Fatale

L'Histoire : Stephen, membre de l’aristocratie anglaise et membre du gouvernement, rencontre la nouvelle petite amie de son fils, Anna. Il succombe immédiatement au charme étrange de la jeune femme. Commence alors une relation passionnée et violente aux conséquences insoupçonnées...

 

 

Un film trouble et dérangeant 

Dès le premier regard, Stephen et Anna comprennent. Pas besoin, non plus, de se poser des questions sur le bien ou le mal de ce qui va suivre. Louis Malle, pour son avant-dernier film, nous donne à voir l’histoire de deux êtres qui sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre, au mépris des conventions de notre société.

 

Une passion trouble, dérangeante. Immorale ? Question de point de vue. En tout cas, à aucun moment le réalisateur d’Au Revoir les Enfants et d’Ascenseur pour l’Echafaud ne prend partie ou ne juge ses personnages. Il ne fait que montrer. N’hésitant pas, par moments à placer sa caméra dans des endroits qui donnent l’impression au spectateur d’être un voyeur, un espion.

 

Le spectateur est happé, frappé par cette relation. Que ferait-il à leur place ? Arriverait-il à se raisonner ou bien céderait-il à ses pulsions ? Stephen lui aussi a passé toute sa vie à se comporter selon les codes et usages en vigueur, mais là, il ne s’appartient plus. Plus rien n’existe à part Anna. Il va succomber, sombrer petit à petit. Et rien, à part être avec elle, n’aura d’importance, d’intérêt. Au bout d’un certain temps, la culpabilité n’aura même plus lieu d’être, dévoré qu’il est par son amour.

 

Quant à Anna, son comportement restera longtemps obscur. Pourquoi reste-t-elle avec le fils de son amant ? Elle non plus ne peut se passer de lui. Pourtant elle paraît plus facilement s’accommoder de cette relation. On ne comprendra que plus tard. Un drame, dans son enfance, la laisse incapable de vivre sereinement les choses, pour toujours ?

 

Leur relation est brutale, presque sauvage. Louis Malle filme crûment leurs rapports. Il est ici question de passion et donc de sexe. Inutile d’enrober le tout de roses, de bougies, de belle musique. Stephen et Anna sont deux adultes qui se désirent mutuellement.

 

Un couple sensuel et torride, qui permet à Jeremy Irons et Juliette Binoche de montrer toute l’étendue de leur talent. Dans un registre pas facile, celui d’un homme qui va perdre pied devant des sentiments qu’il n’a jamais ressenti, le plus francophile des acteurs anglais est impressionnant de justesse. Et pour lui donner la réplique, la plus internationale des actrices françaises, troublante et attirante fait jeu égal avec le lauréat de l’Oscar, en 1990, pour son interprétation du Conte Von Bulow dans Le Mystère Von Bulow de Barbet Schroeder. A eux deux, ils donnent corps à ce couple, lui insuffle une intensité, en évitant tous les écueils d’une histoire qui aurait vite pu sombrer dans l’érotisme graveleux.

 

Le sujet pouvait initialement inquiéter, mais avec un grand réalisateur à la baguette, porté par une photographie vaporeuse collant parfaitement au sujet, le tout accompagné d’une très belle musique signée Zbigniew Preisner, Fatale intrigue, dérange. Si on n’assiste pas à un chef d’œuvre, le film ne laissera pas indifférent et résonnera pour un certain temps dans l’esprit du spectateur.

Petite déception. Le film n’étant pas trop vieux, le transfert aurait pu être mieux travaillé. Le poids de ces quelques années se fait malgré tout ressentir. Un peu de grains. Plus quelques flous autour des visages lorsque les personnages sont en mouvement, en extérieur.

Comme pour l’image, aucun effort de fait. Juste deux pistes stéréo, anglaise et française. Un peu faiblard, que ce soit au niveau de la dynamique ou de la spatialisation.

Les deux pistes sont mixées à l'identique, mais en raison du doublage, tellement catastrophique qu’il en devient risible, on conseillera la piste anglaise.

Uniquement la bande-annonce et la filmographie des acteurs et du réalisateur.