Le Film
Critique de Nicolas Polteau
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
104 min
Nb Dvd
1
Autour du film
La genèse du projet
Paul Haggis (réalisateur et scénariste) a eu envie d’écrire le scénario de Collision à partir de ses expériences personnelles, des ses peurs et de ses observations sur le monde. Un jour, en sortant d’un magasin vidéo à Los Angeles, il s’est fait voler sa voiture sous la menace d’une arme à feu. Il est rentré chez lui, a changé toutes les serrures de sa maison.... et a commencé à s’interroger sur ses agresseurs. Depuis combien de temps étaient-ils amis, qu’aimaient-ils faire pour se distraire, se considéraient-ils ou non comme des criminels, comment justifieraient-ils leurs actes... Quelques années plus tard, il décida d’écrire une histoire selon leur perspective à eux.
« À l’époque, raconte Haggis, je vivais à Los Angeles depuis vingt-cinq ans et j’avais eu le temps de bien observer la subtile petite guerre de race et de classe sociale qui s’y déroule tous les jours. J’ai été témoin de la manière dont on pratique la discrimination les uns envers les autres dans notre vie quotidienne. J’ai vu comment on rationalise cela, comment on l’excuse à nos propres yeux, comment on organise nos vies pour ne pas avoir à l’affronter, et comment on nie l’existence des problèmes raciaux. Mais ce n’est qu’après le 11 septembre que j’ai compris comment écrire sur ce sujet. Le film ne porte pas vraiment sur la question de la race ou la classe sociale, il porte sur la peur de ceux que l’on ne connaît pas. Il parle de l’intolérance et de la compassion, de la manière dont nous détestons tous être jugés sans jamais refuser de juger les autres, ce qui est totalement contradictoire. »
Le financement
Contrairement à ce que pensaient Paul Haggis et Bobby Moresco (co-scénariste), le portrait sombre et plein de fractures qui a émergé de leurs réflexions n’a repoussé ni les responsables de studios, ni les acteurs. La réponse a même été étonnamment enthousiaste...
Collision est devenu un projet particulièrement cher aux yeux du producteur Mark Harris, qui confie : « Nous savions que ce ne serait pas un projet facile, mais le scénario était tout simplement brillant. »
Une star au générique
En janvier 2003, le scénario faisait déjà parler de lui et le casting commença. Les petits films indépendants trouvent généralement leur financement grâce à leurs stars. Au sommet de la liste de Haggis et de son équipe figurait Don Cheadle. Depuis dix ans, cet acteur est devenu l’un des plus demandés. Haggis raconte : « Don Cheadle a été le premier acteur que nous avons contacté et le premier à dire oui. Il a dit qu’il aimait le scénario et qu’il était prêt à jouer n’importe quel rôle. Nous étions fous de joie. » Don Cheadle remarque : « Le scénario donnait vraiment l’impression que de vrais gens disaient de vraies choses dans des situations bien réelles. C’est ce qui m’a attiré. » Le profond intérêt de l’acteur pour le scénario et les personnages l’a poussé à devenir également producteur du film. Bobby Moresco raconte : « Grâce à l’implication de Don Cheadle, nous avons pu faire lire le scénario à des acteurs et des actrices de tous niveaux, juste pour voir s’ils étaient intéressés. Ça n’arrive jamais à Hollywood et ça n’aurait jamais pu se produire sans Don. »
Résumé
Deux voleurs de voitures. Un serrurier mexicain. Deux inspecteurs de police. Une femme au foyer et son mari. Tous vivent à Los Angeles. Eux et beaucoup d’autres ne se connaissent pas, leurs vies n’auraient jamais dû se croiser. Pourtant, dans les prochaines 36 heures, leurs destins vont se rencontrer, révélant ce que chacun voulait cacher ou ne pas voir...
Critique subjective
Réalisé et écrit par Paul Haggis, scénariste de Million Dollar Baby, Collision évoque le destin croisé d’une dizaine de personnages avec comme toile de fond les relations conflictuelles interethniques. Au générique du film, on retrouve une pléiade d’acteurs renommés parmi lesquels Matt Dillon (Mary à tout prix), Sandra Bullock (Speed) et Don Cheadle (Ocean’s 11). Fraîchement auréolé de trois Oscars dont celui de Meilleur film, Collision s’affiche comme une véritable surprise. Pour autant, on est amené à se demander si le film mérite tous ces honneurs reçus. La réponse, dans la suite de la critique.
Du petit au grand écran
Qui allait nous dire un jour qu'un des créateurs de la longue série télévisée Walker Texas Ranger, un produit au service de Chuck Norris, se serait transformé en un des scénaristes des plus réputés d’Hollywood. On parle bien évidemment ici du fraîchement oscarisé, Paul Haggis. Toutefois, sa valeur n’était déjà plus à faire dans le milieu cinématographique depuis qu’il signa le formidable script de Million Dollar Baby réalisé par Clint Eastwood (2005). Pour Collision, Haggis passe pour la première fois derrière la caméra en adaptant son scénario original (basé sur ses propres expériences). Un pari risqué mais qui s’avère (quasiment) gagnant !
Collisions ethniques
La trame de Collision se déroule à Los Angeles, ville qui représente pour beaucoup l'étendard du rêve américain mais qui est également une des villes ayant le plus grand mélange ethnique des Etats-Unis (et peut-être même du monde). Celui-ci provoque des conflits quotidiens entre les blancs, les noirs (pauvres et riches), les arabes, les hispaniques, les orientaux... Ces communautés, aux cultures souvent éloignées, sont obligées de partager un même espace vital et de vivre tant bien que mal face à l’adversité. Pour exprimer cette situation, Paul Haggis a tenu à reprendre tous les stéréotypes raciaux existants. À savoir, des jeunes noirs délinquants, un policier blanc raciste, un commerçant arabe se sentant constamment persécuté, un politicien blanc ne voyant dans la communauté noire qu’un soutien électoral, etc. Des clichés forts au service d’un scénario astucieusement élaboré qui s’avère être la réussite du film. Haggis parvient à combiner tous ces éléments pour former plusieurs intrigues en une seule histoire (film choral), et ce, sans compromettre la fluidité du long métrage ! Un reproche toutefois, même si le film permet de mettre en lumière les problèmes raciaux, cette exacerbation des clichés ethniques devient pesante voire énervante à la longue !
Film choral à L.A.
Esthétiquement, Collision ressemble énormément à Traffic (2001) de Steven Soderbergh, avec lequel il partage également le rythme et le déroulement des histoires. On pense aussi bien entendu à Short Cuts (1994) de Robert Altman et Magnolia (2000) de Paul Thomas Anderson, tous deux étant également des films chorals se déroulant, de surcroît, à Los Angeles. Au niveau inspiration, on a connu mieux ! Heureusement, tout comme le scénario, la réalisation se révèle être de très bonne facture notamment pour une première. Aucun artifice n’est utilisé, juste une mise en scène qui suit le rythme du récit (ex : caméra à l’épaule pour des scènes violentes). Signalons enfin, la merveilleuse direction d’acteurs où l’on retrouve le formidable Matt Dillon (nommé pour L’Oscar du meilleur second rôle) dans le rôle d’un policier raciste, Sandra Bullock (Speed) méconnaissable en tant que bourgeoise outrancière et Ryan Philippe (Sexe intentions) remarquable en coéquipier de Matt Dillon, à cent lieues de ses rôles teenagers !
Verdict
Casting remarquable, scénario puzzle brillamment ficelé, Collision nous livre - sans entrer dans le sentimentalisme - une peinture exhaustive de la société américaine post 11 septembre à travers les yeux d’une dizaine de personnages aux origines variées. Les thèmes développés (sentiment d’insécurité, peur de l’autre, persécution, abus de pouvoir...) démontrent une certaine réalité quotidienne, cependant la paranoïa excessive exposée dans le film s’avère parfois hors limite.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
Le transfert cinémascope sur le support numérique s’avère quasi similaire à l’image diffusée dans les salles obscures. La colorimétrie flashie est en tout point respectée ; la compression se révèle très discrète, seules quelques scènes sombres posent de légers problèmes. Une réserve toutefois, la définition n’apparaît pas toujours optimale, en particulier avec l’utilisation d’un grain (voulu) ne permettant pas toujours des détails au couteau ; on note également un passage complètement lisse sur le disque (cf. 63’06’’ à 63’16’’). Au final, même si des imperfections subsistent, l’image fait preuve dans l’ensemble d’une belle tenue !
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
Anglais
5.1
Deux pistes sont proposées sur le DVD : la VF Dolby Digital 5.1 (448 kbps) et la VO Dolby Digital 5.1 (448 kbps). Avec un titre aussi évocateur que Collision, nul doute, me direz-vous, que la bande-son doit pulsée. Et bien, on est assez loin du compte ! Premier constat, les effets localisés notamment les surrounds sont rares voire inexistants. Second point, lorsque la situation l’exige (cf. 62’07 : explosion), la bande-son cale au niveau du dynamisme (manque de basses). Heureusement, tout n’est pas noir ! Tout d’abord, la retranscription de la musique (sublime) s’avère idéale, on se retrouve en totale immersion (cf. 57’35). En outre, les dialogues se révèlent clairs, sans défauts apparents. On notera également, quelques (rares) tentatives d’ambiance sonore (cf. 63’05 : sirènes de police), malheureusement diffusées sur l’ensemble des canaux. Concernant les éventuelles différences entre les deux pistes audio, il n’y en a guère, si ce n’est le timbre des voix légèrement plus élevé dans la version française.
Nota bene pour les amateurs de doublage, le casting des voix françaises est atroce ! On retiendra particulièrement celle de Sandra Bullock (inadaptée), de Matt Dillon et de Brendan Fraser.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
22 min
Boitier
Amaray
Menus
Des menus simples en parfaite cohésion avec le film notamment au niveau des couleurs et de la musique.
Suppléments (vost)
- Commentaire audio du réalisateur Paul Haggis, du producteur / acteur Don Cheadle et du coscénariste Bobby Morasco. L’exercice se révèle très agréable mais surtout fort intéressant. Un bon nombre d’anecdotes sur le développement et la production du film est fournie par le trio.
- Coulisses du tournage (10’05). Davantage une featurette promotionnelle plutôt qu’un véritable making of ! Les principaux protagonistes s’expriment notamment sur le film et plus précisément sur le thème (projet dont la plupart se dit fier d’avoir participé). Rien de transcendant !
- Interviews de Paul Haggis et de Matt Dillon au Festival de Deauville (7’52). Un entretien qui revient sur la genèse de l’histoire, puis sur le casting mais aussi sur le tournage (35 jours) ainsi que sur le thème principal du film, le racisme. Les interviews sont instructives même si on aurait souhaité un développement un peu plus conséquent !
- Vidéo-clip (4’20) : Kansascali « if i ... »
- Bandes-annonces (vf et vost) : La mort en ligne, Les bienfaits de la colère et Cube zéro.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
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Filmographies
Clips vidéo
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