L'histoire :
Afin de mettre la main sur Dragon, un gangster notoire, deux flics en civil font une longue planque dans l’appartement d’une femme âgée. Peu à peu, les deux inspecteurs sympathisent avec la vieille dame et deviennent des familiers de l’immeuble. Jusqu’au jour où le gangster est de retour.
Critique subjective :
Wilson Yip est réalisateur, acteur, scénariste. Il a tourné en tant qu’acteur dans une dizaine de film et en a réalisé une quinzaine dont Bullets over summer (1999) et Juliet in love (2000) dont il a aussi écrit les scénarios et plus récemment Leaving Me, Loving You (2004). Pour Bullets over summer il fait reposer son film sur les épaules de deux acteurs dont Francis Ng et Louis Koo.
Francis Ng commence par une carrière télévisuelle puis apparaît également dans la série des Young and Dangerous et dans plusieurs films de triades comme
Big Bullet (1996),
The Mission (2001) ou dans
A man called a hero (1999) où il joue le rôle d'un méchant.
Il signe un très bon premier rôle dans le très intéressant Bullets over summer de Wilson Yip (1999).
Louis Koo est vedette de la canto-pop et acteur. Il a été découvert dans OCTB de Kirk Wing, mais il n’est vraiment repéré que dans Bullets over sommer. Tsui Hark l’enrôle ensuite pour Legend of Zu (2001) avant qu’il ne tourne pour la société Milky Way des comédies (Mighty Baby, 2002) ou Throw Down(2004) de Johnny To.
Bullets over summer est un exemple de ce que Jean-Pierre Dionnet appelle le néo-polar Hong-Kongais. Si l’on compare ce film avec un groupe de polar Hong-kongais comme ceux de la collection Asian Connection (
Big Bullet,
OCTB,
Asian connection) datant du début des années 90, on constate que Bullets over summers se place nettement au-dessus.
L’alchimie du film repose sur un duo à la limite du buddy-movie qui assure une bipolarité flic sérieux/mature et flic nonchalant/jeune.
L’autre point fort de ce polar est la chronique sociale qui vient se nicher de manière un peu inattendue au cœur de l’histoire à la faveur d’une planque. On y explore ce que l'on appelle les nouveaux territoires que Hong Kong gagne sur la mer afin d'étendre son territoire pour faire face à une démographie galopante. Dans ce contexte de feuilleté social se constitue une sorte de famille touchante et d’autres histoires se greffent sur la poursuite du méchant Dragon interprété par l’acteur
Joe Lee que l’on retrouve aussi au casting de
Victim(1999) dans le rôle d’un méchant.
On vit pendant une bonne partie du film au cœur d’une copropriété où l’on croise un échantillon assez diversifié de la population Hong-Kongaise. Ainsi, un peu tous les statuts sont représentés, la vieille, l’étudiante, les deux policiers aux caractères opposés et complémentaires, les voisins mafieux …
Le scénario se met également de la partie pour provoquer des coïncidences et l’utilisation des arrêts sur images exactement au moment où surviennent des pics de tension produisent à leur tour des accélérations de l’intrigue. Ce procédé est particulièrement bien utilisé dans Bullets over summer et on peut même penser que le film aurait tiré parti à l’utiliser plus souvent. Il est vrai que le film est d’un intérêt certain mais aurait pu gagner à explorer plus avant ce type de solutions formelles. Cependant on a droit à quelques scènes d’actions où les balles fusent et on parvient à un équilibre qui n’est pas parfait mais dynamise le film et lui donne un certain cachet.
Le casting réserve d’autres surprises avec la grand-mère un brin dérangée et interprétée par Lan Law. Elle tourne depuis 1957 ce qui lui permet d’avoir une impressionnante filmographie et a joué dans Young & Dangerous III (1996) par exemple.
Elle campe une vieille dame qui vie seule dans un appartement et qui croit ou fait mine de laisser croire que les deux policiers sont de sa famille ce qui donne lieu à différents malentendus à la fois comiques et pénibles. La jeune étudiante qui devient la petite amie de Brian, l’inspecteur interprété par Louis Koo, arrive à avoir une certaine présence à l’écran et son air toujours enjoué et mutin complète parfaitement la petite famille.
Verdict :
Bullets over summer est un polar honorable qui permet d’apprécier à la fois une intrigue policière et une chronique sociale au cœur de Hong-Kong. On passe un meilleur moment qu’avec certains autres polar Hong-Kongais peut-être un peu trop systématiques et on retrouve un peu de cette exploration de l’identité de l’ancienne colonie que Wong Kar–wai aime à mener dans ses films mais avec des objectifs tout différents.