L’histoire
Un
entrepôt mystérieux, une caisse mystérieuse, un crâne mystérieux, une
russe mystérieuse, une carte au trésor mystérieuse, des pouvoirs
mystérieux… Et Indiana Jones pour éclaircir tous les mystères que personne n'a pu percer depuis des siècles, et comme Indy est super pressé, ça va pas traîner.
Etant en parfaite symbiose corporate avec mon éminent collègue de la critique Cinéma, je vous propose de relire son excellente critique. J'y ajouterai un complément personnel après celle-ci.
La critique Cinéma de Sébastien Kéromen.
Depuis l’annonce d’un quatrième Indiana Jones,
je souhaitais secrètement que ça n’aboutisse pas. Bien sûr, s’il était
au niveau des autres, ça aurait pu être formidable, mais le risque de
plomber la saga existante était trop fort. Mais bon, finalement ça
s’est fait, et voici le résultat sur nos écrans. Et j’en suis bien
désolé, mais j’avais raison (du moins à mon goût) : le quatrième opus
va dépareiller grave avec la première trilogie dans votre cinéthèque.
S’il n’est pas vraiment mauvais, ce Indy souffre de plein de petits
défauts, et de l’absence de vraies qualités.
Pour commencer, c’est déjà le sujet qui ne convainc pas. Après les Aventuriers de l’arche perdue (ouais, de l’aventure, et l’Arche d’Alliance !), le Temple maudit (ouais, un temple dans la jungle avec une malédiction, et il doit sauver des enfants enlevés !), la Dernière croisade (ouais, les chevaliers et le Graal !), nous voici avec le Royaume du crâne de cristal
(euh, c’est quoi cette histoire de crâne en cristal, c’est qui ce
royaume, et puis d’abord ça sonne bizarre comme titre). Eh oui, rien
que le titre met déjà la puce à l’oreille : ça sonne comme un
assemblage non prévu de mots qui ne sont pas fait pour aller ensemble.
Et c’est d’ailleurs assez représentatif du film, qui souffre d’un effet
« patchwork » comme rarement. Pas un événement, une péripétie, une
situation qu’on n’aie déjà vue ailleurs. Alors bien sûr, si vous n’avez
jamais vu de film, ou jamais vu les autres Indy, les X-files,
un film sur les années 60, un vaudeville, et une comédie sur un vieux
couple, tout sera neuf pour vous. Mais j’imagine que c’est pas le cas
de grand monde. Et plus grave, faudrait aussi ne pas avoir vu Tarzan, Les Mystérieuses cités d’Or, la Chèvre (ou Princess Bride), ou encore American Graffiti.
Peut-être pour certains ce sont des clins d’œil ou des hommages, mais
bon on aimerait plutôt voir un nouveau film qu’un collage d’anciens…
En plus, certaines scènes semblent reprises de films qui déjà reprenaient les scènes des premiers Indy.
Peut-être qu’en fait c’est juste inspiré des premiers Indy, mais à
force d’essayer de coller à l’esprit initial, le film ignore 19 ans de
films d’aventures, et la comparaison joue en sa défaveur. C’est par
exemple très criant sur la progression dans la caverne et le temple,
qui rappelle furieusement celle du premier Benjamin Gates. Et pendant
qu’on finit d’achever le scénario, autant lui sauter dessus à pieds
joints avec des chaussures à crampons : il est aussi peu convaincant
que globalement idiot. En plus de son but pas motivant pour un sou (il
est grave moche le crâne de Cristal), son déroulement et sa résolution
sont un peu tirés par les cheveux, son rythme un peu lent (vraiment mou
au début, et pas mal de pause pour des bavardages assez plats), son
histoire globalement pas passionnante, et parfois ridicule. Quand on
pense au temps qu’il a fallu à Spielberg et Lucas pour se décider sur
ce scénario, on n’ose pas imaginer la qualité des autres. Et, quitte à
partir dans le surnaturel comme ici, on regrette amèrement que le film
n’ait pas adapté l’histoire excellente du jeu vidéo Indiana Jones and
the fate of Atlantis. Atlantis, voilà un truc qui avait de la gueule.
Mais n’oublions pas que tout en voulant faire un Indy comme au bon vieux temps, nous avons aussi affaire à un Indy 19 ans après.
Ça implique d’abord que ça se passe dans les années 60, une époque qui
fait vraiment bizarre dans un Indiana Jones (mais bon, quand ils
arrivent au Pérou, ça se voit plus). Et bien sûr ça implique un
Harrison Ford grisonnant, qui arrive à tenir la route physiquement,
même si l’insouciance du personnage et sa désinvolture semblent avoir
renoncé devant l’âge (un peu comme Harrison lui-même, si vous avez pu
comparer des interviews d’époque et de maintenant). Les personnages
secondaires sont un peu en retrait, car à part une Marion toujours
aussi forte tête, les autres n’arrivent pas à la cheville des Marcus,
Sallah, et Henry Jones senior de la trilogie (Marcus et Henry sont
d’ailleurs censés être morts dans le film ; pour Marcus, ça fait
hommage à Denholm Elliot, mais pour Henry, il doit en déduire quoi Sean
Connery ?). Le petit jeune s’en sort pas trop mal, mais son rôle
tellement déjà vu ne réserve pas de surprise. Les méchants sont
rarement mémorables dans les Indy, et c’est encore ici le cas, Cate
Blanchett et son accent russe postiche (j’ose à peine savoir à quoi ça
ressemblera en VF : je te rassure c'est ridicule à souhait sur le DVD) n’arrivent pas à faire exister un personnage
transparent et sans relief.
Bon, j’imagine que ça vous plairait que je vous cause un peu de l’action.
De la bonne vieille action. Oui, les deux qualificatifs sont
importants. Tout d’abord, il faut noter que comme la quête d’Indy nous
indiffère pas mal, l’enjeu de l’action est moindre et notre implication
aussi, nous freinant dans notre envie de haleter avec les poursuites.
La première scène est d’ailleurs emblématique, Indy essaie juste de
sortir d’un entrepôt, on sait pas ce qu’il fait là, c’est le début,
c’est pas comme si on craignait qu’il n’en sorte pas (il se sortira
d’ailleurs de pire juste après, ne disons rien, mais on commence déjà à
s’inquiéter vachement sur le ridicule du scénario). On aura tout de
même droit plus tard, dans la jungle, à une poursuite assez haletante,
surtout grâce à sa longueur et à sa persévérance. Mais dans l’ensemble,
les scènes d’action sont juste dans la norme (et on sera gentil en ne
disant pas la norme de quelle année).
Nous arrivons à la conclusion,
qui, comme vous vous y attendez si vous n’avez pas lâchement commencé
par le dernier paragraphe, n’est pas fameuse. Indy 4 est une déception,
indubitablement, mais même plus qu’une déception car n’assurant pas
vraiment le niveau qu’on est en droit d’attendre dans un film
d’aventures. Les dialogues ne sont pas percutants, l’histoire pas
motivante, les scènes d’action pas trépidantes, le tout pas très
emballant. On a un peu l’impression que la série a vraiment pris 19 ans
et qu’elle est maintenant vieille. Bien sûr, c’est toujours un peu
biaisé de comparer un film qu’on a vu il y a 19 ans (même si on l’a
revu depuis) avec un nouveau film, mais ce quatrième opus semble
vraiment plusieurs niveaux au-dessous de la trilogie originale. Un coup
pour rien, ils auraient dû s’abstenir.
Critique complémentaire de Fabrice Navarro ( Six Months Later...)
Comme indiqué ci-dessus j'abonde pleinement dans le sens de Sébastien. Cet Indiana Jones ressemble à un Indiana Jones, a le goût d'un Indiana Jones mais ce n'est pas un Indiana Jones. Pour faire un parallèle simple, cela fait le même effet que lorsque vous comparez la 1ere trilogie Star Wars à la seconde, ce n'est plus la même chose, cela n'a pas la même saveur. D'ailleurs quel est le point commun entre ces 2 trilogies : Georges Lucas ! Bingo. Il nous a pondu un scénario des plus ...euh..comment dire...bidon qu'il soit. Et dire qu'il a été soutenu par un autre scénariste car lui et Spielberg avaient besoin d'aide...
D'ailleurs quand on écoute nos 2 stars nous raconter la looooongue genèse de cet opus on se dit qu'ils abusent quand même à s' auto-féliciter de cette super histoire. Voici un morceau choisi pour évoquer la toute puissance du scénario.
Lucas veut absolument que Indy rencontre des extra-terrestres (voir bonus).
- Spielberg : "Oh non Georges, je suis pas chaud, des films avec des extra-terrestres j'en ai déjà fait 2, ca va être galère !".
Quelques mois plus tard :
- Lucas : "Hey Steven, j'ai eu une super idée, on vire les extra-terrestres et on les remplace par des êtres interdimensionnels " (ben voyons...rien que ça)
- Spielberg : "Délire, j'adore ! Waouh terrific !! Et ils vont ressembler à quoi ces êtres ??!!"
- Lucas : "Ben à des extra-terrestres !!!!"
- Spielberg : "...."
Que dire de plus ?
Heureusement Indiana Jones reste Indiana Jones et le poids des années ne semble pas du tout l'affecter, et ça, c'est la seule bonne nouvelle du film parce que pour le reste... Autre point à vous faire hérisser le poil : le côté Da Vinci Code du film. Je m'explique, grâce à des rébus (digne de Carambar) Indy découvre en moins de deux à chaque fois où il doit se rendre et qu'est ce qu'il s'est passé ou va se passer. Je vous rassure nous on suit parce qu'on est bien obligé mais on a cette désagréable impression de ne rien comprendre tout le long du film. Mais pourquoi il va là ? Et puis qu'est ce qu'il foutait dans cet entrepôt au début ? Comment peuvent ils survivre à de telles cascades (explosion nucléaire) ??!! Mais c'est du grand n'importe quoi (Tarzan dans la fôret) ! Trop c'est trop. Bweark.
Dernier point : les effets numériques aussi poussés dans un Indiana Jones dénaturent encore plus l'esprit des premiers épisodes.
Conclusion.
Le tout est toutefois divertissant parce que cela reste de la franchise Indiana Jones, que l'on aime se raccrocher à ses bons vieux héros, qu'il y a de l'aventure, des bêbêtes syndicales (fourmis rouges ici), de beaux paysages mais c'est largement en dessous du niveau d'un vrai Indiana Jones. Bref, ce Indy fait plus penser à un Benjamin Gates.