Synopsis :
Kong est un tueur professionnel, qui abat ses victimes sans aucun scrupule, dans les sombres ruelles de Bangkok. Le destin lui offre la possibilité de devenir meilleur en mettant sur sa route une jeune femme dont la tendresse est la première qualité. Sourd et muet, après une enfance difficile, Kong tue pour se venger. La jeune femme saura t-elle le changer avant qu'il ne soit trop tard ?
Critique subjective :
Un film dans le genre…
Un tueur à gage face à son destin, un amour impossible : pas de doutes, Bangkok Dangerous est bien un film de genre. A l’instar d’autres productions récentes comme Fulltime Killer, Infernal Affairs ou Time and Tide, le premier film des frères Pang est au départ, et bien qu’il nous vienne de Thaïlande, une réminiscence du genre « film de gangsters mélancolique made in HK ». En effet, avec son style visuel audacieux (mélange des supports, caméra à l’épaule) et son rythme général, le film est comme une évocation des pièces de Wong Kar Wai (les anges déchus, en particulier, possède même sur le plan scénaristique certaines similitudes). L’histoire d’amour emprunte au cinéma de John Woo (voir du coté de The killer notamment) tandis que la violence abrupte et meurtrière du film nous renvoie à l’œuvre de Takeshi Kitano. Mais les références ne se font pas seulement aux films asiatiques. Dans le grand silence de Sergio Corbucci (avec jean louis Trintignant), le héro est également un tueur muet qui ne peut fuir son destin…
Même s’ils multiplient les références, les frères Pang nous livrent bien plus qu’un patchwork cinématographique…
Un film marqué par le silence…
Bangkok Dangerous est un film quasiment dépourvu de dialogues. En effet, le protagoniste principal du film est un tueur sourd et muet. Il est incapable de pourvoir communiquer pleinement avec les autres. Pourtant, ce qu’il est incapable de dire, ou d’entendre, est loin d’être passé sous silence. La mise en scène mise particulièrement sur les perceptions visuelles et auditives : «
Communiquer la colère, le chagrin, la douleur ou la confusion sans faire appel au dialogue était très délicat. Nous nous sommes d'abord reposés sur l'aspect visuel et sur les messages sonores. Les images devaient pouvoir raconter la plus grande partie de l'histoire, comme au début du cinéma, quand le silence était d'or… ». Un moustique pris dans une toile ou un spectre marchant aux cotés de kong, ce sont autant de représentations naïves mais concrètes des sentiments qu’éprouve le tueur. Les frères Pang vont toutefois bien plus loin qu’utiliser simplement quelques images métaphoriques. Ils s’évertuent à associer pleinement toute l’étendue des possibilités du langage cinématographique au message qu’ils souhaitent transmettre. Ainsi, les mouvements de la caméra dans le plan horizontal retranscrivent le niveau d’attention de Kong durant une scène ou encore signifient sa volonté de discrétion (comme durant la scène du meurtre dans le métro de Hong Kong). Les mouvements de la caméra dans le plan vertical illustrent, quand à eux, les rapports de force entre les personnages (Au début du film, Kong est sur le point de commettre un meurtre du haut d’un immeuble. Sa proie, en contrebas, est filmée de haut). Le montage, quant à lui, fait de Bangkok Dangerous un film tantôt rapide, tantôt plus lent, et retranscrit parfaitement le bien être ou le mal être de Kong…
Un film inscrit dans la chair…
Les frères Pang semblent aussi vouloir se jouer du temps qui passe. Certaines scènes semblent être accélérée, tandis que d’autres sont ralenties. Le spectateur est pris dans un tourbillon temporel. Cette impression est encore augmentée par les flashs backs présents tout au long du film. Pourtant, du sang qui s’écoule, une goûte de sueur sur le visage du tueur, des larmes, ce sont autant d’images qui induisent une notion simple d’écoulement du temps. Une sorte de temporalité inscrite dans la chair du tueur et qui fait de lui le lien nécessaire entre ces mises en abîmes temporelles. Car c’est bien son corps et les sensations (le chaud, le froid, la peur ?) que ce corps éprouve qui sont mises en scène. Cette idée trouve un écho émouvant dans les images du héro contemplant les inscriptions qu’a réalisé son amie sur ses bras. Prenant tout ceci en compte, l’issue dramatique du film trouve une justification d’une logique imparable…
Un dernier mot ?
Un film à voir et a revoir (pour en saisir toute la logique) un film à avoir donc…