Procès de singe

« Je suis peut-être du beurre un peu rance, mais je suis du bon côté de la tartine »

E. K. Hornbeck – Procès de Singe

 

L'histoire

Bert Cates (Dick York), un jeune professeur de Hillsboro, Tennesse, est arrêté par les notables de sa ville, en 1925, pour avoir donné des cours sur les théories évolutionnistes de Darwin à ses élèves. Ses détracteurs l’accusent d’avoir enfreint le règlement de l’école qui interdit de contredire les écrits de la Bible. La nouvelle de son arrestation se répand très vite à travers le pays et les protestations sont véhémentes, au point que la municipalité envisage de libérer Bert Cates et d’étouffer l’affaire.

Mais Matthew Harrison Brady (Fredric March), un avocat et homme politique, ancien candidat aux élections présidentielles, se propose de représenter l’accusation et de faire de cette affaire un exemple pour les scientifiques qui osent défier la parole de Dieu. E. K. Hornbeck (Gene Kelly), journaliste au Baltimore Herald, se propose alors d’aider Bert Cates en lui offrant les services de Henry Drummond (Spencer Tracy), l’un des plus brillants avocats du pays…

Autour du film

Stanley Kramer réalise le film « Inherit the Wind » (Procès de Singes) en 1960. Il s’agit en fait de l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite par Jerome Lawrence et Robert E. Lee en 1950. Le sujet de cette pièce est basé sur un véritable procès qui eu lieu durant l’été 1925 à Dayton, Tennessee. Ce procès opposa John T. Scopes, un enseignant de 24 ans à l’état du Tennessee. L’enseignant avait délibérément provoqué ce procès pour faire modifier la loi de cet état et imposer le respect du 1^er amendement de la constitution américaine sur la liberté d’opinion.

La pièce de Jerome Lawrence et  Robert E. Lee a été écrite en réaction à la chasse aux sorcières du Maccarthysme et les idées anti-intellectuelles qu’elle véhiculait. Jouée pour la première fois à Broadway en 1955, la pièce eue beaucoup de succès, justifiant sa réécriture par Nathan Douglas et Harold Smith pour le cinéma. Un remake de ce film a été réalisé en 1988 pour la télévision avec Kirk Douglas dans le rôle de Brady.

Le titre original est inspiré du livre des Proverbes 11:29: "He that troubleth his own house shall inherit the wind." (Celui qui sème le trouble dans sa maison héritera du vent). Le film sera nominé quatre fois aux Oscars, mais ne recevra aucune récompense.

Critique subjective

Partant d’un sujet qui peut sembler dépassé et rébarbatif, le réalisateur parvient à nous faire passer un bon moment de réflexion avec quelques répliques bien senties (surtout de la part du journaliste joué par Gene Kelly). Les acteurs jouent très bien et parviennent à transmettre assez finement une situation qui est loin d’une opposition Bien contre Mal. Les relations humaines et l’impacte des croyances sur les âmes « simples » sont parfaitement mises en valeur, sans en devenir caricaturales.

Malheureusement, le procès lui-même n’est pas toujours très clair et la confusion entraîne une certaine frustration de la part du spectateur. Le film reste tout de même intéressant de part sa dénonciation de l’aveuglement religieux, un sujet qui est d’une étonnante actualité lorsqu’on les compare à certaines déclarations du président américain Georges W. Bush !

Le film nous est proposé en Noir et Blanc dans un format 1.66 dans un cadre 4/3. Mis à part quelques tâches et de très rares rayures, l’image est très bien restaurée et son transfert numérique est une réussite. Les contrastes sont très bien dosés, avec des noirs très profond sans perte de détails. La mise en scènes est de tout premier plan, avec de temps à autres des transitions auxquelles le réalisateur est parvenu à donner un sens. C’est le cas de celle où l’on voit le pasteur prier pour le salut de l’âme de sa fille. Des flammes apparaissent dans ses mains et l’image devient celle de la flamme d’une bougie devant un écriteau appelant à se méfier du diable. On voit ensuite la main du journaliste athée E. K. Hornbeck allumer une cigarette dans cette flamme : l’image est évocatrice !

Le DVD nous propose plusieurs pistes sonores en Dolby Digital 2.0 Mono, dont une piste anglaise et une piste française. Ces deux pistes sont de qualités équivalentes. Les doublages sont de très bonne qualité, avec une traduction très pertinente, qui a su préserver l’esprit du texte original. Les chansons restent dans la langue originale. Les pistes sonores sont enregistrées avec un niveau sonore assez bas pour les dialogues et il faut de temps à autre jouer avec la télécommande lorsqu’on passe d’une chanson au reste du son. Il n’y a pratiquement pas de souffle audible, sauf à très haut niveau sonore, mais on notera alors aussi une légère limite dans la dynamique des hautes fréquences qui conduit à une très légère saturation dans les aigus.

Pour ce DVD, l’éditeur ne nous propose aucun supplément, pas même de chapitrage. Les menus sont eux-même extrêmement dépouillés, avec seulement quelques icônes pour se repérer.