Le Dr Parnassus possède le pouvoir de projeter les gens dans leur propre imaginaire, mais ce fascinant voyage se conclut toujours par un choix, qui mener au meilleur, comme au pire.
Touché de plein fouet par la disparition d’Heath Ledger (The Dark Knight), le tournage de « L’imaginarium du Dr Parnassus », fut pour le moins chaotique et voué à l’échec. Mais cela était sans compter sur l’imagination sans limite de Terry Gillian (L’armée des 12 singes) qui n’hésita pas à modifier son scénario, pour mettre en place un stratagème qui verrait son personnage principal changé de visage suivant l’action et ainsi permettrait au réalisateur de terminer son film avec un autre acteur. Mais voilà, la solution était trop simple pour le génialissime réalisateur des Monthy Python, et ce sont trois acteurs qui prendront la place d’Heath Ledger, et non des moindres : Johnny Depp (Pirates des Caraïbes), Jude Law (Le talentueux Mr Ripley) et Colin Farrell (Alexandre). Et cela donne un film extraordinairement jouissif, à l’imaginaire débridé, qui devient d’un coup un hommage discret mais sincère au comédien défunt.
Car, outre l’émotion suscité par le drame, il ne faut pas oublier que Terry Gilian est assurément l’un des réalisateurs les plus créatif de sa génération, une sorte de Tim Burton loufoque, aux tournages chaotiques, mais à la générosité visuelle évidente. Le réalisateur, nous fait découvrir son propre imaginaire dans cette histoire universelle, ou le choix est l’accessoire inévitable de la narration de la vie. Chaque destinée dépend de ses propres décisions, et les conséquences ne sont qu’affaire de paris. Le réalisateur nous plonge à l’image de ses personnages dans un océan de couleurs, de plans incroyablement pensés, de contre-plongées lyriques, et d’une direction d’acteurs hors du commun.
Car ce sont bien, aussi, les acteurs qui assurent le spectacle. A commencer par Heath Ledger lui-même, qui plonge à corps perdu dans une composition burlesque et intense en même temps. Le comédien, à l’image de Johnny depp, ne semblait pas vouloir se limiter à une vision trop simpliste de son personnage, déjà complexe au départ. Le comédien lui donne donc une intensité surprenante en s’inspirant à l’évidence des plus grands comédiens de la Comedia dell’arte. Il était donc évident que la difficulté serait au rendez-vous pour la reprise du rôle par les trois autres . Et à l’évidence Johnny Depp est celui qui s’en sort le mieux, notamment parce qu’il est celui dont le style de composition se rapproche le plus de la vision de Terry Gillian. L’acteur rayonne littéralement durant sa courte apparition, à l’inverse de Colin Farrell qui semble le moins inspiré des trois. Mais il serait injuste de na pas mentionner les prestations impeccables et juste des autres comédiens du film : Lily Cole (Rage), Adrew Garfield (Boy A), Verne Troyer (Men in Black), Tom Waits (Le livre d’Eli) et bien évidemment Christopher Plummer (Inside Man).
Le scénario quand à lui offre de véritables surprises et ne se laisse prendre à une lecture simpliste de l’histoire. Bien au contraire, si dans ses grandes lignes, celui-ci se veut un hommage à l’imagination, il dépeint surtout de manière brillante les méandres de la vie et des choix qui la façonnent. Terry Gillian et Charles McKeown nous livrent une œuvre passionnante et inspirée dans tous les sens du terme. Où l’univers qui nous entoure est, semble-t-il, la base de nos propres fantasmes. Une trame façonnée par les rêves et les cauchemars de chacun. Quand Scorcese joue avec nos angoisses, Terry Gillian joue aec nos rêves. Et si c'était lui le Dr Parnassus ?