L'État de grâce (TV)

Et si une femme était élue à la présidence de la république. Voilà une idée qui ne trouve pas plus bel écho que notre actualité du moment. Bien évidemment, dans la série « L’état de Grâce », l’idée est corsée par le fait que la femme en question est plutôt jeune, plutôt jolie et particulièrement séduisante. Et pour comble d’infortune, elle tombe enceinte.

Si le ton est plutôt léger, l’ensemble ne manque pas d’intérêt, mais ne peut surtout pas cacher la faiblesse de son scénario. Si l’entreprise était une bonne idée au départ, à l’arrivée, elle semble un peu trop légère pour rendre crédible et intéressant l’ensemble. Et pourtant « L’état de Grâce » séduit dès le départ. La fraîcheur et le talent de la douce Anne Consigny (Le bison, 36 quai des Orfevres) n’y sont certainement pas étranger.

D’ailleurs il est certainement plus juste de préciser que dès les premières images, le spectateur est capté. D’abord parce que l’histoire de cette femme, qui semble totalement étrangère à ce monde politicien particulièrement machiste et pourtant si conscient de la réalité des serpents qui l’entourent, se présente comme une très bonne idée. Ensuite, l’affublé d’un mari, pas du tout préparé aux fonctions de premières dames de France, est évidemment encore une bonne idée et surtout elle pose une question : « Et si une actuelle candidate devenait présidente, est il possible d’imaginer son mari dans les tailleurs de Bernadette ? »

Celui de Grâce Bellanger, a beaucoup de mal à s’adapter, ou plutôt a adapter son style au protocole imposé par la fonction de sa moitié. Les seconds rôles qui gravitent autour de l’actrice forment un agréable ensemble, et rajoutent un peu de piquant ou de pittoresque (c’est selon !) au discours.

Et c’est peut-être justement, là que le bas blesse. Car le discours est la plus grande faiblesse de l’état de Grâce. Un peu trop lisse et trop conventionnel, il ne réserve aucune surprise : Une femme présidente est forcément douce, humaine, compréhensive, amoureuse et légère. Et puis les hommes en politique sont tous des chiens ou presque. Et puis le conseiller le plus proche de cette femme présidente est obligatoirement Homo. Et puis… et puis…et puis si en plus elle était enceinte ça bousculerait encore plus les conventions.

Alors ne faisons pas de mauvais esprit, tout n’est pas forcément mauvais, et effectivement même s’il ne faut pas oublier que l’une des femmes les plus influentes du siècle dernier fut Margaret Thatcher, on peut croire qu’un pays dirigé par une femme serait peut-être plus nuancé qu’avec tout ces dinosaures qui se sont succédés tout au long de ces années. Mais il eut été aussi intéressant de nuancer (justement !) un peu plus ce personnage de femme arrivé au pouvoir par la force de ses combats. Car les auteurs nous offrent plutôt un bon gros bonbon rose qu’une délicieuse friandise d’un grand confiseur, regroupant toutes les nuances des parfums. Au vu de notre actualité, une femme au pouvoir représente le changement, mais pour accéder à la présidence, ces femmes politiciennes ne viennent certainement pas du pays des bisounours. En 6 épisodes, il eut été plus judicieux d’étoffer ce personnage que de l’enfermer dans une histoire tenant plus du roman photos que de la satire sociale.

En conclusion, une agréable série dont l’intérêt relève plus du talent et de la fraîcheur de ses comédiens que de la force de son scénario qui manque cruellement de nuance.

Une image granuleuse qui ne fait que ternir l’ensemble. C’est assez décevant, car cela aurait mis un peu plus en valeur les couleurs somptueuses des salons de l’Elysée, ou encore des extérieures présidentiels.

Une piste 2.0. Rien de superflus, juste ce qu’il faut pour apprécier le programme. Même remarque que pour l’image, une piste 5.1, aurait offert un peu plus de beauté à l’ambiance.  

Un court making of présentant les personnages par la voix de leurs interprètes. Pas de quoi se réjouir, car on n'apprend rien de bien extraordinaire sur l’ensemble. Puis un ensemble de scènes coupées sans commentaires. Si le ton de la série est volontairement léger, on est en droit de se demander si les bonus n’ont pas bénéficié du même traitement.