Les perles de la RKO

« Un mariage compliqué » de Don Hartman avec Robert Mitchum et Janet Leigh, « Nid d’Espion » de Richard Wallace avec John Garfield et Maureen O’Hara, « Pris au piège » d’Edward Dmytryk avec Dick Powell, « La femme aux révolvers » d’Allan Dwan avec Jane Russell, « Elle et lui » de Léo Mc Carrey avec Irène Dunne et Charles Boyer, et surtout « Citizen Kane » d’Orson Welles.
 
Dans les années 30, le cinéma s’appretait à vivre une révolution avec l’arrivée du parlant. Malgré l’omniprésence des grands studios : MGM, Paramount, Warner et 20th Century Fox, les studios RKO décidèrent de jouer la carte du grand spectacle, bien sur, mais aussi de l’avant -gardisme. Tout naturellement, le studio s’oriente dans les comédies musicales, un genre très prisé dans les années 30, en signant un contrat de neufs films mettant en scène Fred Astair et Ginger Rogers. Les films sont raffinés, soignés et font entrer le studio dans la cour des grands, notamment avec le chef d’œuvre « Top Hat ». Mais le studio n’a pas les moyens de s’offrir les réalisateurs vedettes, pour des contrats à long terme, alors il préfère privilegier les techniciens et soigner ses décors.

Après l’arrivée en 1938 de George J. Schaefer, ancien directeur de Paramount et Artistes Associés, à la tête de la RKO, il lui donne un souffle nouveau en signant sous contrat des artistes aussi solides que John Wayne, Robert Mitchum, Cary Grant, même Michèle Morgan et Jean Renoir, ainsi qu’Orson Welles qui apporta certainement au studio les plus grandes œuvres de la carrière de la firme.

Quelle grande idée que les éditions Montparnasse ont eu de réediter ces grands films du studio mythique de la RKO A commencer par « Citizen Kane » d’Orson Welles qui, malgré son échec commercial à sa sortie, fut le plus brillant des films du studio, et est considéré comme le meilleur film de tous les temps. Il faut dire que le réalisateur rivalise d’ingéniosité dans sa mise en scène, ose des lumières saisissantes, orchestre une œuvre ecrite avec minutie, invente une dynamique autour de son histoire, et pour l’époque réalise une intrigue à tiroirs cohérente et intelligente.

Puis il y a « Nid D’espions », dont le duo principal, formé de John Garfield et Maureen O’Hara, est certainement le plus cohérent de l’histoire du studio de l’époque. Si le film témoigne de la période sombre que vit le monde d’Hollywood avec son entrée en guerre, il n’en demeure pas moins d’une réussite remarquable et reste le plus gros succès du studio.

« Un mariage compliqué » de Don Hartman fut une comédie accouchée dans la douleur dont le seul but était de redoré l’image de Robert Mitchum, entachée par une sombre histoire de stupéfiants. Malgré l’urgence, l’aspect cahotique de la situation, le film bénéficie de très beaux dialogues, d’un jeu d’acteur simple mais efficace et d’une mise en scène soignée, une qualité qui a su faire la légende des comédies hollywoodiennes.

« La femme aux révolvers » avec la plantureuse Jane Russell, considérée comme l’une des stars les plus sexy d’Hollywood de l’époque, n’est pas à proprement parlé un film exceptionnel, mais il a le mérite de donner une touche réellement sexy aux westerns. Ce film fut la victime involontaire des ambitions d’Howard Hugues, qui avait décidé de faire de ce film le point culminant d’un vaste plan médiatique.

« Pris au piège » d’Edward Dmytryk, est un film basé sur un scénario brillant avec des dialogues remarquable. C’est aussi l’un des derniers du film du rélisateur qui fut l’une des premières victimes de « La chasse aux sorcières » qui visait à arrêtter les sympathisants communistes.
 
Pour finir « Elle et Lui » de Lélo McCArey, avec Irene Dunne et Charles Boyer est toujours considéré comme « un classique des classiques », une œuvre romantique, ou les sentiments sont rigoureusement mis en valeur par des dialogues soignés et une mise en scène pointue. La romance dépeinte dans ce qu’il y a de plus tendre et maitrisée. « Elle et lui » est certainement l’un des plus grands films du studio. 

La collection  que propose les Editions Montparnasse est d’une grande qualité, il permet en six films de traverser les plus grandes heures du cinéma Hollywoodien, de réalisateur au sommet de leur art, en stars incontestées, de personnalités sulfureuses, en satire d’une société tourmenté, la collection RKO est un véritable bonheur pour les cinéphiles.

Le travail de remasterisation des films du coffret est particulièrement soignée. Les films sont débarrassés en majeure partie des traces que le temps leur a laissé. Les contrastes sont un peu plus appuyés, et redonnent un éclat aux œuvres du studio, à commencer par « Citizen Kane » dont le travail de restauration est remarquable. La collection joue la qualité du début à la fin.

Difficile de faire mieux, que cette collection, car si les films restent en mono et en Dolby, le nettoyage des chuintements est minutieux, les œuvres retrouvent une nouvelle jeunesse. Les Editions Montparnasse, ont privilégié les VO et VOSt aux VF, ce qui est une excellent idée, car elle permet aux cinéphiles de réellement profiter de l’excellence de ces films historiquement marquant du studio.

Bon, on ne peut pas tout avoir, mais chaque film ne possède qu’une introduction de Serge Bromberg, afin que le vidéaste puisse profiter pleinement du film. On aurait aimé tout de même un peu plus d’informations. Dommage !