Les lois de l'attraction

Au Camden College, l'essentiel de la vie des étudiants ne se déroule pas pendant les cours. Dans cet univers de fêtes et de débauche, Sean Bateman n'a pas usurpé sa réputation de tombeur. Une bonne partie des jeunes filles du campus peuvent en témoigner personnellement. Paul Denton, lui, affiche au grand jour son homosexualité, mais il a du mal à se trouver des partenaires. Lauren Hynde, pour sa part, est sublime. Elle n'en abuse pas encore. Elle est trop occupée à chercher sa place dans ce monde libertaire qui obéit tout entier aux lois de l'attraction...

Les lois de l'attraction se présente comme un anti-teenage movie tout en utilisant les codes de ce genre de cinéma, ainsi qu'une pléiade d'acteurs qui en ont assuré son succès.

Le réalisateur, Rover Avary est aussi le co-scénariste de pulp fiction et réalisateur de Killing Zoe. Après presque 10 ans  de silence radio, il s'attaque à l'adaptation, avec brio, du roman les lois de l'attraction de Bret Easton Ellis également l'auteur d' American Psycho.

Malgré sa réputation de roman inadaptable au cinéma, ce film est une réussite du genre, Roger Avary a su tirer la quintessence du roman original, tout en restant fidèle à la narration d'Ellis, chaotique tout en étant froidement lucide et complètement cynique.

Le budget de ce petit film indépendant approche les 4M$, il en rapporta presque le double, au Box Office US.

Rover Avary s'autorise toutes les possibilités offertes par le langage cinématographique, split screens, séquences accélérées, ou à l'envers, temporalité non linéaire, mouvements de caméra ahurissants. L'ensemble de ces artifices ne fait que renforcer la tenue du propos, et l'atmosphère destructrice du film.

Le génie du film est aussi d'utiliser de jeunes acteurs complètement à contre emploi, c'est le cas par exemple de James Van Der Beek, qui est ici à l'opposé de son rôle lisse de jeune premier dans Dawson, les autres acteurs ne sont pas en reste puisque la plupart sont issus de séries TV (plutôt mièvres).

Bien loin des teen-age movie style American Pie, même si justement il en reprend les poncifs, les lois de l'attraction est un film pessimiste et noir. L'histoire du film se canalise sur la descente aux enfers, même si elle est allégée vis à vis du roman d'Ellis, de trois personnages principalement guidés par la drogue, le sexe et l'argent.  Le spectateur est placé alternativement du point de vue de ces trois personnages, ainsi la même scène peut être montrée différemment suivant le moment du film, et le personnage qui la vit.

C'est aussi un film aux multiples niveaux de lecture car au delà des histoires d'amours ratées des trois héros, on trouve aussi une critique acerbe et corrosive de la jeunesse Américaine complètement irresponsable et décadente. Le scénario se déroule au rythme des orgies de l'université de Camden, des jeunes adultes un peu paumés qui font mine de ne s'intéresser qu'au sexe alors qu'ils meurent d'envie de laisser s'exprimer leur sentiments, s'enfonçant peu à peu dans une profonde mélancolie.

La séquence du suicide, provoquée par un quiproquo, est tournée de manière romantico-gothique. Elle dégage un profond malaise chez le spectateur, qui pour le coup est le seul à connaître les véritables raisons de ce geste, qui sera mal interprété par chacun des personnages.

Ce film est un petit bijou pour toute personne s'intéressant aux productions originales et alternatives.

Le transfert sur DVD de ce film est des plus réussis, piqué impeccable, jolie colorimétrie. Les couleurs sont bien saturées, la définition est précise. Rien à redire pour ce film qui est rappelons-le un film à petit budget. 

Le Dvd bénéficie de deux fausses pistes 5.1, le film original n'ayant été produit qu'en dolby surround, le Dvd n'a pas été remixé pour bénéficier pleinement du 5.1, mais simplement ré encodé sur les 6 canaux.

La très grande majorité des effets sonores sont donc sur les frontales, le son est d'excellente facture, dynamique et précis, d'ailleurs la BO du film est elle même excellente. Les voix sont parfaitement claires et bien mixées par rapport à la BO.

Pour la partie doublage, l'écoute en VO est préférable, au niveau qualitatif mais aussi au niveau du doublage lui même pas toujours très fidèle.

Cette édition bénéficie d'un second DVD dédié aux suppléments dans leur ensemble assez riches et intéréssants, qui à l'image du film nous fait oublier les bonus marketing habituels.

 Anatomie d'une scène (26min)

Ce bonus montre en détail la construction d'une scène clé du film, la rencontre entre Sean et Lauren. Ce film aborde l'aspect technique, le split screen montrant d'un côté Sean de l'autre Lauren qui termine en plan serré, lorsque les deux personnages se retrouvent face à face.
Interview promotionnelle (15min)

Trés intéressante, cette interview n'a de promotionnelle que le titre. Roger Avary aborde différents aspects de son film et de sa vision du cinéma, le tout entrecoupé d'extraits du film. Il parle aussi de la difficulté d'adaptation des livres d' Ellis, en donnant au passage son avis sur les deux autres adaptations au cinéma de l'écrivain.
Autour du film (11min)

Roger Avary explique sa démarche par rapport au film, l'écriture du scénario, qui au départ n'était pas destiné à être réalisé mais faite dans un but personnel. Ce n'est que 8 mois plus tard que le producteur racheta les droits du livre pour demander à Avary de le réaliser. Il s'explique aussi sur sa façon de jouer avec les accélérés et ralentis, comme étant la perception du temps par ses personnages. Avary parle aussi de films comme American Pie qui ont inspiré la forme des lois de l'attraction, purement pour mettre en avant un fond complètement différent dans lequel nombre d'étudiants se reconnaîtront davantage.

 

Filmographie et interview des six personnages principaux

Assez court chaque interview à l'exception de celle de Sean, s'articule autour de 4 ou 5 questions. Chacun aborde la construction de son personnage, leur mal-être, aussi la réalité de ce qui finalement transparaît à l'écran, chacun étant d'accord que la vie étudiante dans le film donne une image assez fidèle de leur réalité d'anciens étudiants.

 

Du Livre au film

Autour de trois scènes, les séquences font un parallèle en faisant défiler le texte du livre en même temps que la séquence filmée. On s'aperçoit alors que tout en restant dans l'ensemble assez fidèle au livre, l'oeuvre d'Ellis est tout de même plus trashy.

 

Au final une édition riche et intéressante à la hauteur du film!