Walter Orsini aime la pêche, un peu. Il aime la grande cuisine et les bons vins, beaucoup. Il aime aussi Paul et Jacques, ses amis d’une vie, passionnément. Il aime surtout Clémence, sa fille de 20 ans, à la folie. Mais il n’aime pas le mensonge. Pas du tout. Walter Orsini pense qu’en amitié comme en amour, on se dit tout. Il ne le sait pas encore mais il se trompe.
Duo de théâtre, Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie ont décidé de se lancer dans l’aventure cinématographique en adaptant leur propre pièce à succès : « Amitiés Sincères ». Ce qui donne au final un film chorale qui n’a pas à rougir de ses prédécesseurs mais qui toutefois manque un peu de rythme. Car, il faut bien le dire, ce qui fonctionnait sur scène n’est pas forcément source de réussite sur grand écran. Notamment en ce qui concerne le rythme. Alors, ôtons tout de suite les doutes, le film n’est pas non plus un échec artistique, il réserve même quelques bonnes surprises, notamment autour de sa distribution, mais la mise en scène souffre parfois d’un peu trop de statisme pour que l’on puisse être totalement embarqué par l’aventure.
La faute d’ailleurs au sujet, que les auteurs maîtrisent de bout en bout, jusqu’à en oublier le principal lui donner une nouvelle énergie. En effet, les deux réalisateurs naviguent en terrain connu et ne semble pas vouloir trouver une énergie différente qui puisse donner corps au film. Comme le vin que les copains du film dégustent, « Amitiés sincères » est un film qui a une très belle couleur, de multiples parfums, mais un manque de volume en bouche terrible. On ne s’ennuie pas dans ce film, mais on voudrait un peu plus de relief dans les personnages qui paraissent parfois un peu trop caricaturaux pour donner envie de les suivre. Il y a, bien sur, Walter le chef de clan, « fort en gueule », mais touchant, Jacques l’intellectuel, Homosexuel contrarié qui s’assume sur le tard, et bien sûr Paul, le cinquantenaire séduisant qui fait chavirer les cœurs. Un trio qui fonctionne à merveille au théâtre mais qui sur toile semble un peu vide et un peu distant.
Le scénario en est d’ailleurs une autre faiblesse, puisqu’il ne va jamais assez loin dans les actions qu’il parsème. Ainsi les relations entre Walter et Marie passent trop rapidement de belles à mauvaises puis de mauvaises à belles. On se demande toujours ce qui a amené Walter à changer d’opinion. Même constat autour du secret de Jacques. On ne comprend pas toujours ce qui a pu permettre au personnage de garder son secret, ni la nature de la rupture. Tout est trop expédié pour être totalement captivant.
Et d’ailleurs, il suffit de voir la distribution pour se rendre compte, que tout est fait pour donner une œuvre rafraichissante, à commencer par Gérard Lanvin (les Lyonnais) que l’on adore voir dans ce rôle de chef de clan, gueulard, mais tendre. Seulement c’est une composition que l’on connaissait déjà dans « le fils à Jo ». L’acteur s’enferme dans une composition, certes impeccable, mais sans risque. Même constat avec Jean-Hugues Anglade (Braquo), le comédien donne le strict minimum, et ne sort pas des sentiers battus pour ne pas être trop dépourvu.
En conclusion, « Amitiés sincères » reste un film agréable à regarder, mais un manque d’énergie le font rater de peu sa cible. Une adaptation plus approfondie lui aurait permis de gagner en volume et en relief. Dommage !