en pleine reconstruction et une ambiance presque Post-Apocalyptique avec des jaunes et des oranges très assumés, la mise en scène manque de rythme et cherche beaucoup trop la stylisation pour être totalement convaincante. Du coup, on a beaucoup de mal à se sentir concerné par ce qui se passe devant nous. On ne comprend pas forcément tout de suite les tenants et les aboutissants de l’histoire, même si la scène d’ouverture ne laisse pas beaucoup de place à la surprise.
Côté distribution, pourtant, tous les efforts sont mis au service du sujet, à commencer par Tom Hiddlestone, qui décidément ne cessent de nous ravir avec des prestations toujours surprenantes, prenant chaque fois ses distances avec les grosses cavaleries qui l’ont rendu célèbre : « Thor » et « Avengers » pour jouer dans des films moins conventionnels comme « Only Lovers Left alive » de Jim Jarmusch. Même constat pour
Luke Evans, défiguré une nouvelle fois dans un rôle radicalement différent de celui du « Hobbit » ou de « Fast and Furious »
En conclusion « High Rise », est une adaptation d’un roman marquant de l’auteur JG Ballard à l’esthétique et à la distribution réjouissante, mais qui manque d’une mise en scène inventive et déstructurée comme peut l’être l’œuvre de Ballard. Du coup le spectateur a bien du mal à rentrer dans cet univers qui, décidément, est bien décidé à rester enfermé dans ses propres maux.
Côté bonus, l’éditeur, nous propose d’abord un
making of express qui laisse complètement froid tant il n’apporte rien de particulier : «
Adaptation de la vision de JG Ballard à l’écran ».
Puis
un focus un peu plus complet sur l’œuvre de l’auteur. Qui permet, justement, de mieux comprendre son propos et ses différentes inspirations littéraires.