Persuadée qu’une rupture briserait le cœur de sa petite fille, Zohra n’arrive pas à quitter son mari Omar malgré les violences qu’elle subit. C’est alors qu’elle rencontre un maître de Kung-Fu qui va lui apprendre à se défendre et à rendre désormais coup pour coup !
Voilà que ce présente, donc, un film : « Kung-Fu Zohra », qui pose forcément un cas de conscience et surtout doit m’amener à faire un numéro d’équilibriste. Car autant le dire, tout de suite, le film n’est pas bon, c’est un ratage complet. Le réalisateur est complètement passé à côté de son sujet, de ses influences et, pire que tout, de son hommage qu’il voulait rendre à sa propre mère. Mais c’est aussi un film qui aborde un sujet particulièrement d’actualité : La violence conjugale. A travers le prisme d’une comédie, le réalisateur a voulu, en pensant à sa mère créer un personnage et raconter sa force.
Et de ce point de vue-là, on pourrait dire que le pari est réussi, mais ce qui pêche c’est que le réalisateur qui a également signé le scénario ne parvient pas à trouver la bonne tonalité pour nous embarquer. Lui qui se défend d’avoir voulu réaliser un film à message s’est perdu dans une histoire qu’il n’a pas réussi à attaquer de front. Alors lorsque le film commence, on se laisse porter par la narration et la mise en scène qui montre quelques bonnes idées, comme les gros plans sur le personnage principal qui mettent en valeur la présence solaire de Zohra.
Mais voilà, très rapidement, le film glisse vers la distance insupportable qu’il ne devrait pas y avoir dans ce type de sujet et les références trop évidentes à « Karaté Kid » ou à « L’Homme qui valait 3 Milliards » ou « Super Jaimie » viennent semer le trouble et ne trouvent pas leur place dans une narration entre sujet sombre et comédie débridée. Du coup à mesure que l’on progresse dans le film, le trouble augmente et le désintérêt se fait plus pesant. Nous espérons chaque fois que le réalisateur finira par choisir son camp, mais il n’y parvient jamais. Il se laisse noyer par son sujet, et ne sait plus s’il réalise une comédie ou un film à message.
Pourtant côté distribution, Sabrina Ouazani (Le Passé) et Ramzy Bédia (Tout Simplement Noir) assurent le job en offrant des compositions, sobres et touchantes parfois pour l’actrice et particulièrement inspirées pour l’acteur. L’un et l’autre se complètent, mais ne parviennent pas à sauver la pauvreté de la mise en scène, et ne parviennent pas non plus à combler ce malaise qui ne cesse de grandir à mesure que le film avance. Dommage !