François - de son vrai prénom Fares - est un dealer repenti du "9.3". Il rêve de monter un business légal en lançant une franchise de Mister Freeze au Maroc. Pour cela, il compte sur la somme d'argent qu'il a planquée chez sa mère Danny, joueuse invétérée, spécialisée dans le vol de bijoux en grands magasins. Quand il découvre que cette dernière a dilapidé ses économies, il n'a d'autre choix que d'accepter le go fast en Espagne que lui propose le nouveau boss de la cité. Mais c'était sans compter sur la sortie de prison d'Henri, son ex-beau-père, la mafia anglaise qui règne sur la Costa del Sol, le retour de Nadia son ex-petite amie et de sa mère qui a décidé de « l'aider » pour ce qui l'espère être son dernier coup...!
Romain Gavras n’en n’est pas son premier coup ! membre de la bande constituée, en son temps de Ian Kounen, Kim Shapiro, Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz, le réalisateur a su adopter un ton éloigné de ses collègues et en même temps pas tant que cela. D’abord parce qu’il y a une véritable fidèle à l’esprit de bande, puisque l’on retrouve l’acteur Vincent Cassel, qui était déjà présent dans son premier long métrage de fiction. Son Co-Scénariste Karim Boucherka et Kim Shapiron (La Crème de la Crème) à la photographie. Et puis surtout, il y a une liberté de ton que l’on retrouve communément chez tous les réalisateurs de la bande, un goût pour la violence évidemment, mais aussi une véritable tendresse pour ses personnages qui sont autant de bras cassés que d’être cabossés par la vie.
La mise en scène de Romain Gavras va évidemment dans ce sens et pousse son équipe à aller au fond des choses, à changer de registre pour mieux se défaire d’un carcan trop balisé. Ainsi les codes de la narration ne sont là que pour être explosés et même si le scénario semble parfois ne pas savoir réellement où il va, nous nous rendons compte très rapidement qu’il n’en n’est rien. Le réalisateur et son coéquipier d’écriture savent très bien où ils vont et ne distillent leurs informations qu’au grès de leurs envie et du besoin que leur vision de l’histoire leur impose. Désireux de faire un film de gangster qui se libère des sacro-saints codes du genre, avec les regards de travers, les flingues qui tirent dans tous les coins, et les costumes qui font le moine, Romain Gavras a décidé de donner un angle de vision bien différent où les malfrats ne ressemblent pas forcément à des malfrats et où le décalage n’est pas forcément très loin. Pour cela le réalisateur et son scénariste Karim Boucherka se sont inspiré d’histoire qu’ils ont pu découvrir en passant du temps aux côté d’un avocat, avec lequel ils ont pu assister à des comparutions immédiates dans un tribunal et découvrir ainsi des personnages, très loin des codes et du glamour du cinéma.
D’ailleurs dans sa mise en scène, le réalisateur nous invite, à nous libérer nous-même, de ces codes et a ainsi plonger dans une forme de délinquance que nous n’avons pas l’habitude de voir à l’écran. Avec des personnages cabossés, des idiots, des vicieux, des gentils, des victimes et des bourreaux. Si son personnage principal, François, est prisonnier de sa passivité envers sa mère et sa petite amie, il ne veut pas comme bien d’autres devenir un maître du monde, il veut simplement en sortir et vivre en paix. Personnage antinomique de Tony Montana dans « Scarface », puisqu’il ne cherche pas à asseoir un pouvoir mais au contraire à s’extraire de celui de sa mère., et d’une certaine manière de celui de sa petite amie. La seule ambition de ce personnage hors norme est de vouloir trouver une issue positive à sa vie et de pouvoir vivre dans un petit pavillon, tranquillement sans cette violence qui pervertis son quotidien en permanence. Interprété avec une fausse naïveté par
Karim Leklou, que l’on a pu voir dernièrement dans la série «
Hippocrate », le personnage de François est forcément une sorte d’ovni dans l’univers des films de gangsters. De la même manière que l’ensemble des autres personnages, la mère de François : Danny, merveilleusement interprété par une
Isabelle Adjani (Subway) solaire et complètement hors des chemins balisés, fut inspirée par une mère venue défendre son fils lors de son audition au tribunal.
En conclusion, « Le Monde est à Toi » est une comédie qui vient bousculer les codes du film de gangster pour mieux en ressortir une œuvre murement réfléchie. Avec en bonus, une distribution à contre-emploi