Enid (Thora Birch) et Rebecca (Sacarlett Johanson) sont deux amies qui viennent de terminer leurs études, dans un lycée dont elles se contrefichent. Elles n'ont jamais eu trop d'affinités avec les autres lycéens et c'est avec soulagement qu'elles se voient quitter cette période de leur vie. Décidées à trouver du travail qui leur amènera les ressources nécessaires pour vivre ensemble, Enid va brusquement se lier avec Seymour (Steve Bruscemi) un adulte hors normes dans une relation ambiguë.
Ghost world est un film touchant abordant des thèmes divers au travers des péripéties de sa principale héroïne (Thora Birch), mais le point le plus récurrent reste le passage de l'adolescence vers l'age adulte.
Terry Zwigoff, réalisateur de Ghost World, n'avait réalisé jusqu'à présent que deux documentaires. Louie Blue (1985) qui racontait la vie d'un blues man des années trente et Crumb (1994), biographie sur un célèbre dessinateur underground dans laquelle il y apporte une touche très personnelle.
Loin du teen age movie à la American Pie, les créateurs du films décrivent un univers unique, un peu sombre, peuplés de caractères surprenants (ou même les seconds rôles sont percutants et travaillés au scalpel) mélangeant savamment poésie, souffrance, insouciance et cruauté. Enid est une adolescente fantasque, déjantée et terriblement lucide sur le monde qui l'entoure et dans lequel elle a bien du mal à retrouver ses marques, chaque personnage quelle rencontre est dessiné sur un cahier qui ne le quitte pas et dans lequel elle n'hésite pas à transformer un loser en prince et un golden boy en fanatique satanique. Rebecca sa meilleure amie est plus sobre, réservée et pragmatique. Seymour est un adulte célibataire endurci, paumé et solitaire qui refuse toute forme de progrès et passe son temps à collectionner de vieux 33 tours.
Les acteurs sont tout simplement époustouflants, Thora Birch et Steve Bruscemi livrent une interprétation très juste, sensible et qui mets parfaitement en relief la complexité des personnages.
Au travers de cette histoire, Terry Zwigoff montre que nous sommes seuls face à nous même pour prendre notre destinée en main, ainsi au début du film les deux amies inséparables vont peu à peu s'éloigner (puis se perdre), de même à la fin du film lorsque Enid prend un bus qui se trouve sur une ligne qui n'existe plus depuis deux ans, elle part pour un chemin inédit, responsable de son propre destin, des choix qu'elle fera et de leur conséquences.