La vie des Lyons, une famille de Manchester, racontée sur 15 ans alors que la Grande-Bretagne se retire de l'Europe et qu'un nouveau monde émerge. Vivienne Rook, une célébrité rebelle devenue une femme politique majeure, divise l'opinion par ses prises de position controversées. Son arrivée au pouvoir va bouleverser le pays et bien au-delà. Une famille ordinaire peut-elle faire la différence ?
Depuis l'élection de Donald Trump, de nombreuses voix s'interrogent sur ce que la société va devenir. Il faut dire que le nouveau président des Etats Unis est devenu la cristallisation de toutes les négatives de notre société : Racisme, Homophobie, fracture sociale et sociétale, « Fake News » et le plus obscur visage du capitalisme, ... tout y passe. Le cinéma, bien sûr, a commencé à s'interroger, mais de manière, certainement, moins évidente que la télévision. On se souvient de Ryan Murphy et de sa saison 7 d' « American Horror Story » qui démarrait après l'élection surprise de Trump et montrait une société où toutes les haines extrémistes avaient les coudées franches, donnant naissance à des sectes obscures. Avec la série anglaise « Years and Years », le showrunner Russell T. Davies, à qui l'on doit notamment la série
« Queer as Folks
», poussent plus loin la réflexion. Il y est question évidemment d'un personnage : Vivienne Rock, identique au style Trump, outrancier, « démago » et raciste sous toutes ses formes, magnifiquement interprété par Emma Thompson (Love Actually) qui offre une composition où se glisse volontairement ou non un brin de Boris Johnson (premier ministre anglais, porteur radical du Brexit).
Cette série de science-fiction, a l'intelligence de parler de tout, sans en exagérer les traits : l'homophobie, le racisme, la crise économique, l'immigration et les droits de l'humain trop souvent bafoué par ces hommes portant des idéologies nauséabondes, mais qui parviennent, par un jeu de poudre aux yeux, à faire adhérer les citoyens à leurs idées, jusqu'à ce que les peuples se réveillent avec la gueule de bois. Sur un scénario, assez pessimiste au demeurant (mais comment ne pas l'être ?), la série « Years ans Years » dépeint une société occidentale en pleine mutation régressive. Ici on peut se greffer son téléphone dans le corps et devenir un mixte d'humain et de numérique, là, les migrations de populations fuyant leurs pays sont parquées dans des camps dont aucune information ne filtre. Jamais trop éloignée de notre époque, que l'on pense bénie, la série « Years and Years » s'inspire de notre quotidien, avec plus ou moins de finesse parfois, pour en dresser le portrait d'un futur pas forcément radieux. Le scénario, écrit avec beaucoup d'intelligence, parvient, avec beaucoup de subtilité, à réduire la frontière entre fantasmes technologiques et réflexion sociale et politique.
Nous retrouvons une palette de personnages qui représentent chacun à leur manière les différentes strates de cette société. Il y a Stephen, homme d’affaire malheureux, ruiné par la faillite d’une banque, (Magnifique Rory Kinnear que l’on avait vu dans «
Peanny Dreadfull »), sa femme Céleste qui peine à trouver sa place dans cette grande famille et ne comprend pas les choix de sa fille de modifier son corps pour en faire un outil numérique d’un autre genre (Superbe
T’Nia Miller, vue dans «
Born to Kill »), Daniel, qui travaille à la gestion d’un camps de migrants et qui va tomber amoureux de l’un d’entre eux (
Russell Tovey, que l’on avait pu voir dans «
Quantico » et qui livre ici une prestation sobre et attachante), Rosie, flamboyante handicapée qui est la première à soutenir Vivienne Rock dans ses différentes campagnes politiciennes (Remarquable
Ruth Madeley, à découvrir dans la série «
The Rook »), et enfin Judith, activiste et militante qui parcourt le monde pour dénoncer les secrets des puissants (Jouée ici par
Jessica Hynes, que l’on avait pu voir dans «
Paddington 2 »).
En conclusion, "Years and Years" est une série anglaise intelligemment écrite qui pose les bonnes questions sur l'avenir de notre société face à la poussée populiste qui gangrène l'Occident. Jamais dans l'excès et copiant parfois des faits et des personnages, la série impose un style sobre et nous interroge sur notre avenir. A voir absolument