En 1942, en riposte à l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, l'US Air Force décide de bombarder Tokyo. Mais sur le chemin du retour, l'avion du jeune pilote Jack Turner, à court de carburant, s'écrase dans la jungle de la province de Zhejiang en Chine. Les aviateurs qui ont pu sauter en parachute sont capturés par les forces d'occupation japonaise. Jack, blessé, est secouru par Ying, une jeune veuve chinoise du village voisin. Aidée par sa fille de 12 ans et la résistance chinoise, elle va cacher le soldat américain chez elle, alors que les troupes japonaises ratissent la zone à sa recherche. Au cœur des combats, Ying et Jack vont-ils réussir à s'exfiltrer et à fuir le chaos ?
Réalisateur de film marquant tels que « Pelle le conquérant » ou encore « Mes Meilleurs intentions », pour lesquels il reçut deux palmes d’or à Cannes , Bille August s’attaque maintenant à la deuxième guerre mondiale, mais cette fois ci sur le conflit qui opposa le Japon impérialiste et conquérant et les Etats-Unis post Pearl Harbor et la Chine occupée. Au lieu de nous exposer pour une énième fois le courage et la valeur des hommes sur les champs de bataille, le réalisateur Danois nous entraîne dans les méandres d’une histoire, où deux personnages que tout oppose : Un soldat américain venu pour permettre à son pays d’obtenir sa vengeance après l’attaque de Pearl Harbor et une jeune veuve chinoise soumise à l’oppression japonaise, vont se rencontrer, s’entre aider et s’aimer dans une union tragique où la menace plane à chaque instant.
Sous cet angle, le réalisateur chercher de manière inlassable, comme dans toute son œuvre à faire sortir les qualités humaines en chacun, quite à appuyer presque jusqu’à la caricature le négatif celui qui est dessiné comme l’ennemi absolu. Et c’est peut-être là le point faible du film ! On peut vouloir faire naître l’humanité dans une histoire de conflit, sans pour autant manquer de nuance chez un personnage. Ici le capitaine Japonais est volontairement sanguinaire, abjecte et ne semble avoir aucun sentiment de quelque sorte. Il impose une violence évidente et une terreur qui le fait ressembler aux méchants de films de Roland Emmerich ou Michael Bay (deux réalisateurs réputés pour leur finesse). Son manque de nuance, notamment dans ses rapports avec Ying, la jeune veuve, lui font plus perdre en qualité qu’en prestige. Car le discours serait mieux passé si les japonais avaient été présentés avec plus de profondeur et moins de caractères désignés pour nuire.
Pourtant du côté des rapports qui vont unir Ying et Jack, il y a une véritable volonté de montrer la rencontre de deux mondes qui s’ignorent mais qui finalement luttent contre le véritable mal. Cette nature humaine qui pousse les gens à s’entraider et à braver les dangers pour sauver la vie et espérer une vie meilleure. Ying et jack ne peuvent communiquer par le langage mais parviennent tout de même par se comprendre et font fi de leurs coutumes qui les empêchent parfois de se comprendre du premier coup. Mais une intonation, une gestuelle du corps et chacun parvient à comprendre l’autre. La mise en scène de Billie August est toujours aussi soignée, le réalisateur n’a rien perdu de sa superbe et donne encore des leçons de cinéma aux plus jeunes avec des plans séquences tout en douceur qui appuient malgré toute la tension d’une scène ou encore des effets de contre jour pour mieux laisser le danger s’installer et faire monter la pression.
Et puis il y a la distribution, brillante, radieuse et glamour à souhait, à commencer par Crystal Liu ou (Yifei Liu) que l’on retrouvera en 2020 dans la version live de « Mulan » de Disney. L’actrice est lumineuse et douce dans ce rôle de jeune fill brisée par la mort de son mari et la pression de ses beaux-parents enfermés dans leurs coutumes millénaires. L’actrice capte toute la lumière et impose un jeu tout en retenue. Face à elle,
Emile Hirsch, que l’on ne présente plus depuis sa magnifique prestation dans « Into The Wild » de Sean Penn. L’acteur joue tout en souplesse, sans imposer une prestance qui viendrait caricaturer un personnage de soldat Américain. L’acteur se laisse porter par la douce force de sa partenaire et cela donne un couple glamour comme le cinéma n’en n’avait pas produit depuis longtemps.
En conclusion, « The Lost Soldier » est un film magnifique dans sa mise en scène et dans son interprétation, mais dont le méchant reste trop caricatural pour être complètement convaincant. Bille August nous avait habitué à mieux, ou, tout du moins, à plus fin.
Des i
nterviews de Bille August et d’Emile Hirsch qui reviennent sur les dessous de ce film et la manière dont ils ont abordé le sujet.
Puis un cours d’histoire passionnant par
François Garçon, historien spécialiste de l’Asie dans «
Le Contexte historique de The Lost Soldier ».
Et enfin une archive : «
Histoire de la Guerre du Pacifique » qui ne fait pas vraiment de nuance, surtout lorsqu’elle parle de l’utilisation des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki