Harry Gordon Selfridge lance en 1909 le premier grand magasin londonien, dans le but de rendre le shopping aussi excitant que le sexe. Véritable visionnaire et pionnier, il met un point d'honneur à offrir un lieu magique présentant toute une série d'articles de façon étonnante, inédite, amusante, voire excentrique.
Difficile de ne pas céder aux charmes de cette série aux ambiances feutrés et chaotiques d’une société Londonienne du début du 20ème siècle, et particulièrement dans un premier temps de ces petits magasins où tout était rangé dans des cases, où la vente se faisait avec beaucoup de retenu, dans une sorte de cocooning où le temps n’avait pas sa place, ni la fébrilité des grands espaces que nous connaissons actuellement. « Mr Selfridge » est venu bouleverser tout cela et l’espace est alors devenu immense de bruit, de désordre contrôlé, de clientes survoltées et d’allées bourdonnantes de petits chuchotements en grandes exaspérations.
La série d’Andrew Davis (Broadchurch) prend donc le parti de nous raconter cette histoire qui peut nous apparaitre comme incroyablement désuète, mais qui fut une telle révolution, dans une société, bien trop souvent ancrée dans ses principes. La série, sans faire dans le sensationnelle, a donc le premier mérite de nous présenter une reconstitution particulièrement soignée du Londres du début du siècle dernier, avec un soin apporté notamment aux tenues, aux décors des enseignes mais également des intérieurs. Tout y est comme dans une grande production Hollywoodienne. Rien n’est laissé au hasard, tout y est ajusté au cordeau et l’on plonge aisément dans l’univers de ce Mr Selfridge.
Le scénario y est d’ailleurs pour beaucoup, avec une véritable attention à ne pas sombrer dans la surenchère. Et même si parfois certains personnages peuvent paraitre caricatural l’ensemble est d’une grande cohérence et donne à la série tout son sens. Comme pour « Downtown Abbey », le scénario ne cherche pas particulièrement des intrigues de secondes zones comme on peut le voir dans les séries américaines avec des rebondissements toutes les 20 minutes et des jeux de cartes redistribuées en permanence, non, ici on évolue dans un monde où l’image, le décor et les finances ont souvent du mal à trouver un terrain d’entente, mais où toutes les initiatives, même les plus folles deviennent capitales pour faire vivre ce grand magasin.
La distribution n’est d’ailleurs pas étrangère à la réussite de la série, à commencer par Jeremy Piven (Entourage) qui tient toute la série par une énergie indéfectible et une composition remarquable de nuance, pour mieux interpréter toute l’insouciance et surtout toute la détermination de son personnage à faire accepter son établissement contre toutes les attaques possibles y compris celles concernant ses méthodes.
En conclusion, « Mr Selfridge » est une série britannique, sur la naissance d’un grand magasin qui soigne ses images, ses décors et ses personnages autant que ses intrigues. A suivre donc !