Plus d'un an après Ground Zeroes, qui faisait office de prologue au « véritable » cinquième volet, Hideo Kojima met un point final à la saga avec Metal Gear Solid V : the Phantom Pain. Un dernier épisode qui devait marquer le point culminant des aventures d'une saga qui aura marqué toute une génération de gamers sur consoles de salon. Voici notre verdict.L'approche de Ground Zeroes a fait débat durant de longs mois, néanmoins, au-delà de l'intrigue même, ce prologue avait l'avantage de se familiariser avec de nouvelles mécaniques de jeu, que l'on retrouve aujourd'hui au sein de ce nouvel épisode. D'ailleurs, histoire d'éviter les répétitions, nous vous invitons à consulter notre test de
Metal Gear Solid V :Ground Zeroes. Un gameplay plus dynamique et moderne qui tranche avec les précédents épisodes auxquels l'on pouvait reprocher une trop grande rigidité, malgré certaines améliorations consenties avec
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater (PS2) puis
Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots (PS3).
Un Metal Gear Solid plus accessible ? :Les fans de la première heure pourront toujours regretter que la frontière entre action et infiltration soit plus floue à certains égards, lui donnant par moments des allures de Third Person Shooter (TPS), cependant, cela confère également une plus grande accessibilité au titre, laissant ainsi aux nouveaux venus la possibilité de choisir l'approche qui leur convient le plus. Le sel de la saga MGS n'en reste pas moins l'infiltration ; employer une arme (hormis les armes non létales comme le pistolet et le fusil tranquillisants) peut effectivement être une solution à court terme, voire dans certains cas une nécessité absolue, mais elle n'est pas systématiquement une fin en soi.
The Phantom Pain peut être vu comme un jeu d'infiltration, voire d'action-infiltration, mais en aucun cas comme un jeu d'action pur jus.
D'autant plus au regard de la qualité de l'IA des ennemis, ces derniers n'hésitant pas à signaler la moindre trace de présence suspecte et demander du renfort le cas échéant. La situation se complique d'autant plus une fois votre position découverte, les ennemis n'hésitant pas à contourner votre position par tous les moyens possible. Le seul moyen de limiter la casse est d'isoler en amont les communications, en posant par exemple des charges de C4 sur les antennes relais disséminées aux quatre coins des camps. Au fur et à mesure des heures, les ennemis auront également tendance à renforcer la sécurité, une manière d'augmenter progressivement la difficulté.
Seul ombre au tableau, la présence en moins grand nombre des boss, qui était pourtant jusque-là l'un des atouts majeurs de la licence. Une nouvelle donne à mettre en corrélation avec le nouveau style narratif proche d'une série TV, malgré la présence de certaines scènes très marquantes, les (très) longues cinématiques d'autrefois laissent désormais place à un découpage plus convenu. L'avantage est d'éviter les scènes à rallonges, pour certaines dépassant les 30 minutes sur MGS 4, afin d'éviter de laisser (et lasser) certains joueurs sur la touche. Une attention louable, mais le choix fera grincer les dents d'un certain nombre de fans. Le codec disparaît également, au profit de cassettes audio que l'on pourra écouter à tout moment depuis le jeu sur son iDroïd, ou directement depuis l'application iOS/Android MGS V : TPP.
Coopération et management :Si nous avions déjà eu un aperçu de la belle zone de jeu offerte par
Ground Zeroes, on nous avait annoncé une zone de jeu 100 fois plus étendue sur ce cinquième épisode. La vérité est un peu plus compliquée que cela.
The Phantom Pain n'est pas véritablement un jeu à monde ouvert comme un GTA ou plus récemment
The Witcher III et
Mad Max, le jeu offre néanmoins de grandes zones ouvertes (Afghanistan, Afrique, etc.), avec une variété d'environnements très appréciables : déserts, montagnes rocheuses, villages, ruines, bases militaires, etc.
Ce nouveau Metal Gear Solid nous fait voir du pays, mais il ajoute même un peu de piment avec la possibilité d'être assisté par plusieurs compagnons. Outre l'hélicoptère, utilisé comme principal moyen de locomotion – il pourra également servir d'appui aérien et livrer du matériel en pleine mission –, Boss peut être accompagné durant ses missions par plusieurs allié(e)s: le cheval D-Horse et D-Walker servent de montures, ce dernier pouvant à terme être utilisé comme un engin d'assaut et un moyen d'infiltrer un avant-poste pour marquer les ennemis; D-Dog (le meilleur ami de l'homme) est quant à lui utile par sa capacité à repérer les ennemis, les prisonniers et certains items (plantes, armes, etc.), et si besoin attaquer les gardes. Quiet fait figure d'alliée de choix, elle pourra aussi bien vous épauler pour le repérage des ennemis que venir en renfort, sa capacité à éliminer rapidement les ennemis sur le point de découvrir votre position s'avère d'une utilité toute particulière. La notion d'évolutivité de ces allié(e)s est d'ailleurs très intéressante, puisque plus le lien entre Boss et ses compagnons est élevé, plus il sera possible de débloquer de nouvelles armes, tenues et décupler leurs capacités sur le terrain.
Une notion de coopération que l'on retrouve également avec le recrutement de personnel pour la Mother Base (QG). Pour grossir les rangs des Diamond Dogs, il suffit d'assommer ou endormir un ennemi, et de lancer une exfiltration par hélicoptère, ou plus original, par ballon Fulton – il est possible d'en faire de même pour les véhicules, cargaisons, animaux et certaines armes – . Selon leurs compétences, ils pourront être assignés à la Recherche et Développement pour créer de nouvelles armes, véhicules, tenues et items, mais en également aux sections Soutien, Infirmerie ou Renseignements. Le management des troupes s'organise d'ailleurs directement depuis son iDroïd, tout comme l'agrandissement de la Mother Base.
Conclusion :Metal Gear Solid V : The Phantom Pain vient refermer de manière magistrale une parenthèse ouverte il y a maintenant 27 ans. Même si les fans de la première heure pourront regretter à certains égards la direction prise par ce nouvel opus, notamment en matière de narration, mais en regardant de manière plus globale, Hideo Kojima et l'équipe de Kojima Productions ont su repenser la série et bousculer certains codes vieillissant pour la rendre plus moderne et attrayante. Le risque était grand, le résultat ne l'est pas moins. Une aventure longue, intense et un plaisir de jeu au rendez-vous, ce nouvel et dernier épisode (vraiment ?) divisera certainement, mais cela ne doit en aucune manière occulter le fait que nous tenons-là l'une des plus belles réussites de la saga.
À l'instar du prologue, sans être une démonstration technique tonitruante, visuellement MGS V est une réussite. Un character design toujours très inspiré de Shinji Shinkawa, des zones ouvertes au level design qui joue davantage sur la notion de verticalité, et une météo qui vient éviter la monotonie (cycle jour/nuit, pluie, vent, tempête de sable, etc.), ce nouvel épisode ne manque assurément pas de charme. Même chose pour la mise en scène, toujours très soignée malgré un nombre de cinématiques moins conséquentes. On regrettera simplement la présence d'un peu clipping et d'aliasing sur certaines textures, et quelques bugs de collisions. Rien d'insurmontable.
Malgré un sound-design très soigné et des doublages de qualité, notamment Kiefer Sutherland dans le rôle de Big Boss, malgré lquelques belles partitions de Harry-Gregson William, force est de constater que la bande-originale de Phantom Pain ne laisse pas un souvenir aussi impérissable que les précédents opus. L'absence de l'inoubliable thème principal utilisé depuis Metal Gear Solid 2 se révèle également un choix assez discutable...
La durée de vie de ce cinquième épisode se révèle particulièrement conséquente, surtout pour les perfectionnistes qui auront le courage de compléter le jeu à 100%. Il faudra compter une bonne trentaine d'heures de jeu pour boucler la campagne principale, et tout autant pour les missions secondaires Side Ops aux objectifs très variés (libération de prisonniers, extraction de soldats d'élite, vol d'armement, etc.).