Blow-up

L'histoire :
Thomas (David Hemmings) est un jeune et célèbre photographe de Londres. Blasé, il pratique son art sans réel plaisir jusqu'au jour où une photographie prise dans un jardin public réveille sa conscience. En développant ce cliché où un couple s'étreint, il remarque, caché à proximité, un homme pointant une arme sur eux. Cette révélation va interpeller profondément l'artiste qui retourne sur les lieux et trouve un cadavre. Ses investigations le mènent à une femme insaisissable, Jane (Vanessa Redgrave) et se poursuivront avec un immense doute qui lui imposera de faire la part entre réalité et imaginaire ... 

La critique :
Tout d'abord assistant de Marcel Carné, Michelangelo Antonioni s'est ensuite orienté vers le journalisme avant de se lancer dans l'écriture de scénari. Après quelques courts métrages, il réalise quelques chefs-d'oeuvre du cinéma italien comme L'avventura (1959), La nuit (1960), Le désert rouge (1964), Blow up (1966) et le sublime Professsion : reporter, en 1975.
La première partie du film est un peu lassante, on suit ce jeune photographe désagréable et imbu de sa personne sans trop savoir où veut nous mener l'histoire. En revanche, à partir de la scène dans le jardin public, tout s'enchaîne dans un tourbillon d'images imprégnées d'esthétisme. L'intrusion furtive, dans la vie de Thomas, de la superbe Jane (Vanessa Redgrave) va jouer un rôle de détonateur dans sa propre conscience. Cette femme sur la photo, enlacée dans les bras d'un homme peu avant son meurtre, est-elle réelle ? Nous suivons le photographe dans sa quête de vérité, avec une succession de situations, d'images et d'ambiances (musicale, érotique ...) comme autant de pièces qui constituent un puzzle. L'interprétation de David Hemmings est on ne peut plus convaincante. Les dialogues ont une importance mineure, les superbes compositions de Herbie Hancock se marient parfaitement avec les images froides et sophistiquées pour en extraire leur moëlle : les sensations.
Seule ombre au tableau, Warner a décidé de censurer deux plans, lorsque Vanessa Redgrave se retrouve torse nu dans le studio photo de David Hemmings et lorsque Jane Birkin se roule au sol avec une amie et laisse rapidement entrevoir son pubis. Rien de grave serait-on tenté de dire mais, en l'occurence, cette censure touche une oeuvre où quasiment tout passe par l'image, rien n'est filmé au hasard, à la légère, donc chacun appréciera ...

Conclusion :
Blow up est une oeuvre caractéristique de la démarche artistique d'Antonioni. Sans détour, ce film va à l'essentiel, explore la nature humaine avec ses névroses, ses désespoirs, ses recherches. Cette oeuvre est par conséquent un élogieux témoignage du patrimoine cinématographique italien. Le DVD, s'il nous permet de revoir ou de découvrir la parfaite maîtrise cinématographique de cet artiste, n'en demeure pas moins pénalisé par deux points : des suppléments sans réelle ambition et surtout une censure artistiquement "castratrice" ...   

Un superbe travail avec une livrée 16/9 au format 1.85. Très bon équilibre général avec une définition correcte, des couleurs et des teintes fort naturelles (le teint blanchâtre du premier modèle photo lors des premières minutes du film). La fluidité n'est pas prise en défaut, même s'il faut reconnaître que les plans sont majoritairement statiques. Seule la compression laisse percevoir quelques défauts de scintillement ...  

Avec un Dolby Digital 1.0 pour la VO et la VF, la section audio accuse son âge. Le souffle est omniprésent, la restitution manque de vie, de détails et, sur certains passages, elle fait preuve d'un début d'agressivité. La VO semble être plus naturelle mais il faut quand même tendre l'oreille; heureusement que ce film ne mise pas tout sur les dialogues ! 

Une photo du film sur fond rouge vif constitue l'habillage du menu principal sur lequel on sélectionne :

- Démarrer le film : lancement du programme principal.
- Accès direct à une scène : un chapitrage fort lisible avec vignettes fixes de taille convenable et numérotation.
- Bonus :
* Commentaires de l'auteur Peter Brunette (107min - DD 1.0 - VO) : malheureusement non sous-titré, ce commentaire est plutôt dense en détails et analyses qui recadrent le film dans son contexte.
* Piste musicale seule (107min - DD 2.0) : un supplément peu souvent proposé. Il est ici d'autant plus judicieux que la musique est signée de l'excellent Herbie Hancock.
* Bande-annonce (1min - DD 2.0 - VO).
* Bande-annonce originale (2min09 - DD 2.0 - VO) : les bandes-annonce sont marquées par le temps mais gardent quand même leur intérêt. 
- Langues : sélection de l'une des trois bandes-son (hélas, sans le moindre rappel du format audio) et éventuellement de l'un des huit sous-titres disponibles.

L'interactivité est assez ordinaire avec comme seule originalité la musique de Herbie Hancock. Le thème du film et son traitement par Antonioni méritaient à eux seuls un autre sort ...