L’histoire
Dans le vide spatial, un gigantesque vaisseau est en train de se disloquer à proximité d’une planète double. Attiré par l’une des planètes, les restes du vaisseau s’y écrasent alors qu’une seule capsule de survie a échappé au désastre. Sur les débris du vaisseau, un arbre géant, Axis, commence à pousser.
600 ans plus tard, nous retrouvons les habitants d’un village sylvestre, perché au milieu d’Axis, qui récoltent la sève de l’arbre pour constituer une offrande à leurs dieux. Kaena est une jeune fille du village. Elle est intrépide et quitte souvent les abords immédiats du village pour partir dans la zone interdite.
Kaena est certaine qu’il y a des choses intéressantes par delà les nuages qui bordent le village, en haut en bas de l’arbre. Elle a également des visions d’un soleil bleu qui est attaqué par d’horribles créatures. Lorsqu’elle découvre un poignard de métal dans un creux de l’arbre, elle pense avoir enfin une preuve pour convaincre le grand prêtre qu’il faut explorer le monde par-delà les nuages.
Mais le grand-prêtre, qui a pourtant élevé Kaena, accuse celle-ci d’hérésie et veut la faire punir. Pour lui échapper, Kaena sera forcée de fuir le village et de trouver des réponses à ses visions par elle-même.
Autour du film
La conception
L’idée de réaliser ce film en image de synthèse est venue à Chris Delaporte en 1995. De formation artistique, celui-ci travaillait alors sur le jeu vidéo « Heart of darkness ». A la fin de ce projet, il décide, avec Patrick Daher et Virginie Guilminot de monter une équipe pour un projet de film en 3D.
Fortement influencé par les animations japonaises de H. R Giger, de Otomo et de Miyazaki, ainsi que par le travail du studio Pixar, Chris Delaporte décide pour ce film de se fier beaucoup au jeu des acteurs : Cécile de France, Jean Piat, Michael Lonsdale, Victoria Abril,…
La production
La production du film commence en octobre 2000 à Paris pour se terminer en novembre 2002. La création de Kaena nécessitera 80 infographistes qui en composeront les quelques 1300 plans. Sans atteindre la finesse de Final Fantasy, certains personnages de Kaena sont tout de même composés de plus d'un million de polygones. Une fois la modélisation terminée, il faudra environ 65 000 heures de calcul pour obtenir le résultat final.
Réalisé essentiellement en France, Kaena est un parfait exemple de la « French Touch » dans le domaine de l’image de synthèse. Le producteur du film,
Marc du Pontavice, la résume ainsi :
"En France, nous avons la chance de combiner trois facteurs fondamentaux pour la création de contenus exceptionnels. Tout d'abord, une culture séculaire de l'image qui a produit de grands peintres, des grands cinéastes, et aujourd'hui des grands infographistes. Ensuite, un système éducatif extrêmement performant dans le domaine de l'image. Et enfin, un marché très vivace aussi bien dans le jeu vidéo que dans celui de l'audiovisuel." Denis Friedman
Techniquement, Kaena est également un tournant dans la création de films en images de synthèse. Tout le film a été conçu sur des machines assez simples (PC sous Windows NT Workstation) avec le logiciel
Discreet 3DS Max R3, surtout utilisé pour les jeux vidéos. C’est d’ailleurs ce qui a permis de développer, avec Namco, parallèlement au film, le jeu vidéo « Kaena, la prophétie », qui est sorti sur PlayStation 2 en même temps que le long métrage.
Pour en apprendre davantage
De nombreuses informations sur Kaena, ainsi que des extraits, des musiques et des fonds d’écran du film sont disponibles sur le site officiel du film :
http://www.kaena.lycos.fr/
Critique subjective
Lorsque l’on voit un film en images de synthèse, il est courant de le comparer au modèle du genre : « Final Fantasy ». « Kaena, la prophétie » ne peut pourtant pas vraiment y être comparé car il y a une énorme différence de budget entre ces deux films (Kaena a coûté dix fois moins cher) et surtout Kaena n’est pas qu’une vitrine technologique.
Ce film dispose d’un véritable scénario qui tient la route et une intrigue qui se dévoile progressivement au courant du film. Le monde est également très riche, avec de nombreux personnages secondaires. Enfin, et surtout, on est bien loin du manichéisme à l’américaine : personne n’est vraiment bon ni mauvais dans ce film et seule Kaena peut prétendre à personnifier une sorte de « gentillesse », surtout dûe à sa naïveté.
Kaena est donc un film profond et attachant, possédant une vraie identité graphique et qui mérite assurément une place d’honneur dans toute DVDthèque.