Un patron dominateur compulsif, une nouvelle recrue à l’arrivisme forcené, un cadre calculateur et machiavélique, et une employée trop victime pour être honnête règlent leurs comptes sur les terrains de sport.
La sueur se mêle à la manipulation, la domination sportive se transforme en harcèlement et la résistance physique devient le seul rempart contre le licenciement…
Aviron, Squash, parcours santé, canyoning, le nœud de vipères ne cesse de se resserrer jusqu’à ce que les masques tombent.
« Fair Play » est un film atypique à bien des niveaux. D’abord par sa structure : le film se découvre comme une exploration de différents sports. Passant innocemment en revue les techniques de base de ces épreuves pour mieux en comprendre les effets sur le corps et sur le mental. C’est aussi, et c’est certainement la meilleure idée du film, un moyen détourné de mettre en évidence les névroses et autres pathologies psychiques des uns et des autres. Car l’un utilise sa force physique pour mieux déstabiliser son équipier lors de partie de squash ou alors l’autre qui profite de parcours santé pour user ou abuser de son statut.
Toute une panoplie permettant au réalisateur de constamment faire un parallèle entre une activité et son égo professionnel. Le spectateur se retrouve soudainement face à un miroir inattendu de sa propre existence. Se retrouvant un peu ou totalement dans ces personnages prisonnier d’une activité professionnelle qui les suit jusque dans les moments les plus privés. Une pression qu’ils n’arrivent plus à évacuer, même dans une activité sensée les aider à évacuer le stress d’une journée ou d’une semaine de travail. L’occasion pour le réalisateur de poser une question : Et si toutes ces rancoeurs jaillissaient lors d’une activité sportive commune où la solidarité et l’unité sont les piliers de la réussite, qu’adviendrait il du groupe ?
« Fair Play » est aussi l’occasion de voir des comédiens Benoît Magimel (Les chevaliers du ciel) en tête sortir de leurs rôles habituels en offrant une composition tout en demi teinte, à la fois caricatural, presque comique particulièrement Magimel lorsqu’il interprète une jeune cadre ambitieux jusqu’à la moelle, prêt à n’importe quel coup bas pour arriver à ses fins, ou encore Eric Savin (Ne le dis à personne) en patron tyrannique et sans scrupule, mais aussi cynique surtout lorsque l’on plonge un peu plus dans l’obscurité des personnages. Un moment d’extase où les comédiennes, malgré des rôles plus légers, nous apportent une petite touche de tendresse et en même temps de justesse, pour amener tout ces machos à enfin dévoiler une faiblesse qui semblait inattendu.
Un film juste qui n’arrive pourtant pas à cacher quelques faiblesses, particulièrement dans le rythme. Certains chapitres, comme la partie de golf, par exemple ont tendance à alourdir le film par une façon de filmer trop lente et certainement même trop statique, provoquant ainsi un léger décrochage de la part du spectateur.
En conclusion, un film atypique, qui malgré quelques baisses de rythme, parvient à amener le spectateur à réfléchir sur sa propre condition, et à s’autocritiquer par-dessus le marché, ce qui en soit est une belle réussite.