Londres, 1946. Juliet Ashton, une jeune écrivaine en manque d’inspiration reçoit une lettre d’un mystérieux membre du Club de Littérature de Guernesey créé durant l’occupation. Curieuse d’en savoir plus, Juliet décide de se rendre sur l’île et rencontre alors les excentriques membres du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates dont Dawsey, le charmant et intriguant fermier à l’origine de la lettre. Leurs confidences, son attachement à l’île et à ses habitants ou encore son affection pour Dawsey changeront à jamais le cours de sa vie.
Passage assez méconnu de l’histoire de la seconde guerre mondiale, celle de l’Ile de Guernesey au large de iles Britanniques, qui fut également occupée par l’armée allemande et qui y voyait là l’occasion de pouvoir envahir l’Angleterre en la faisant capituler par l’une de ses îles. Réputée mystérieuse et discrète l’Ile vécut l’une de ses plus grandes blessures lorsque les enfants furent évacués sans certitudes de retrouver leurs parents à leur retour. C’est là que l’auteur du roman éponyme installa son intrigue où une jeune journaliste va enquêter sur le passé douloureux d’une partie des habitants de l’ile. Et a force d’investigation, elle va apprendre ce que veulent dire solidarité et Courage. Car si les blessures sont encore douloureuses c’est la solidarité et le courage qui ont poussé ces hommes et ces femmes à résister à leur manière et avec leurs moyens, tout en œuvrant à battre leurs propres démons.
Et c’est toute l’intelligence de ce scénario que nous faire découvrir une page de l’histoire tout en nous amenant à réfléchir sur ces jugements hâtifs auxquels nous nous livrons encore de nos jours. Ici l’histoire de cette petite ile Anglo-Normande qui habita Victor Hugo, lorsqu’il s’exila avec sa famille en 1851, se mêle à la grande réflexion qui suivit la seconde guerre mondiale sur la place que chacun occupa consciemment ou non dans ce conflit. Les habitants, que l’on pouvait aisément croire à l’abri de l’invasion nazis, n’en furent pas moins les victimes. Jamais dans l’outrance, ni dans la peinture trop simpliste, le scénario se déroule comme une sorte de thriller romantique dans lequel chacun a un rôle précis à jouer et se retrouve être une pièce d’un puzzle douloureux que les habitants ont voulu enfouir au plus profond de leur âme.
La mise en scène de Mike Newell ne cherche pas de plans compliqués pour mettre en peinture cette histoire où les sentiments sont aussi fort que les actes de bravoure. Pourtant le travail de photographie joue clairement sur les travellings discrets et sur les sur les contre champs utiles pour mettre en lumière toute cette reconstitution d’une ile discrète qui fut pourtant l’objet de toutes les convoitises allemandes pour atteindre l’Angleterre.
Et c’est la distribution qui nous embarque définitivement dans cette histoire singulière, a commencer par le couple Lily James (Baby Driver) et Michiel Huisman (The Hauting of Hill House) qui forme un duo glamour qui nous entraîne tout en nous séduisant par une énergie et une douceur qui porte toutes les nuances de cette histoire où la simplicité vient continuellement s’opposer à la complexité d’un conflit qui mène la vie dure aux civils. Le reste de la distribution vient apporter ce style si anglo-saxon où le flegme n’est jamais aussi beau que lorsqu’il explose pur laisser parler la colère intestine.
En conclusion, « Le Cercle Littéraire de Guernesey » est un film romantique et historique qui vent lever le voile d’une page de l’histoire assez méconnue. On plonge aisément par un scénario solide et une mise en scène simple mais efficace.